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Renault : Après l'annonce du départ de Luca de Meo, Renault plonge en Bourse

lundi 16 juin 2025 à 08h48
Luca de Meo a redressé Renault

(BFM Bourse) - L'action Renault recule à la Bourse de Paris après que le groupe a annoncé que son directeur général, Luca de Meo, partirait le 15 juillet prochain. Ce qui laisse le groupe au losange orphelin d'un leader charismatique et pose un certain nombre de questions pour la suite, notamment sa succession.

Renault va devoir tourner la (belle) page Luca de Meo. Le groupe au losange a annoncé, dimanche soir, le départ de son directeur général, qui quittera donc la société le 15 juillet prochain.

À la Bourse de Paris, l'action Renault chute de 6,8% à 40,12 euros à l'ouverture. "Le départ de Luca de Meo est sans équivoque un coup dur pour Renault", résume Bernstein dans une note publiée ce lundi.

"Ce départ constitue une (mauvaise) surprise et devrait bien évidemment peser sur le cours de Bourse de Renault, d’autant plus qu’il survient seulement quelques mois après le départ" du directeur financier, Thierry Piéton, a de son côté écrit Oddo BHF dans une note rédigée avant l'ouverture du marché.

"En l'espace de cinq mois, le directeur général et le directeur financier du groupe Renault, qui étaient considérés par les investisseurs comme faisant partie des meilleurs du secteur, ont quitté l'entreprise pour saisir des opportunités en dehors du secteur automobile", observe de son côté UBS.

"Après cinq années à la tête de Renault Group, Luca de Meo a fait part de sa décision de quitter ses fonctions afin de relever de nouveaux défis en dehors du secteur automobile", a expliqué la société dans un communiqué.

"J’ai décidé qu’il était temps pour moi de passer le relais. Je quitte une entreprise transformée, tournée vers l’avenir, afin de mettre mon expérience au service d’autres secteurs et de vivre d’autres aventures", a de son côté affirmé Luca de Meo, cité dans le communiqué.

Selon Le Figaro, Luca de Meo s'apprêterait à prendre la tête de Kering. Contacté par BFM Business, le groupe de luxe n'a pas fait de commentaire.

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Une société redressée

Comme le dit Luca de Meo lui-même, Renault a été remis d'équerre sous son mandat. Arrivé officiellement en juillet 2020, le dirigeant italien avait promis aux actionnaires quelques jours plus tôt, lors de l'assemblée générale du constructeur, qu'il réaliserait l'un des plus grands redressements de l'histoire du secteur automobile.

Le dirigeant a tenu sa promesse, via l'application d'une stratégie visant à élever le cœur de la gamme du véhicule tout en rendant ses produits plus désirables, notamment sur le plan technologique. Luca de Meo a ainsi réorienté l'offre vers le segment C (celui des monospaces compacts), bien plus rentable que le B (celui des citadines) sur lequel Renault était trop concentré. Le dirigeant a aussi redirigé les ventes vers les canaux les plus rentables, comme les particuliers, plutôt que d’autres moins profitables, comme les flottes d’entreprises et les loueurs.

Cette stratégie produit s'est accompagnée d’une réduction des coûts fixes, qui avaient été lancée avant son arrivée par la directrice financière de l’époque, Clotilde Delbos, aidée par le directeur de l’ingénierie, Gilles Le Borgne.

"Le succès de son plan stratégique 'Renaulution', initié début 2021 a permis d’assainir nettement les fondamentaux financiers du constructeur, comme l’ont encore illustré les derniers résultats 2024 mais aussi les perspectives 2025, notamment grâce à un sens du produit et du marketing très développé", résume Oddo BHF.

Les résultats ont suivi. D'une marge opérationnelle négative en 2020, Renault est passé à un chiffre record de 7,9% en 2023, taux qui s'est maintenu à 7,6% en 2024. Le cours de Bourse a lui doublé depuis l'arrivée de Luca de Meo (22,6 euros contre 43 euros vendredi soir), surperformant le CAC 40(+56% sur la période) .

Un parcours boursier d'autant plus remarquable que Renault, qui se remettait alors à grande peine de l'affaire Ghosn, a enchaîné les crises durant son mandat (pandémie, crise des semi-conducteurs, inflation des matières premières, sortie de la Russie, pays qui représentait 10% des revenus de la société).

Un vide pour Renault

S'il laisse donc Renault en bonne forme, le vide causé par le départ du dirigeant italien ne sera guère évident à combler. Ne serait-ce que parce que Luca de Meo, leader charismatique, était aussi apprécié sur le plan humain.

