(BFM Bourse) - Le groupe de spiritueux abaisse ses prévisions pour son exercice décalé 2025-2026, citant une détérioration des conditions de marché en Chine et un rebond moins puissant que prévu de l'activité aux États-Unis.
Cet été, les groupes de spiritueux européens ont bénéficié d'un peu de visibilité sur les droits de douane que ce soit en Chine et aux États-Unis.
Plusieurs accords ont permis aux grandes entreprises du secteur de savoir à quoi s'en tenir sur les surtaxes douanières mises en place dans ces deux pays. Ce qui avait conduit Rémy Cointreau à relever son objectifs de rentabilité pour l'exercice en cours.
Pour autant, l'horizon des groupes de spiritueux n'est pas dégagé pour autant. Fin août, Pernod Ricard n'a pas livré d'objectifs chiffrés pour l'exercice 2025-2026 et a indiqué s'attendre à un repli de ses ventes au premier trimestre en raison notamment d'ajustements de stocks en Chine et aux États-Unis.
Pour Rémy Cointreau, Barclays prévenait fin juillet que les "inquiétudes structurelles persistaient". La banque notait que les "déplétions", c'est-à-dire les ventes des grossistes vers les distributeurs, un indicateur avancé de la demande, restaient "faibles".
Une performance plus dégradée que redouté
Les chiffres publiés ce jeudi par Rémy Cointreau ont de quoi donner du grain à moudre à Barclays. Le groupe a dévoilé ce jeudi 30 octobre un net repli de son activité au titre du premier semestre de son exercice décalé 2025-2026. Le chiffre d'affaires du groupe de spiritueux s'est contracté de 8,2% en données publiées sur un an, à 489,6 millions d'euros. En données comparables, les revenus sont en baisse de 4,2%.
Au deuxième trimestre, Rémy Cointreau a enregistré une performance plus dégradée qu'attendu par le marché, avec un chiffre d'affaires qui a chuté de 11% en données comparables pour atterrir à 268,8 millions d'euros. Oddo BHF tablait sur un repli de 10%, quand les analystes cités par le bureau d'études anticipaient un repli un peu moins marqué, de 8,6%.
Encore une fois, le groupe est touché par la faiblesse du marché chinois. En témoigne, le net repli de 13,5%, en données comparables, du chiffre d'affaires de la division cognac qui représente 60% de l’activité du groupe. Et, selon TP ICAP Midcap, les ventes de cognac dans la région Asie Pacifique se sont effondrées de 25% au deuxième trimestre.
Le propriétaire de la marque Rémy Martin explique que cette performance traduit un environnement de marché difficile en Chine. Ce trimestre a aussi été pénalisé par l'arrivée tardive de la fête Mid-Autumn (fête de la Lune, qui a lieu en octobre, NDLR), ce qui a provoqué un effet calendaire défavorable. En juillet, TP ICAP Midcap avait déjà averti des effets négatifs du décalage de cette fête de la Lune en Chine. La société pointe aussi une faiblesse de la demande sur le haut de gamme.
Dans la zone "Amériques", l'autre marché phare de Rémy Cointreau, les ventes de cognac ont enregistré un trimestre consécutif de croissance organique, laquelle est qualifiée de forte, aidée non seulement par des bases de comparaison favorables mais aussi par une amélioration d'un trimestre sur l'autre des ventes des grossistes aux détaillants. En revanche, sur les liqueurs, cette région enregistre une baisse des ventes après un premier trimestre dynamique.
Un abaissement des perspectives 2025-2026
Cet environnement de marché difficile en Chine, et ce redressement moins puissant que prévu de l'activité aux États-Unis, ont contraint Rémy Cointreau à revoir significativement à la baisse ses perspectives annuelles.
Pour l'exercice en cours, le groupe anticipe désormais une croissance organique de son chiffre d'affaires "low single-digit", soit comprise entre 0% et 4%, contre une hausse "mid-single-digit" de ses ventes, soit entre 4 à 6%.
Relevé en août dernier, l'objectif de résultat opérationnel courant est lui abaissé. Rémy Cointreau table sur une baisse "low double-digit et mid-teens", soit entre 11% à 15% de son résultat opérationnel courant, et non plus sur un repli de son résultat opérationnel courant "mid-single" (entre 4% et 6%). Aussi, le groupe prévoit un effet de change plus défavorable sur le résultat opérationnel courant.
"L’objectif de croissance organique est globalement aligné avec les attentes du consensus qui est à 3% et pourrait légèrement s’ajuster à la baisse. Nous anticipons 1,6% sur 2025/26. En revanche, le warning (avertissement, NDLR) sur le résultat opérationnel courant devrait entraîner un ajustement très important des attentes du consensus sur l’exercice en cours et probablement les suivants", fait remarquer Oddo BHF.
"Les signaux sur le redressement du cognac en Amériques pourraient amortir la réaction négative du marché. Nous ne serions pas surpris que le titre baisse de près de 10% dans la perspective d’un ajustement du consensus d’EBIT (résultat opérationnel, NDLR) courant que nous attendons entre -10% et -15%", conclut le bureau d'études qui reste à "neutre" sur le dossier.
À la Bourse de Paris, le marché sanctionne cet abaissement d'objectifs annuels, puisque le titre Rémy Cointreau chute de 6,5% ce jeudi 30 octobre vers 12h10.
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