(BFM Bourse) - La banque est passée d'acheter à conserver sur l'action, jugeant que la décision des frères Klaba de céder des titres régulièrement ajoute une nouvelle inquiétude.

Exemple de réussite entrepreneuriale en France, Octave Klaba, le fondateur du spécialiste français de l'informatique dématérialisée OVHcloud, s'investit également dans d'autres activités. En juin 2023, le dirigeant a créé une autre société, baptisée Synfonium, qu'il compte transformer en poids lourd européen des services numériques.

Pour financer le développement de cette nouvelle entreprise, Octave Klaba et son frère, Miroslaw, ont décidé de puiser dans leur participation dans OVHcloud (69% environ pour l'ensemble de la famille Klaba).

Le dirigeant l'a annoncé il y a quatre semaines dans un post sur Linkedin. "Ces derniers jours avec mon frère nous avons vendu un bloc de 400.000 actions d'OVH à un 'long only' (un investisseur à l'achat et sur le long terme, NDLR)", annonçait -il, précisant que ces fonds serviront à Synfonium.

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"Les projets de Synfonium se font progressivement dans le temps. C’est pourquoi, avec Miro, nous allons continuer à proposer les actions d’OVH soit en bloc aux "long only", soit les proposer au fil de l'eau jusqu'à 10.000-15.000 actions par jour. Dans les deux cas, à condition de ne pas impacter le cours de l'action à la baisse", prévenait Octave Klaba.

Ces annonces ne siéent guère à Stifel. La banque a abaissé ce jeudi à "conserver" son opinion sur OVHcloud, contre "acheter" précédemment, tout en divisant par près de deux son objectif de cours à 6 euros.

A la Bourse de Paris, l'action OVHcloud encaisse mal le choc et perd 9,4% vers 14h30.

Une crainte de plus

Stifel calcule que, depuis l'annonce d'un avertissement sur résultats d'OVHcloud le 23 avril dernier, les frères Klaba ont cédé pour environ 4,7 millions d'euros d'actions (pour 723.000 unités) ce qui ne représente même pas 1% de leur participation totale, dont la valeur peut être estimée autour de 800 millions d'euros.

Néanmoins, la banque considère que la décision prise par les frères Klaba s'avère "problématique". "Cela signifie tout d'abord une pression vendeuse importante puisque, à titre d'illustration, ces ventes récentes représentent environ 15% du volume total échangé sur Euronext en mai, écrit Stifel.

L'intermédiaire financier explique surtout que l'annonce ajoute une nouvelle "inquiétude structurelle" sur l'évolution de l'action. Ces ventes montrent que les fondateurs ne sont pas "concentrés sur la création de valeur alors qu'ils sont les actionnaires de contrôlé", pointe-t-il.

Et, dans la mesure où ces ventes sont survenues à la suite d'une chute de l'action de 30% dans la foulée de l'avertissement sur résultats, la banque redoute que ces cessions signifient que les frères Klaba n'aient pas de visibilité sur un rebond de la croissance et des nouvelles positives dans les prochains mois.

Stifel explique également avoir analysé les données publiques des sociétés non cotées détenues par les frères Klaba. La banque juge que ces entreprises pourraient consommer, au total, 25 millions d'euros de cash par an. Ce qui pourrait entraîner de nouvelles cessions de titres dans les prochains mois par les entrepreneurs.

Ces préoccupations s'ajoutent aux inquiétudes de la banque sur la stratégie de ventes d'OVH et le contrôle de ses coûts.

Ainsi, malgré le "grand respect" que Stifel voue au succès des frères Klaba, et la valorisation attrayante d'OVHcloud, l'établissement préfère désormais rester sur la touche. "Après deux avertissements sur résultats en deux ans et le comportement des actionnaires de contrôle, nous nous interrogeons sur la qualité du contrôle financier et de la gouvernance de l'entreprise", fait-il valoir.