par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Les constructeurs automobiles français prévoient une poursuite en 2011 du rebond du marché européen du véhicule utilitaire léger, où ils se taillent la part du lion et grâce auquel ils pourraient atténuer le contrecoup de la fin des primes à la casse sur les ventes de voitures.

Les immatriculations d'utilitaires de moins de 3,5 tonnes ont augmenté de 8,7% sur le continent en 2010, selon les chiffres publiés mercredi par l'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea).

Si les immatriculations de voitures représentent des volumes bien supérieurs, elles ont a contrario baissé de 5,5% l'an dernier.

"L'année 2010 a repris un peu plus fort qu'on ne l'attendait et nous pensons que nous allons continuer à avoir des marchés qui se redressent", a déclaré à Reuters Jean-Christophe Kugler, directeur du véhicule utilitaire chez Renault. "La peur d'un 'double-dip' ne s'est pas confirmée", a-t-il ajouté.

La demande en utilitaires épouse la courbe de croissance de l'économie. Après s'être effondré en 2009 à cause de la crise, le marché est reparti pour les fourgons et fourgonnettes comme pour les poids lourds.

Mais hormis leur lien avec l'activité économique, ces deux grandes familles de véhicules commerciaux ont peu de points communs. A châssis monocoque, les utilitaires légers présentent une architecture bien plus proche de la voiture que du camion, de la conception à la production. Le poids lourd est équipé, lui, de deux châssis séparés pour la cabine et la remorque.

LES FRANÇAIS ONT 40% DU MARCHÉ EUROPÉEN

Cette différence de taille explique que d'un côté Renault se désengage depuis les années 1990 des véhicules industriels, cédés au suédois Volvo, mais qu'il continue en revanche de miser sur l'utilitaire léger dont il estime qu'il fait partie du coeur de métier d'un constructeur automobile.

La marque au losange a conservé l'an dernier son leadership en Europe avec 15,9% de part de marché, devant Fiat (12,8% hors Iveco). Avec ses deux marques Peugeot et Citroën, PSA s'est maintenu quant à lui à la première place des constructeurs d'utilitaires (21,9%). A eux deux, les Français captent près de 40% du marché européen, mais sont talonnés par Volkswagen et son Crafter, ou par Ford et son Transit.

"Ce marché, qui avait été particulièrement sinistré pendant la crise, a repris le chemin de la croissance en 2010", se félicitait mi-janvier Jean-Marc Gales, directeur des marques de PSA. Le constructeur estime aussi que le VUL conserve une marge de progression puisqu'avec environ 1,6 million d'immatriculations l'an dernier, il est encore loin du plus haut de 2,3 millions inscrit en 2007.

La gamme Renault s'articule autour de la fourgonnette Kangoo, fabriquée à Maubeuge (Nord) et bientôt disponible en version électrique, du fourgon Trafic, produit au Royaume-Uni et en Espagne, et du grand fourgon Master, dont la nouvelle version sort depuis moins d'un an de l'usine SoVAB de Batilly (Moselle), le dernier né des sites français du groupe.

Renault prévoit aussi d'assembler un nouvel utilitaire à Sandouville (Seine-Maritime). L'arrivée du modèle permettra de compenser, en partie ou en totalité, le faible niveau de production dont souffre actuellement cette usine dédiée jusqu'ici au haut de gamme de la marque.

Si la politique de Renault dans le VUL s'appuie sur des sites français, PSA Peugeot Citroën construit ses fourgons Boxer et Jumper en Italie dans le cadre d'une coopération très ancienne avec Fiat. Les camionnettes Partner et Berlingo - un Berlingo électrique est programmé lui aussi pour 2011 - sont assemblées de leur côté en Espagne et au Portugal.

Cet engouement des constructeurs s'explique par les marges alléchantes qu'offre l'utilitaire. La concurrence y est moins effrénée que dans les voitures de grande série et l'acheteur est prêt à payer plus cher un véhicule fiable adapté à ses besoins.

A raison d'un Nouveau Master toutes les deux minutes à la sortie des chaînes de Batilly, les fourgons se suivent mais se ressemblent rarement : souvent blancs, parfois roses, pas moins de 126 teintes sont proposées, contre une dizaine pour une auto. Le véhicule se décline aussi dans plus de 300 configurations et gabarits, du fourgon réfrigéré à la camionnette d'électricien, en passant par les véhicules de glaciers ou les camping-cars.

Edité par Dominique Rodriguez

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