(BFM Bourse) - Le spécialiste du streaming a recruté 13,1 millions d'abonnés sur la période et dépassé les attentes du consensus. Le groupe démontre qu'il a probablement gagné la guerre du streaming.
Dans le secteur ultra-concurrentiel du streaming, où ses concurrents peinent à atteindre la rentabilité - Disney+ constitue le parfait exemple - Netflix tire clairement son épingle du jeu.
La société a publié mardi soir après la clôture du marché ses résultats du quatrième trimestre, avec des gains d'abonnés vertigineux. Netflix en a ainsi recruté 13,1 millions sur la période allant d'octobre à décembre, atomisant le consensus qui se situait à 8,97 millions d'abonnés, selon Reuters.
Ces gains d'abonnés marquent un record pour Netflix sur un quatrième trimestre. Bloomberg souligne par ailleurs que ce chiffre constitue un plus haut depuis le début de la pandémie (16 millions de nouveaux abonnés au premier trimestre 2020), lorsque les utilisateurs étaient enfermés chez eux et s'abonnaient au service pour se divertir et oublier le contexte sanitaire.
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"David Beckham" et "The Crown"
Le nombre d'abonnés passe au total de 247 millions à fin septembre à 260,28 millions à fin décembre. Le revenu moyen par abonné a par ailleurs progressé de 1% sur un an.
Comme sur le trimestre précédent, Netflix semble récolter les fruits de ses efforts passés, via des hausses de prix en 2023 mais aussi ses initiatives pour mettre fin aux partages des comptes non monétisés ainsi que l'introduction d'un abonnement avec publicité et à prix réduit.
Netflix met aussi en avant le succès de certains programmes de la fin d'année, citant le saga sur la famille royale britannique "The Crown" (30 millions de vues), la série "Berlin", dérivée de la "Casa del Papel" (46,6 millions de vues), "Squid Game: The Challenge", une téléréalité basée sur la série coréenne "Squid Game", le succès du documentaire sur le couple David-Victoria Beckham (44 millions de vues), les films, "The Killer", de David Fincher (70,5 millions vues, de David Fincher) et "Rebel Moon: a Child of Fire", de Zack Snyder (74,6 millions de vues) ou encore, pour donner un exemple français, la vigueur de la série "Lupin" (50 millions de vues).
Les revenus de la société ont nettement dépassé les attentes, marquant une croissance de 12,5% sur un an en données publiées et de 13% hors effets de changes à 8,833 milliards de dollars, contre un consensus à 8,72 milliards de dollars.
Le revenu opérationnel s'est établi à 1,496 milliard de dollars pour une marge correspondante de 16,9%, contre un taux de 7% sur la même période de 2022. Netflix a dépassé ses propres prévisions, puisque le groupe tablait sur un montant de 1,2 milliard de dollars et un taux de 13%.
Le bénéfice par action, à 2,11 dollars s'avère en revanche inférieur aux attentes des analystes (2,22 dollars pour le consensus ) et de celles de la société (2,15 dollars) en raison d'impact défavorable de changes sur la dette du groupe libellée en euro.
Investir face à la concurrence
Concernant ses perspectives, Netflix a indiqué tabler sur une croissance de 13,2% au premier trimestre 2024 (et de 16% hors effets de changes), avec des revenus projetés à 9,24 milliards de dollars, une marge opérationnelle de 26,2% ainsi qu'un bénéfice par action de 4,49 dollars.
Le groupe s'attend également à ce que les gains d'abonnés ralentissent par rapport au dernier trimestre de 2023, en s'avérant toutefois supérieur au chiffre du premier trimestre 2023 (1,8 million d'abonnés) tandis que le revenu moyen par abonné devrait progresser sur un an.
"Nous entrons dans l'année 2024 avec une bonne dynamique. Nous prévoyons une croissance saine à deux chiffres du chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'année 2024 hors effets de changes, grâce à la croissance continue du nombre de membres et à l'amélioration du revenu moyen par abonné à mesure que nous ajustons les prix", a expliqué Netflix.
Netflix a par ailleurs annoncé son intention de continuer à investir dans ses contenus pour faire face à une compétition accrue, ses rivaux ne s'appelant pas seulement Amazon Prime, Disney+, AppleTV mais aussi Youtube, Instagram et Tik Tok.
"C'est pourquoi il est si important de continuer à améliorer notre offre de divertissement et alors que nombre de nos concurrents réduisent leurs dépenses en matière de contenu, nous continuons à investir dans notre grille de programmes. Pour l'exercice 2024, nous prévoyons une augmentation à un chiffre de l'amortissement du contenu d'une année sur l'autre", a annoncé la société.
La société refuse toutefois la croissance externe, Netflix ayant explicitement déclaré qu'il ne souhaitait pas acquérir des "actifs linéaires" (c'est-à-dire des entreprises produisant des contenus de télévision en direct). En outre, le groupe ne pense pas que des opérations de consolidation des médias changeront son environnement dans la mesure où de nombreux rapprochements ont déjà eu lieu (notamment le rachat de Fox par Disney).
Vainqueur de la "guerre du streaming"
C'est que le gisement de croissance de Netflix s'avère encore conséquent: la société chiffre à 600 milliards de dollars le marché lié à la télévision payante, les films, jeux et revenus publicitaires associés, un marché sur lequel la société ne pèse qu'à hauteur de 5% environ. "En outre, notre part d'audience télévisuelle est encore inférieure à 10% dans tous les pays", ajoute Netflix.
A Wall Street, les chiffres et les perspectives de Netflix ravissent les investisseurs: l'action du groupe de streaming a pris 8,7% dans les échanges post-marché, mardi soir.
Le groupe vient donner raison à Bank of America qui, la semaine dernière prévenait que l'entreprise avait désormais distancé la concurrence. "Il devient de plus en plus évident que Netflix a gagné la 'guerre du streaming'", écrivait la banque américaine.
"Au cours des 18 derniers mois, l'évolution de la dynamique du marché, l'attention portée par les investisseurs à la rentabilité et les diverses grèves des talents ont conduit plusieurs entreprises de médias à réévaluer leurs aspirations en matière de streaming", expose-t-elle.
"Ces changements (par exemple, réduction des dépenses et de la production de contenus, augmentation des licences de tiers) ont été une reconnaissance tacite du fait que toutes les entreprises de médias ne seront pas en mesure d'atteindre la portée et l'échelle mondiales de Netflix dans le domaine du streaming", concluait Bank of America. La banque avait relevé son objectif de cours à 585 dollars (contre 492 dollars mardi soir) et réitéré son conseil à l'achat, actant "le couronnement du roi dans le streaming".
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