(BFM Bourse) - Le groupe de spiritueux a dévoilé sans surprise des résultats dégradés pour son exercice clos fin mars 2025, dans un contexte de faible demande pour ses flacons. Rémy Cointreau a retiré ses objectifs 2029-2030, jugeant que les conditions n'étaient pas réunies pour pouvoir les atteindre.
Sans surprise, l'exercice 2024-2025 n'a pas été de tout repos pour Rémy Cointreau. La faible demande sur ses deux marchés majeurs, à savoir la Chine et les États-Unis, a plombé du l'activité groupe de spiritueux, qui a, en plus, fait face à des risques de surtaxes douanières dans ces deux pays.
Sur son exercice décalé clos fin mars 2025, le groupe qui détient les marques Rémy Martin ou The Botanist, a accusé une sérieuse baisse de ses ventes. Ainsi, les revenus de Rémy Cointreau ont reculé en données comparables de 18% sur un an, pour repasser sous la barre du milliard d'euros, à 984,6 millions d'euros.
Ce qui s'avère en ligne avec les attentes de la société. En janvier, le spécialiste des spiritueux avait averti que le recul de son chiffre d'affaires se situerait "dans le bas d'une fourchette" comprise entre 15% et 18%, donc proche de 18%.
Des comptes annuels conformes aux attentes
Rémy Cointreau avait une première fois communiqué son chiffre d'affaires annuel en avril dernier. Le groupe a donc dévoilé ce mercredi 4 juin, l'intégralité de ses performances financières pour l'année 2024-2025.
À fin mars 2025, le résultat opérationnel courant (ROC), a chuté de 30,5% en données comparables, à 217 millions d'euros. C'est légèrement mieux que le consensus cité par Oddo BHF qui tablait sur un résultat opérationnel courant de 215 millions d'euros.
La marge correspondante s'est effritée à 21,6% en données comparables contre 25,5% en 2023-2024. Ce repli est conforme aux attentes de la société qui anticipait une marge comprise entre 21% et 22% en données comparables.
"Les économies de coûts ont été plus importantes que prévu à 85 millions d'euros contre 50 millions d'euros indiqués. Mais elles n’ont que partiellement compensé l’effet de la forte baisse du chiffre d'affaires en 2024-2025", remarque Oddo BHF.
"L’atterrissage 2024-2025 est conforme à la guidance (aux perspectives) et consacre des économies au-delà des attentes à 85 millions d'euros", note pour sa part TP ICAP Midcap.
Un "rebond technique" des ventes attendu aux Etats-Unis
Concernant ses perspectives, Rémy Cointreau a dévoilé ses objectifs pour l'ensemble de l'exercice en cours 2025-2026. Le groupe vise une croissance moyenne annuelle du chiffre d'affaires ("mid single-digit") soit entre 4% et 6% en données comparables.
Le groupe de spiritueux compte notamment sur "un fort rebond technique des ventes aux États-Unis dès le premier trimestre", et un retour à la croissance organique au second semestre.
Oddo BHF remarque que le groupe a ajusté ses prévisions de croissance pour l'année en cours. Le bureau d'études rappelait que Rémy Cointreau anticipait auparavant un retour à son rythme de croissance du chiffre d'affaires en "high single-digit", soit une progression de 7% à 9%.
Pour l'exercice en cours, Rémy Cointreau vise aussi une croissance organique de son résultat opérationnel comprise entre "high single-digit" et "low double-digit", soit entre 7% à 12%. Par contre, cette prévision de rentabilité n’intègre pas une augmentation potentielle des tarifs douaniers en Chine et aux États-Unis.
À date, Rémy Cointreau estime que cette hausse potentielle des droits de douane pourrait peser au maximum jusqu'à 100 millions d'euros sur le résultat courant opérationnel en 2025-26. Le groupe juge qu'il est en "mesure de compenser jusqu'à 35%" de cette hausse en 2025-2026 "grâce à la mise en œuvre de ses plans d'actions, soit un impact maximal net de 65 millions d'euros".
Dans cette hypothèse la plus sombre, le groupe de spiritueux prévoit donc une baisse organique du résultat opérationnel comprise entre "mid-teens" et "high-teens", soit entre 15% et 20%. Ce qui ferait tomber la marge correspondante à 18% selon les calculs d'Oddo BHF.
Un retrait des objectifs 2029-2030
Ce manque de visibilité induit par ces menaces douanières dans les deux marchés clés de Rémy Cointreau l'ont contraint à tirer un trait sur ses objectifs à moyen-terme, annoncés une première fois en juin 2020.
"Compte tenu du manque de visibilité macroéconomique persistant, des incertitudes géopolitiques liées aux politiques tarifaires de la Chine et des États-Unis et de l'absence, à ce jour, d'une reprise aux États-Unis fondée sur une amélioration des tendances sous-jacentes, Rémy Cointreau estime que les conditions ne sont plus réunies pour maintenir ses objectifs 2029-2030", avance la société.
"Cette décision est également motivée par l'arrivée prochaine d'un nouveau directeur général qui définira sa propre feuille de route tout en la stratégie de la valeur du groupe des décennies", ajoute la société, qui sera dirigée par Franck Marilly à compter du 25 juin. Il succédera à Éric Vallat qui a annoncé sa démission le 9 avril dernier.
Le groupe renonce donc à son objectif d'atteindre une marge opérationnelle courante de 33% à cet horizon. "Comme supposé, la guidance 2029-2030 est retirée", avance TP ICAP Midcap.
Avec son cognac Rémy Martin, le groupe de spiritueux est en effet très exposé au risque douanier.
Rappelons que la Chine demande aux importateurs d'eaux-de-vie européens de déposer une caution auprès des douanes chinoises depuis fin 2024 en représailles d'une surtaxation de l'importation de véhicules électriques fabriqués dans l'Empire du Milieu.
Et mi-mai, le ministre français de l’Économie, Éric Lombard, a déclaré ne pas avoir trouvé un terrain d'entente avec la Chine sur les exportations de cognac.
In fine "cette publication pointe quelques éléments positifs avec entre autres des économies de coûts appuyés, le maintien du dividende et une approche plus constructive sur les objectifs de court et long terme", estime Oddo BHF. Rémy Cointreau va proposer à son assemblée générale un dividende de 1,5 euro dont 1 euro en numéraire et 0,5 euro avec option de paiement en numéraire ou en actions.
"Malgré cela, le groupe reste tributaire de l’état des marchés chinois et américains où l’environnement de consommation reste défavorable et sur lesquels des menaces de barrières douanières pèsent toujours. C’est pourquoi nous pensons que malgré la valorisation du titre attrayante à 18 fois en termes de PE (ratio cours sur bénéfices, NDLR), les perspectives d’appréciation du titre restent limitées", conclut le bureau d'études qui reste à neutre sur le dossier.
A la Bourse de Paris, Rémy Cointreau, qui avait ouvert en baisse, accélère à la hausse gagnant désormais près de 5,4% vers 11h00.
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