(BFM Bourse) - Les cours des barils de brut ont déjà connu la semaine dernière leur plus fort repli hebdomadaire en huit mois, sous l'effet de la propagation du coronavirus chinois qui pourrait peser sur certains pans de l'économie mondiale. Et la chute s'accentue à nouveau lundi en séance sur le Nymex.
Les cours du pétrole, qui avaient déjà terminé vendredi à leur plus bas niveau depuis octobre en raison des possibles répercussions sur l'activité économique mondiale de la propagation du virus chinois, accentuent leur repli lundi matin lors des échanges européens. Peu avant midi, le prix du baril de brut américain WTI lâchait ainsi 3,36% à 52,37 et celui du baril de Brent de la mer du Nord abandonnait 33,22% à 57,95 dollars.
Les deux références mondiales de pétrole brut lâchent désormais respectivement 17,5% (Brent) et 18,7% (WTI) depuis leur plus haut récent touché le 6 janvier. Et le repli s'accélère depuis quelques jours, au gré des nouvelles peu rassurantes en provenance de Chine où le nombre de cas -et de décès- se multiplie.
Les experts de Mirabaud Securities relèvent dans leur note matinale que les cours des barils de brut ont connu la semaine dernière leur plus forte baisse hebdomadaire en huit mois, soulignant que la propagation du virus "suscite des inquiétudes pour l'économie mondiale, donc pour la demande d'or noir". "Les investisseurs craignent un ralentissement de la croissance chinoise et du secteur du tourisme à l'échelle mondiale, deux facteurs clés de la demande en pétrole", ajoute Neil Wilson, de Markets.com
Au moins 80 personnes sont mortes en Chine après avoir été infectées par le nouveau coronavirus apparu à Wuhan (centre) en décembre, selon les derniers chiffres des autorités locales, qui multiplient les mesures drastiques pour freiner la contagion tant à l'intérieur qu'en dehors du pays. Le nombre de cas suspects (près de 6.000) a doublé en l'espace de 24 heures et 56 millions de personnes sont actuellement coupées du monde par les mesures de blocage mises en place dans la province du Hubei.
Face à ces prix en chute libre, le ministre saoudien de l'Energie Abdel Aziz ben Salmane s'est voulu optimiste lundi, se disant "confiant" dans l'endiguement du virus, selon l'agence Bloomberg. Le demi-frère du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane a également annoncé que l'Arabie saoudite surveillait la situation en Chine et que le virus n'avait qu'un "impact limité sur la demande mondiale", toujours selon l'agence financière.
À noter que le plongeon des cours de l'or noir intervient alors que la production de pétrole a chuté de 75% en Libye en raison du blocage des terminaux pétroliers depuis le 18 janvier, passant de plus de 1,2 million à un peu plus de 320.000 barils par jour (b/j), a annoncé samedi la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Cette chute de la production a engendré des pertes estimées à plus de 256 millions de dollars, depuis la fermeture des plus importants champs et ports pétroliers dans l'Est et le Sud du pays par des forces loyales au maréchal Khalifa Haftar, a précisé la NOC dans un bulletin d'information. Les exportations ont en outre été suspendues dans les ports du "croissant pétrolier", poumon de l'économie libyenne: Brega, Ras Lanouf, al-Sedra, al-Hariga et Zouitina. Une telle pression sur l'offre aurait dû, en d'autres circonstances, faire bondir les cours de l'or noir...
(avec AFP)