par Noëlle Mennella
PARIS (Reuters) - Pernod Ricard aborde avec "confiance" l'exercice 2008-2009, estimant que le marché des vins et spiritueux ne devrait pas pâtir de la baisse du pouvoir d'achat des ménages.
Dans une interview téléphonique accordée à Reuters, Emmanuel Babeau, le directeur financier du n°2 mondial des vins et spiritueux derrière le britannique Diageo, a jugé que la croissance des marchés émergents resterait forte en 2008-2009, tirée par la Chine et l'Inde.
Il anticipe qu'elle sera "modérée" aux Etats-Unis et en Europe, où l'Espagne, l'Italie et l'Irlande devraient, selon lui, connaître "des situations plus difficiles" du fait de l'impact sur la consommation de l'éclatement de la bulle immobilière.
Mais il fait valoir que les spiritueux n'ont pas souffert depuis le début l'été de la baisse de consommation qui pénalise les valeurs de la grande consommation en Bourse.
"Pour les spiritueux, la très forte baisse dont on a entendu parlé pour certains autres catégorie de grande consommation n'a clairement pas eu lieu", a-t-il dit.
Emmanuel Babeau pense que Pernod Ricard, qui veut se focaliser sur les marques premium, ne sera pas pénalisé par le report de consommation sur des produits d'entrée de gamme observé dans la grande distribution.
"Même dans les années difficiles, le consommateur protège ce qui constitue pour lui une valeur plaisir. Les chiffres du quatrième trimestre en France le démontrent", a-t-il fait valoir.
TRÈS BEAU MOIS DE JUIN
Pernod Ricard a annoncé jeudi pour son exercice 2007-2008 clos au 30 juin une hausse de 2,3% de ses ventes à 6.589 millions d'euros, soit moins que les 6.668,9 millions escomptés par les analystes.
Au quatrième trimestre, elles ont baissé de 3%, à 1.498 millions, en données courantes mais ont affiché une solide croissance organique de 7% en ligne avec celle du troisième trimestre (7,1%).
Le groupe a révisé en hausse son objectif de croissance de son résultat opérationnel courant 2007-2008, qu'il voit désormais en augmentation d'environ 13% au regard du minimum de 12% précédemment annoncé.
Pour 2008-2009, le groupe table sur une poursuite de l'expansion de ses marges et une forte croissance interne du résultat opérationnel courant.
Commentant le niveau des ventes de 2007-2008, Emmanuel Babeau a déclaré qu'elles étaient "conformes à ce que le groupe avait envisagé pour le deuxième semestre, avec un quatrième trimestre qui est très en ligne avec le troisième trimestre".
Il a ajouté que le quatrième trimestre "aurait été un peu supérieur", sans les conséquences du tremblement de terre en Chine", mais qu'il constituait "un nouveau bon trimestre de croissance pour Pernod Ricard".
Globalement, a observé Emmanuel Babeau, "le mois de juin a été un très beau mois avec de très belles croissances dans la catégorie whisky, la plus grosse en valeur".
LES SYNERGIES DE V&S EN HAUT DE FOURCHETTE
Pernod Ricard a également annoncé jeudi le bouclage de l'acquisition du suédois V&S, le fabricant de la vodka Absolut, l'une des plus vendue au monde, pour 5,69 milliards d'euros.
Emmanuel Babeau a annoncé que le crédit syndiqué de 11,5 milliards d'euros organisé pour son financement avait été "globalement souscrit".
"Si les taux actuels de la FED et de la BCE ne bougent pas durant l'exercice et sur la base des couvertures que nous avons mises en place, nous avons un taux moyen d'intérêt pour l'ensemble de l'exercice 2008-2009 d'environ 5,2%, contre 5% estimé lors de l'annonce de l'opération", a-t-il dit.
Le groupe compte sur le milliard d'euros de cessions d'actifs qu'il compte réaliser d'ici 12 à 18 mois pour réduire sa dette qui, à données pro forma, pèse 11,9 milliards d'euros au 30 juin 2008, en incluant les frais d'acquisition.
"En cumulant l'amélioration de l'Ebitda au cash flow que va générer l'activité et le programme de cessions, l'amélioration du ratio dette nette sur Ebitda s'effectuera de manière rapide dans les 12 a 18 mois qui viennent", a expliqué Emmanuel Babeau.
Il a souligné que la dette de Pernod Ricard était pour "un gros tiers en taux fixes, un tiers en taux capés et un tiers en taux variables".
Enfin, Emmannuel Babeau a indiqué que les synergies liées à l'opération se situeraient dans le haut de la fourchette de 125 à 150 millions d'euros annoncés.
En Bourse vers 10h45, l'action Pernod Ricard montait de 2,25% à 58,23 euros, surperformant le CAC 40 (-0,37%) et l'indice sectoriel européen (-0,43%)
Edité par Jean-Michel Bélot
Copyright (C) 2007-2008 Reuters
Recevez toutes les infos sur PERNOD RICARD en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email