(BFM Bourse) - Les cours du pétrole ont bouclé vendredi dernier une troisième semaine consécutive de hausse sur fond de rebond de la production industrielle chinoise, signal encourageant pour la demande mondiale d'or noir. Après le Brent, c'est au tour du baril de WTI texan de franchir de nouveau à la hausse le seuil des 30 dollars.
Pour la première fois depuis le 17 mars dernier, le baril de West Texas Intermediate (dit "WTI") s'échange à plus de 30 dollars à New York lundi matin. À 9h50, celui-ci grimpe en effet de 5,15% à 31,04 dollars. La référence américaine d'or noir réduit ainsi son écart avec le Brent européen, dont le baril vaut 33,76 dollars (+3,88%) au même moment à Londres. La poursuite du rebond des cours pétroliers -depuis la séance irréelle du 21 avril dernier- s'inscrit sur fond d'espoirs de reprise de la demande mondiale (qui a connu une destruction inédite en raison des mesures de confinement) et entraîne dans son sillage les marchés, à l'image du CAC 40 qui reprend plus de 2,5% peu après 10h.
Les prix du pétrole avaient déjà "poursuivi leur hausse vendredi, amorcée la veille après la publication d'un chiffre de la production industrielle en Chine meilleur qu'attendu, signe encourageant pour la demande d'or noir" relève John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Securities.
Selon des statistiques officielles publiées vendredi, la production industrielle chinoise a enregistré un rebond en avril (+3,9%), une première depuis le début de l'année et le signe d'un retour progressif à la normale dans le premier pays à avoir été touché par l'épidémie de Covid-19. Les experts interrogés par l'agence de presse financière Bloomberg tablaient sur une hausse bien moindre (+1,5%).
Une demande qui pourrait baisser moins que prévu
"Après un "avril noir", théâtre d'une chute sans précédent de la demande de pétrole et d'un cours du WTI passé sous 0 dollar, la situation s'éclaircit pour les marchés du pétrole", a résumé Stephen Brennock, analyste chez PVM. C'est du moins le message envoyé par ces données provenant de Chine mais aussi par le dernier rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié jeudi.
L'AIE s'est en effet montrée un peu moins pessimiste que le mois précédent dans ses prévisions de baisse de la demande de pétrole pour 2020: celle-ci est désormais estimée à -8,6 millions de barils par jour, selon son rapport mensuel sur le pétrole, et non -9,3 millions comme l'institution le prévoyait en avril. Mercredi, c'est l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui estimait que le rééquilibrage du marché pétrolier allait s'accélérer au cours des prochains trimestres.
Ces éléments positifs pour le marché se sont d'ailleurs traduits mercredi dernier par le premier recul des stocks américains (-700.000 barils sur la semaine bouclée le 8 mai) depuis janvier dernier.
Débouclage des positions mardi
Analyste marché chez le courtier IG, Vincent Boy note que "les cours pétroliers profitent de la fièvre acheteuse sur les marchés, à la veille de l’échéance de juin". "En effet la baisse des restrictions (liées aux déconfinements progressifs à travers le globe, NDLR) fait espérer une progression de la consommation de brut et permet de réduire les craintes concernant le stockage et d’appuyer ainsi la poursuite de la hausse des prix" souligne-t-il.
Il juge que le récent rebond "semble écarter le risque de voir le phénomène constaté le mois dernier, lorsque le cours du baril est entré en territoire négatif". "Nous surveillerons l’évolution (des cours, NDLR) demain lors du débouclage des positions (pour livraison en juin, NDLR)" indique-t-il néanmoins, précisant qu'un "pétrole qui se maintient devrait faire ressortir que davantage d’acteurs souhaitent une livraison en physique", ce qui soutiendrait les cours de l'or noir.
À la Bourse de Paris, les valeurs du secteur profitent de cette bonne orientation des cours de l'or noir, Total en tête, le titre du "supermajor" français grimpant de 6,1% à 10h10, meilleure performance au sein de l'indice phare. Hors CAC, les sociétés parapétrolières sont également au rebond (+4,5% pour Technip, +3,5% pour Vallourec, +2,5% pour Schlumberger, CGG et Maurel et Prom)