(BFM Bourse) - Les contrats pétroliers ont chuté lundi et souffrent encore ce mardi, alors que les membres de l'Opep+ ont acté le début de la suppression de certaines coupes de production.
Le pétrole encaisse mal le choc de la dernière réunion de l'Opep+, cartel qui réunit les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, comme la Russie.
Lundi, l'or noir a totalement dévissé. Le contrat d'août sur le Brent de mer du Nord a perdu 3,99% et celui de juillet sur le WTI coté à New York a lâché 3,3%. Ce mardi le contrat londonien abandonne encore 1,5% (à 76,96 dollars vers 11h10) et le new-yorkais 1,7% (à 72,7 dollars). Les deux références de l'or noir sont ainsi passées sous la barre des 80 dollars et se rapprochent même du seuil des 70 dollars.
Cette chute des cours du pétrole entraîne les entreprises du secteur dans son sillage. Le groupe parapétrolier Vallourec abandonne 3,7% ce mardi à la Bourse de Paris, après avoir perdu 0,2% la veille. Totalenergies recule de 2% après avoir cédé 1,6% lundi.
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Fin progressive de certaines coupes de production
La dégringolade des cours du pétrole est liée aux décisions prises par les membres de l'Opep+. Depuis plusieurs trimestres, les pays producteurs, notamment l'Arabie saoudite, ont décidé de réductions de production pour soutenir les cours du pétrole et stabiliser ainsi le marché. Riyad a notamment besoin de cours élevés pour financer la diversification de son économie vers d'autres pans d'activité que le pétrole, comme le tourisme.
Dimanche, l'Opep+ a prolongé trois niveaux de réductions de la production, mais pas de la même façon. Des coupes de réductions groupées de 2 millions de barils par jour ainsi que des coupes volontaires de 1,65 million de barils par jour sont prolongées jusqu'en décembre 2025.
A contrario, le troisième lot de coupes de production additionnels de 2,2 millions de barils par jour, qui avait été mis en œuvre en novembre 2023, ne sera étendu que jusqu'en septembre prochain. Ces coupes seront ensuite progressivement supprimées, mois par mois, jusqu'à disparaitre totalement en septembre 2025. Huit pays (l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman) ont mis en place ces coupes additionnelles.
Autrement dit, le cartel va commencer à augmenter sa production en septembre prochain, et semble doucement jeter l'éponge sur ces réductions de production. Ce alors que le prix du baril demeurait à un niveau bien bas avant la réunion de dimanche.
Un surplus l'an prochain?
"Dans un premier temps, le marché pourrait prendre mal les plans proposés pour augmenter la production au quatrième trimestre de l'année 2024, car certains s'attendaient à ce que la réduction de la production soit prolongée jusqu'à la fin de l'année", explique UBS.
"Alors que l'objectif des 8 pays de l'Opep+ a toujours été de 'restituer progressivement' les 2,2 millions de barils par jour de réductions volontaires supplémentaires (y compris la réduction saoudienne de 1 million de barils par jour) 'sous réserve des conditions du marché', nous sommes surpris que ces pays annoncent maintenant un calendrier détaillé de désengagement dans un contexte de récentes surprises à la hausse des stocks (de pétrole, NDLR) par rapport à nos attentes", relève Goldman Sachs.
La banque américaine estime que l'Opep+, qui a une prévision de demande très optimiste pour cette année (une hausse de 2,2 millions de barils par jour alors que la banque est, elle, à 1,5 million), a pu acter cette décision pour "décourager" les pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep.
"La communication de ce désengagement progressif (des coupes de production, NDLR) reflète un fort désir de relever la production en raison de capacités de réserve élevées", ajoute-t-elle également. Goldman Sachs considère qu'il existe désormais un risque à la baisse sur sa prévision d'un Brent qui s'échangerait entre 75 dollars et 90 dollars le baril au cours de l'année.
Selon Warren Peterson, stratégiste matière première à Singapour chez ING cité par Bloomberg, les hausses de productions définies par l'Opep+ occasionneront "un léger surplus" sur le marché l'an prochain.
L'Opep+ a toutefois précisé que la fin progressive des 2,2 millions de baisses de productions additionnelles pourra "être mis en pause ou renversée" en fonction des conditions de marché.