(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a livré ce jeudi 20 février des résultats annuels qui ont dépassé les prévisions des analystes. Mais, dans ses prévisions, la société indique s'attendre à un impact de 1 point de pourcentage lié à la régulation européenne CAFE sur les émissions de CO2, en 2025.
Renault s'est distingué en 2024. Contrairement à la quasi-totalité des constructeurs automobiles européens, le groupe au losange n'a pas abaissé ses objectifs et son action a même signé la meilleure performance du secteur, avec une progression de 27,5% l'an passé.
Le groupe a mis un point final à ce bon millésime boursier en livrant, ce jeudi 20 février, ses résultats au titre de l'exercice 2024.
Sur l'ensemble de 2024, Renault a dégagé des revenus de 56,23 milliards d'euros, en hausse de 7,4% en données publiées sur un an, et de 9% hors effets de changes. Le seul chiffre d'affaires de l'automobile a augmenté de 4,9% à 50,52 milliards d'euros et de 6,3% hors effets de changes.
La société a été portée par ses récents lancements de véhicules (Rafale, Duster, Scenic). Ces nouveaux modèles ont généré un effet "mix" (la répartition des ventes vers les produits plus chers et plus rentables) positif à hauteur de 2,7 points de pourcentage. Renault a notamment bénéficié, en fin d'année, de la commercialisation de la nouvelle R5 électrique, qui s'est vendue à environ 13.200 exemplaires en 2024. Les volumes ont eux eu un impact positif de 1,3 point de pourcentage.
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Le bénéfice net pénalisé par les ventes d'actions Nissan
La marge opérationnelle de Renault s'est établie à 4,26 milliards d'euros, un record en valeur absolue, contre 4,18 milliards d'euros en 2023. Le taux de marge a représenté 7,6% du chiffre d'affaires, contre 7,9% en 2023, en baisse donc de 0,3 point de pourcentage.
Retraité d'effets techniques liés à la déconsolidation de Horse (une coentreprise spécialisée dans les groupes motopropulseurs thermiques et hybrides) le taux de marge s'apprécie au contraire de 50 points de base sur un an (il tombe à 7,4% en 2024 et à 6,9% en 2023).
Le résultat net part du groupe s'est inscrit à 800 millions d'euros contre 2,2 milliards d'euros en 2023. Le bénéfice de Renault a été pénalisé en 2024 par des moins-values comptables liées aux ventes d'actions Nissan opérées en mars et septembre derniers. D'un total de 850 millions d'euros, ces cessions ont eu un impact négatif d'1,53 milliard d'euros sur le résultat net.
Renault a par ailleurs passé des dépréciations sur sa participation résiduelle dans son partenaire japonais, ce qui a eu un impact négatif supplémentaire de 700 millions d'euros.
Le flux de trésorerie disponible a, de son côté, atteint 2,88 milliards d'euros contre 3,02 milliards d'euros en 2023.
Selon un consensus partagé par Renault aux médias, les analystes tablaient sur des revenus de 54,45 milliards d'euros en 2024, sur une marge opérationnelle de 4,22 milliards d'euros (pour un taux de 7,7%) ainsi que sur un flux de trésorerie disponible de 2,63 milliards d'euros.
Renault a donc dépassé les attentes sur l'ensemble des principaux indicateurs.
"Les résultats ont été globalement positifs, le bénéfice d'exploitation du groupe dépassant le consensus, et le flux de trésorerie a été nettement plus fort qu'attendu", souligne Bernstein.
Un point noir, toutefois, souligné par l'intermédiaire financier: la marge opérationnelle de l'automobile est ressortie à 3 milliards d'euros, 1% sous les attentes.
Tour de vise sur la régulation en 2025
Concernant ses perspectives pour 2025, l'entreprise a indiqué viser un taux de marge opérationnelle d'au moins 7%.
Cette prévision intègre un impact négatif d'environ 1 point de pourcentage lié à la régulation CAFE dans l'Union européenne. En 2025, un tour de vis réglementaire s'est opéré sur cette régulation, avec des seuils d'émissions de CO2 drastiquement abaissés pour les constructeurs automobiles. Selon Bank of America, la cible de référence s'établit à 94 grammes de CO2 par kilomètre, contre 110 grammes en 2021. Cette nouvelle cible a été qualifiée de "douloureuse et peut-être inatteignable" par la banque américaine.
Redoutant de ne pas vendre suffisamment de véhicules électriques pour éviter des amendes dues au non-respect de ces seuils, certains constructeurs ont passé des accords de "pooling" (en gros des achats de crédit de CO2) avec Tesla.
Luca de Meo, le directeur général de Renault, a appelé la Commission européenne à faire preuve de davantage de flexibilité sur ce sujet, ce jeudi. "J'espère que les autorités écouteront notre alerte", a-t-il déclaré aux analystes. Une réponse pourrait être donnée le 5 mars prochain à l'occasion de la présentation par Bruxelles d'un plan d'action industriel pour l'automobile.
Luca de Meo a expliqué que la société utiliserait deux leviers pour tenter de rentrer dans les clous de la régulation CAFE: maximiser la pénétration de ses véhicules électriques et hybrides, et arbitrer les volumes de véhicules à moteurs thermiques. Le dirigeant a indiqué que la société ne comptait pas à l'heure actuelle avoir recours à des accords de "pooling", se montrant sceptique à l'idée de donner de l'argent à "un concurrent non européen" via ce type d'accords.
"Les perspectives pour 2025 sont à première vue modestes, mais elles incluent (donc, NDLR) un impact négatif lié à la régulation CAFE. Si les réglementations de l'Union européenne en matière d'émissions pour 2025 venait à être modérées, cela inverserait clairement cet impact en 2025", commente Bernstein.
Oddo BHF dresse le même constat, soulignant que ces perspectives pourraient être relevées dans le cas où la Commission européenne changerait de braquet sur la régulation CAFE.
"Une approche plus souple (moyenne pluriannuelle, introduction progressive, etc.) associée à des mesures supplémentaires pour soutenir la demande de véhicule électrique serait nettement positive pour Renault qui est le constructeur le plus exposé sur ce sujet", explique le courtier. Oddo BHF juge, dans ce contexte, "rassurants" objectifs 2025 et apprécie la fin d'année 2024 "robuste" de la société.
À la Bourse de Paris, la copie de Renault est accueillie sans entrain par le marché. L'action du constructeur recule de 0,4% vers 10h40.
Toujours pour 2025, Renault a par ailleurs annoncé vouloir générer un flux de trésorerie disponible d'au moins 2 milliards d'euros. Ce chiffre inclut un dividende de sa division de financement automobile, Mobilize Financial Services, attendu autour de 150 millions d'euros contre 600 millions d'euros en 2024.
Renault a annoncé qu'il proposerait un dividende de 2,20 euros par action au titre de son exercice 2024 contre 1,85 euro par action pour celui de 2023.
Luca de Meo a par ailleurs évoqué le futur "nouveau chapitre" de Renault, baptisé "Futurama" (peut-être en référence à la série animée). Le directeur général a expliqué que cette nouvelle étape passerait par davantage d'investissements pour renforcer ses atouts technologiques et ramener le groupe dans "la Ligue des champions de l'automobile".
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