par Noëlle Mennella
PARIS (Reuters) - Pernod Ricard, plus que jamais déterminé à se focaliser sur les spiritueux haut de gamme, envisage de céder certaines des marques dont il a héritées en achetant le suédois Vin & Spirit (V&S) et de se délester de quelques unes des siennes.
Dans une interview téléphonique accordée à Reuters, Pierre Pringuet, le directeur général, a dit avoir engagé en coopération avec les équipes de V&S "une révision de l'organisation du portefeuille" du groupe suédois.
Pernod Ricard a remporté le mois dernier les enchères pour le fabricant de la vodka Absolut, la plus vendue au monde, avec une offre valorisant sa troisième acquisition majeure à 5,6 milliards d'euros, dette incluse.
"Nous sommes intéressés par l'ensemble de l'activité V&S, donc bien sûr Absolut, mais aussi l'ensemble des marques locales dans les pays scandinaves qui sont des marchés à monopole. Nous pensons que cela va nous renforcer sur cette zone où nous n'avions pas de marques locales", a dit Pierre Pringuet.
S'agissant du portefeuille de V&S, il a précisé que Pernod pensait conserver Plymouth Gin mais qu'il pourrait céder Fris Vodka, ajoutant qu'aucune décision n'avait encore été prise.
"Les cessions sur la base du portefeuille de V&S ne seront que des cessions très marginales. Principalement, ce sera lié aux problèmes antitrust, s'il y en a", a-t-il indiqué.
Pierre Pringuet a ajouté que l'acquisition de V&S conduirait aussi Pernod Ricard a rééxaminer ses marques historiques.
CONFIRMATION DES SYNERGIES
"C'est quelque chose qui relève davantage de la rectification de portefeuille que d'une réorientation", a-t-il poursuivi. "Ce n'est pas directement en relation avec l'acquisition de V&S mais il est évident que l'apport d'Absolut va nous amener à nous renforcer et à nous focaliser de plus en plus sur les marques premium. C'est clair."
Une marque premium est celle dont le prix est supérieur à 26 dollars la bouteille.
Pierre Pringuet a confirmé le montant des synergies attendues de l'intégration de V&S - 125 à 150 millions d'euros sur base annuelle - tout en indiquant que leur calendrier de mise en oeuvre dépendrait de l'évolution des liens avec Maxxium et Fortune Brands, les distributeurs d'Absolut.
"Le scénario de base est que nous restons chez Maxxium pendant deux ans et chez Fortune Brands pendant 4 ans. Là, les synergies seront délivrées au bout de 4 ans. L'autre scénario, qui n'est pas impossible, est que nous sortons immédiatement de ces deux réseaux de distribution - c'est une possibilité qui est ouverte aux autres actionnaires - et là les synergies seront délivrées en deux ans."
Pierre Pringuet a précisé que le coût de sortie du réseau Maxxium, fixé dans un contrat, était de "quelques dizaines de millions d'euros". Pour Fortune Brands il a simplement déclaré qu'il n'y avait pas de coût contractuel défini.
Le directeur général a par ailleurs confirmé l'objectif de désendettement rapide du groupe.
"Nous avons bien l'intention de réduire l'effet de levier puisque nous partirons le jour du 'closing' (de l'acquisition de V&S) avec un ratio dette nette sur Ebitda de six. Notre intention est de faire baisser ce ratio le plus vite possible. Les cessions y contribueront mais surtout les synergies et la croissance de l'activité en seront les facteurs majeurs", a-t-il expliqué.
DES CHOIX
À la question de savoir si Pernod Ricard sera en mesure de financer de nouveaux investissements, il a répondu : "C'est l'histoire qui se répète. Après l'acquisition d'Allied Domecq à l'été 2005, j'avais répondu : notre priorité c'est de nous désendetter. Trois ans après, on fait une acquisition majeure. On verra bien ce qui se passera dans trois ans. Dans les tous prochains mois, on va donc faire une pause."
Pernod Ricard a publié mercredi un chiffre d'affaires en hausse de 3,9% sur les neuf premiers mois de son exercice 2007-2008, mais en repli de 1% sur le seul troisième trimestre.
Pierre Pringuet a souligné sur ce dernier point "le durcissement de l'environnement économique en particulier au Etats-Unis et en Europe occidentale". Mais il a insisté aussi sur les bonnes performances des pays émergents d'Asie, Europe de l'est et Russie, voire d'Amérique latine.
"Nous sommes aujourd'hui sereins puisque nous confirmons nos objectifs de résultats pour l'ensemble de l'année", a-t-il dit.
Pernod Ricard prévoit d'afficher sur la totalité de l'exercice une croissance du résultat opérationnel courant d'au minimum 12% à données comparables.
"Le groupe tire aujourd'hui pleinement parti de son implantation mondiale et, lorsqu'on voit que les économies de type occidental subissent un certain ralentissement, nous sommes capables de maintenir une croissance dynamique grâce à notre exposition sur tous les marchés émergents. C'est la pertinence des choix stratégiques du groupe qui sont confirmés", a affirmé le directeur général.
Interrogé sur l'impact des tensions politiques entre la France et la Chine à propos des Jeux olympiques de Pékin il a répondu : "Nous nous faisons tout petit et nous ne ressentons rien."
Copyright (C) 2007-2008 Reuters
Recevez toutes les infos sur PERNOD RICARD en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email