(BFM Bourse) - Le chiffre d'affaires du deuxième groupe mondial de spiritueux, Pernod Ricard, a progressé de 2% au premier trimestre de son exercice décalé 2017-18, mais a été freiné par des effets de change, l'euro restant fort par rapport à d'autres devises du monde. Le chiffre d'affaires a atteint 2,3 milliards d'euros, et affiche une croissance organique de 5,7% en excluant les effets de change négatifs avec le dollar américain, le yuan chinois et la livre britannique.

"L'effet devise nous coûte 78 millions d'euros, soit 3 points" de croissance du chiffre d'affaires, a indiqué à l'AFP le directeur général adjoint chargé des finances du groupe, Gilles Bogaert. Cependant, si l'impact est négatif sur les ventes au Royaume-Uni, comme le groupe y fabrique 25% de ses spiritueux, par exemple les whiskys, une livre sterling faible lui permet de regagner de l'argent en exportant, du coup "l'impact sera favorable sur le résultat", tempère M. Bogaert.

Le groupe français confirme par ailleurs son objectif d'atteindre une croissance organique du résultat opérationnel courant comprise entre 3% et 5% sur l'exercice, indique-t-il jeudi dans un communiqué. Dans l'ensemble de la zone Amériques, la croissance des ventes atteint 6%, à 652 millions d'euros, grâce notamment à une accélération des ventes dans les aéroports ("travel retail") sur le continent. Pour les seuls Etats-Unis, le chiffre d'affaires affiche une hausse de 4%.

Même si "la croissance est moins forte qu'il y a un an", il y a "de plus en plus de relais de croissance" aux Etats-Unis où le whisky Jameson continue de faire une bonne performance tandis que les ventes du cognac Martell bondissent de 35%, assure M. Bogaert. Le chiffre d'affaires européen est en hausse de 3% à 682 millions d'euros, et le communiqué relève de "très fortes ventes en Europe de l'Est et une hausse modeste en Europe de l'Ouest, avec un fort dynamisme en Allemagne et au Royaume-Uni mais un déclin en France et un démarrage lent en Espagne".

"La France souffre d'un environnement commercial tendu, et le premier trimestre a connu une météo défavorable", selon le directeur général adjoint qui souligne également le recul structurel de consommation des boissons anisées dans l'hexagone. La zone Asie/Reste du monde voit ses ventes croître de 7%, alors qu'elles étaient restées stables au premier semestre 2016/17. Pernod Ricard souligne que la Chine a connu un "très bon premier trimestre" avec des ventes en hausse de 15% qui bénéficient à l'ensemble du portefeuille, et que les ventes dans les aéroports rebondissent en Afrique et au Moyen-Orient. Les marchés émergents accélèrent d'ailleurs leur croissance à 10%, selon le groupe.

L'amélioration de la croissance du groupe provient essentiellement de ses marques stratégiques internationales, en hausse de 8%, alors que les marques locales n'ont progressé que de 2% en raison notamment d'une croissance encore faible des whiskys Seagram sur le marché indien (3e marché du groupe, en hausse de 2%) qui souffre d'une loi bannissant la vente d'alcool aux abords des autoroutes ("highway ban"). "Le premier trimestre est encore touché par les changements réglementaires en Inde, mais les choses devraient commencer à s'améliorer au deuxième trimestre", selon M. Bogaert qui précise que le groupe va augmenter les prix de ses produits sur le sous-continent pour compenser la mise en place d'une TVA locale qui coûtera environ 15 millions d'euros à Pernod Ricard sur l'année.

La Bourse de Paris a salué cette annonce qualifiée de "bonne surprise" par les analystes de Bryan Garnier. Jeudi matin, le titre Pernod Ricard prenait 3,19% à 126,10 euros sur un marché en très légère baisse et touchait ses plus hauts niveaux en Bourse.

Source AFP