(BFM Bourse) - L'action Rémy Cointreau a terminé en hausse de plus de 5% vendredi, réagissant à l'annonce du rachat du cognac Courvoisier par l'italien Campari. Dans un marché en pleine difficulté, cette opération livre un message de confiance sur les fondamentaux du cognac.
L'exercice 2023 n'était clairement pas une année à sabrer le champagne pour les groupes de spiritueux. Notamment pour Rémy Cointreau, qui voit son cours de Bourse chuter de 28,2% depuis le début de l'année.
Le propriétaire du cognac Rémy Martin souffre de la faiblesse de la demande aux Etats-Unis, où la consommation se normalise et où d'importants déstockages se produisent. En outre, la société fait face à une forte intensité promotionnelle de la part de ses concurrents.
"L'action a été pénalisée cette année par deux effets. Premièrement, le consensus a fortement révisé les attentes pour les exercices clos en 2024 et 2025, d'environ 25%. Deuxièmement, depuis septembre-octobre, le marché a des doutes sur la viabilité de la croissance d'un acteur du cognac", explique un intermédiaire financier.
Or justement, une opération de croissance externe importante est venue apporter un message de confiance sur les perspectives du cognac.
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Renforcement en Chine
La semaine dernière, l'italien Davide Campari-Milano (ou plus simplement Campari), coté à Milan, a annoncé le rachat du français Courvoisier. Fondé en 1828, Courvoisier constitue l'un des membres du "big four" du cognac, avec Rémy Martin, Hennessy (LVMH) et Martell (Pernod Ricard). Ce projet de rachat extériorise une valeur d'entreprise de 1,22 milliard d'euros.
L'opération possède plusieurs vertus pour Campari, propriétaire du célèbre apéritif Aperol. En premier lieu, cette acquisition renforce la présence du groupe transalpin dans deux marchés clefs, à savoir les Etats-Unis (environ 60% des ventes de Courvoisier) et la Chine (9%), deux pays qui représentent actuellement moins de 30% des ventes de Campari, selon Stifel. De plus, l'opération devrait entraîner une relution du bénéfice par action, de 1% à 3%, selon Deutsche Bank.
Au-delà du seul point de vue de Campari, cette acquisition envoie un signal positif pour l'ensemble de l'industrie du cognac. En témoigne la réaction de l'action Rémy Cointreau qui a pris plus de 5% vendredi à la clôture et est stable ce lundi (-0,09%).
Stifel estime que Campari lance "une opération audacieuse, contre-cyclique" mais qui a du sens.
Une valorisation élevée
"Campari est un acteur respecté en matière d'acquisition depuis 15 années. Le message qu'ils envoient c'est que le cognac est une belle catégorie, avec beaucoup de potentiel. Même si la visibilité est faible et que personne ne sait quand le marché repartira, eux disent "c'est au plus bas nous sommes acheteurs", explique l'intermédiaire financier précédemment cité.
"Autre point, l'opération valorise Courvoisier environ 34 fois l'Ebitda (résultat brut d'exploitation, NDLR) contre environ 17 fois pour Rémy Cointreau, ce qui souligne la qualité des fondamentaux du cognac", ajoute-t-il.
Pour Sarah Thirion, de TP ICAP Midcap, le rachat de Courvoisier par Campari confirme "les solides perspectives du cognac à long terme, indépendamment de la transition en cours aux Etats-Unis sur le VS et VSOP ("Very Special" et "Very Superior Old Pale", deux catégories de cognac, assez jeunes, plutôt sur l'entrée de la gamme, NDLR)".
À la question donc de savoir si les difficultés actuelles du marché du cognac s'avèrent conjoncturelles ou structurelles, Campari choisit avec conviction la première option.
"Alors que le cognac a connu de nombreux vents contraires depuis la fin de la pandémie, nous nous considérons qu'il s'agit d'un phénomène cyclique et nous pensons qu'il s'agit de l'une des catégories les plus attrayantes dans le secteur mondial des spiritueux", en raison notamment d'importantes barrières à l'entrée, souligne d'ailleurs Deutsche Bank.
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