(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a rehaussé sa prévision de marge opérationnelle ainsi que de génération de trésorerie pour l'exercice en cours. Son directeur financier, Thierry Piéton a par ailleurs indiqué que le moment pour lancer l'introduction en Bourse d'Ampere aurait probablement davantage lieu au premier semestre 2024 qu'à la fin de cette année.

Renault a, par le passé, parfois lancé des avertissements sur ses résultats, notamment à l'automne 2019. Ce "profit warning" avait alors été retentissant.

Ce jeudi le constructeur automobile a au contraire réservé une bonne surprise au marché en relevant ses objectifs pour l'exercice 2023, ce en raison de résultats semestriels en avance sur ses prévisions.

Renault dévoilera l'intégralité de ses comptes semestriels le 27 juillet prochain. Mais le constructeur indique déjà que sa marge opérationnelle sur les six premiers mois de l'année sera supérieure à 7% tandis que le flux de trésorerie (cash-flow) opérationnel de l'automobile s'inscrira à environ 1,5 milliard d'euros, montant qui inclut 600 millions d'euros de dividendes versés par sa captive (c'est-à-dire sa division de financement qui possède un agrément bancaire) Mobilize Financial Services.

A titre de comparaison, au premier semestre 2022, Renault avait dégagé une marge opérationnelle de 4,7% et un cash-flow opérationnel de l'automobile de 956 millions d'euros.

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Succès des lancements

Au vu de ces performances meilleures qu'anticipées, Renault revoit donc ses ambitions à la hausse, tablant sur une marge opérationnelle pour 2023 comprise entre 7% et 8%, contre un taux attendu à au moins 6% précédemment. Le flux de trésorerie opérationnel de l'automobile est désormais attendu à au moins 2,5 milliards d'euros contre au moins 2 milliards d'euros auparavant.

A la Bourse de Paris l'action s'envole, prenant 6% en fin de matinée à 38,65 euros et signant la plus forte progression du CAC 40.

"L'annonce de ce jeudi sur les relèvements des perspectives est très rassurante, car des craintes entouraient Renault face à la dégradation de l’environnement en Europe (demande, prix). Ils ont apporté une excellente réponse au marché", considère Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF.

"Cette révision s’explique principalement par la qualité du mix de ses ventes en lien avec le succès des nouveaux lancements et la poursuite de la politique commerciale axée sur la valeur", a expliqué le groupe.

Renault tire en effet cette année le plein effet de nouveaux modèles commercialisés l'an passé notamment la Megane E-TECH, vitrine technologique du groupe, censée incarner son savoir-faire dans l'électrique et les logiciels, ainsi que le Renault Austral, un SUV. Un nouveau Renault Espace a été commercialisé en juin et une nouvelle Clio arrivera au troisième trimestre.

"Le succès d'Austral est important car ce modèle a un impact positif sur le mix des ventes, d’autant plus qu’il se vend essentiellement en finitions haut de gamme", analyse plus spécifiquement Michael Foundoukidis.

"Renault est en train d'opérer une montée en gamme massive, entraînant un cycle de prix qui conduira à une amélioration significative des bénéfices", expliquait pour sa part Bernstein, dans une note publiée le 20 juin.

"Cette offensive produits, dans toutes nos marques, ne fait que commencer et permettra encore d’améliorer la performance du groupe, tout en menant une transformation unique pour devenir l’entreprise automobile de nouvelle génération", a par ailleurs prévenu Luca de Meo, le directeur général de Renault, cité dans un communiqué.

L'introduction en Bourse d'Ampere plus probablement au premier semestre 2024

Bernstein soulignait aussi dans sa note que les investisseurs redoutaient un retard voire un échec de l'introduction en Bourse d'Ampere, la future filiale électrique de Renault, ce qui posait une barrière à l'investissement dans l'action.

Ce jeudi, Thierry Piéton, le directeur financier de Renault, a indiqué aux analystes financiers que le groupe attendait "la bonne fenêtre de tir" pour mener cette opération, qui devrait "probablement" survenir au premier semestre de l'an prochain. Le groupe au losange évoquait auparavant un lancement de cette introduction en Bourse au plus tôt fin 2023.

"L'introduction en Bourse d'Ampere n'est pas gagnée d'avance, en raison de la concurrence avec les groupes chinois dans l'électrique notamment. Mais en effectuant cette introduction au premier semestre 2024 et non fin 2023, Renault offrirait probablement une plus grande visibilité au marché", estime Michael Foundoukidis.

"Le groupe réduirait le délai en termes de calendrier par rapport à l'équilibre financier visé sur Ampere (2025 sur la marge et le cash-flow, NDLR). Et l'opération pourrait alors s'appuyer sur les lancements, prévus en début d'année, de deux modèles électriques clés, à savoir la nouvelle Scenic et la Renault 5", complète l'analyste.