"Son enthousiasme nous manquera. Nous lui attribuons le mérite d'avoir redonné de la 'couleur', de l'énergie et des résultats optimaux à Renault après des années de produits et de résultats financiers médiocres", écrit Jefferies ce lundi." Outre une compréhension transférable des marques, nous notons qu'il a eu un impact considérable sur le moral du personnel lorsqu'il a rejoint Renault", ajoute la banque.

Son départ n'est pas sans soulever des questions. Notamment sur sa succession. Ce qui crée autant de défis à relever pour le groupe et donc des incertitudes sur l'action.

"Nous pensons que cela pourrait créer une certaine incertitude à court terme jusqu'à ce qu'un nouveau directeur général soit annoncé", juge d'ailleurs UBS.

"Nous sommes attristés par le départ de Luca de Meo de Renault. Ce qui est particulièrement frustrant, c'est que nous pensons qu'un grand nombre d'investisseurs partageaient notre avis selon lequel l'ancien directeur financier Thierry Piéton aurait été le remplaçant évident de Luca de Meo si cette question avait été soulevée l'année dernière", écrit de son côté Bernstein.

Thiery Piéton a quitté la société au début de l'année pour devenir directeur financier de la société américaine d'équipements médicaux Medtronic.

"Piéton est très impressionnant et possède certainement encore les connaissances et les compétences nécessaires pour diriger Renault. Nous espérons qu'il figure en bonne place sur la liste des candidats potentiels du conseil d'administration de Renault pour remplacer De Meo", veut croire Bernstein.

La capacité à être indépendant en question

Jefferies de son côté estime que la solution pourrait plutôt venir du bon vieux rival Stellantis. "Les récents changements (notamment de direction, NDLR) intervenus chez Stellantis pourraient constituer un vivier de candidats", estime la banque.

"Parmi les pistes envisagées, Denis Le Vot, directeur général de Dacia entré chez Renault en 1990, nous semble un candidat naturel compte tenu à la fois de son parcours et de ses succès chez Dacia. Une autre piste pourrait être Josep Maria Recasens, responsable de la stratégie du constructeur depuis 2021 et, plus récemment, nommé directeur général d’Ampere depuis début avril", juge de son côté Oddo BHF.

"Au-delà de ces options internes, une autre possibilité pourrait, selon nous, être Maxime Picat de Stellantis, qui semblait être candidat pour le poste de directeur générale chez ce dernier avant la nomination d’Antonia Filosa, et qui jouit d’une excellente réputation", poursuit le courtier.

Jefferies souligne d'autres problèmes qui risquent de se poser chez Renault avec le départ de Luca de Meo.

"Son départ laisse Renault sans dirigeant à un moment où le groupe doit communiquer un nouveau plan stratégique et poursuivre le détricotage de l'alliance avec Nissan", explique l'intermédiaire financier.

"Son départ pourrait nuire aux efforts de lobbying déjà entrepris (conjointement avec Stellantis) pour relancer le segment des petites voitures abordables en Europe", poursuit la banque. Enfin ce départ "ajoutera aux préoccupations concernant la capacité de Renault à être indépendant" face "à l'influence croissante de Geely en tant qu'investisseur minoritaire (moteurs, Corée, Brésil) et l'ingérence renouvelée de l'État français, qui est désormais le principal actionnaire de référence (15%)".

Le groupe chinois Geely a noué plusieurs partenariats avec Renault devenant un actionnaire minoritaire dans plusieurs coentreprises, notamment Horse, la société spécialisée dans les motopropulseurs thermiques. Les deux groupes possèdent également une coentreprise en Corée et ont annoncé mi-février un accord-cadre de coopération au Brésil. Selon cet accord, Geely deviendra un actionnaire minoritaire de Renault do Brasil, filiale brésilienne du groupe au losange. BFM Business a rapporté la semaine dernière que Luca de Meo comptait accélérer le partenariat avec Geely.

Oddo BHF appelle toutefois à ne pas "négliger la forte dimension collective qu’il avait justement insufflé au sein du groupe (contrairement à chez Stellantis par exemple…) et qui devrait permettre d’envisager une transition de manière plus sereine, y compris au sein de l’Alliance".

"Il reste toutefois encore de nombreux chantiers pour son successeur qui devra mettre en oeuvre le futur plan stratégique Futurama, dont la présentation publique est programmée pour la fin d’année", poursuit le courtier.

"Rappelons que ce plan devrait davantage mettre l’accent sur la croissance via l’innovation, le développement hors d’Europe et dans de nouvelles chaînes de valeur hors de la sphère directe de l’automobile. Il n’y a, à ce stade, pas de raison de douter que ce plan, issu d’une réflexion collective au sein du constructeur et dont les grands axes ont, logiquement, dû être déjà validés par le Conseil d’administration, soit à risque", conclut le bureau d'études.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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