(BFM Bourse) - Le groupe de spiritueux trébuche à la Bourse de Paris, après avoir fait état d'une chute de ses ventes au troisième trimestre de son exercice décalé 2024-2025. Rémy Cointreau n'entrevoit pas d'amélioration de la demande, et anticipe une baisse organique dans le bas de fourchette de ses prévisions en matière de ventes annuelles.
Les derniers chiffres de Rémy Cointreau portent une nouvelle fois les traces d'un environnement de marché difficile aux États-Unis et en Chine, ses deux marchés majeurs. Sur le troisième trimestre de son exercice 2024-2025, période qui correspond aux trois derniers mois de l'année 2024, les ventes du géant des spiritueux sont restées en berne.
En données comparables, elles ont reculé de 21,6% sur un an à 251,4 millions d'euros. Mais la performance réalisée par Rémy Cointreau s'avère moins terne que redouté. Le niveau de ventes s'avère 5% supérieur aux attentes du consensus cité par Oddo BHF qui se situait à 241 millions d'euros, et qui anticipait une baisse plus prononcée, de 25,4% en données comparables.
L'Amérique du Nord encore dans le dur
Le groupe a bénéficié d'une baisse moins prononcée que prévu de ses ventes de cognac, qui représente 65% du chiffre d'affaires. Le chiffre d'affaires issue du produit phare de Rémy Cointreau s'est contracté de 22%, toujours en données comparables. Ce qui s'avère moins fort que ne le redoutaient les analystes, le consensus se situant à -34,7%, selon Oddo BHF.
D'un point de géographique, Rémy Cointreau souffre encore en Amérique du Nord et notamment aux États-Unis, en raison d'une poursuite des ajustements de stocks d'une "base de comparaison exceptionnellement élevée" avec le troisième trimestre 2023-2024.
Les ventes de la région Asie Pacifique affichent elles aussi un recul marqué en lien avec "des conditions de marché plus difficiles en Chine ", qui est l'autre marché clé du groupe. Oddo BHF rappelle que la consommation haut de gamme est toujours affectée par un contexte macroéconomique tendu en plus de la prudence accrue des distributeurs en amont du Nouvel An Lunaire en Chine.
"L'affaiblissement récent de la demande de cognac aux États-Unis, amplifié par les effets du déstockage, pèse sur les bénéfices et sur le sentiment des investisseurs", avance pour sa part Stifel.
En Bourse, Rémy Cointreau est sanctionné cédant 5,4%, ce qui pèse également sur Pernod Ricard, mais dans une moindre mesure (-1,9%)
Cette baisse est aussi amplifiée par LVMH, qui dévoilé mardi soir une baisse des revenus de 8% en données comparables pour sa division vins et spiritueux, sur la période allant d'octobre à fin décembre.
Un environnement "dégradé"
À l'issue de ce trimestre, Rémy Cointreau dit maintenir sa prévision d'une baisse de ses ventes comprise entre 15% et 18% en données comparables. Le spécialiste des spiritueux a cependant averti que le recul se situerait "dans le bas de la fourchette" donc proche de 18%. La société a donc amendé négativement ses objectifs. La direction justifie cette prudence au regard des performances commerciales sur les neuf premiers mois de son exercice décalé 2024-2025 (-17,8% en organique).
Le quatrième trimestre sera donc "déterminant" prévient Rémy Cointreau qui a annoncé un nouveau plan de réduction de coûts à hauteur de 50 millions d'euros destiné à protéger autant que possible" sa marge opérationnelle courante en organique. Elle est attendue entre 21% et 22% à l'issue de son exercice 2024-2025 clos fin mars.
Outre le tassement de la consommation de cognac aux Etats-Unis et en Chine, Rémy Cointreau doit aussi composer avec des mesures de rétorsion commerciales. En octobre dernier, Pékin a décidé d'appliquer des dépôts de caution sur les importations de cognac, un prélude à de potentielles surtaxes douanières.
Rémy Cointreau signale ainsi sa communication du jour avoir pris acte de la décision provisoire du Mofcom (le ministère chinois du Commerce) d'appliquer des droits de douane additionnels à hauteur de 38,1% sur les importations de cognac en Chine, à partir du 11 octobre 2024. Ce dépôt sera débité si la Chine décide effectivement d'appliquer des surtaxes douanières sur ces produits.
Mais le groupe français tient relativiser pour l'instant l'ampleur de ces mesures de rétorsions commerciales sur ses comptes. "Si ces droits provisoires étaient confirmés, l'impact serait marginal pour l'exercice 2024-25 et le groupe activerait son plan d'actions pour en atténuer les effets à partir de 2025-2026", avertit Rémy Cointreau.
Le groupe est aussi sous la menace de taxes aux Etats-Unis, puisque Donald Trump a évoqué dans son programme présidentiel le rétablissement des droits de douane sur les importations de vins, de cognac et de whiskies écossais. Cette taxe douanière de 25% avait été suspendue par l'administration Biden.
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