(BFM Bourse) - Pour 6,1 milliards d'euros, la société de capital-investissement canadienne Brookfield entend acquérir 100% du capital du groupe d'énergies renouvelables et le faire sortir de la cote.
Après seulement six années, l'histoire boursière de Neoen est sur le point de s'achever. Le spécialiste de la production d'énergie solaire et éolienne a annoncé que la société de capital-investissement canadienne Brookfield avait décidé de la racheter.
Brookfield va, dans un premier temps, acquérir une participation de 53,32% en reprenant la totalité des parts des plusieurs actionnaires de référence de Neoen, à savoir Impala (42,1%), holding de l'homme d'affaires Jacques Veyrat, le Fonds stratégique de participation (6,92%), le PDG Xavier Barbaro (1,22%), ainsi qu'à d'autres porteurs représentant environ 3% du capital.
Une fois cette première étape achevée, le fonds canadien lancera une offre publique d'achat (OPA) sur le solde du capital, ce qui est prévu au premier trimestre 2025. L'entreprise compte ensuite retirer Neoen de la cote, ce qui nécessitera de détenir au moins 90% du capital.
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Une prime à contextualiser
Dans les deux cas, Brookfield offre un prix par action de 39,85 euros, ce qui extériorise une prime de 26,91% par rapport au dernier cours coté de mercredi soir et de 40,3% par rapport au cours moyen pondéré par les volumes des trois derniers mois, et 43,5% sur six mois. Cette offre valorise les fonds propres de Neoen à 6,1 milliards d'euros et l'ensemble de la société (dette et trésorerie incluses) à 9,9 milliards d'euros, selon Invest Securities.
La prime consentie par Brookfield n'apparaît pas extrêmement généreuse de prime abord. Lorsqu'en avril 2022 le fonds KKR avait décidé de racheter Albioma, autre groupe français spécialisé dans les renouvelables, le groupe américain avait formulé une offre qui extériorisait une prime de 51,6% par rapport au dernier cours non influencé par les fuites de presse sur l'opération et de 46,6% par rapport au cours moyen pondéré par les volumes des trois derniers mois.
La donne boursière pour les renouvelables a toutefois changé depuis avril 2022. Dans la foulée de l'éclatement de la guerre en Ukraine et de craintes de tensions sur l'approvisionnement d'énergie, les spécialistes des énergies renouvelables avaient connu un regain d'intérêt boursier. Mais la hausse des rendements obligataires et l'envolée des matières premières (aluminium, acier) ont entraîné une importante correction dans le secteur. D'autant que, structurellement, les groupes d'énergies renouvelables connaissent des difficultés en matière de rentabilité.
L'action Neoen évoluait ainsi, à la clôture de mercredi, près de 30% plus bas que son cours atteint à l'été 2022 et surtout près de 50% plus bas que ses plus hauts de début 2021, lorsque la bulle sur les énergies renouvelables avait atteint son apogée.
Les récentes opérations dans le secteur apparaissent, elles, en ligne avec l'offre proposée par Brookfield. En juin 2023, le fonds français Antin avait lancé une offre sur l'espagnol Opdenergy, avec une prime de 42% sur le cours pondéré des volumes sur six mois. Plus récemment, en mars, KKR a annoncé une OPA sur l'allemand Encavis avec une prime de 54% sur le dernier cours de clôture mais de 33% sur le cours moyen pondéré sur trois mois.
"Si le rationnel de l’opération fait sens vu les besoins de financement à moyen terme - long terme de Neoen pour financer sa croissance et s’inscrit dans un contexte de nombreuses offres publiques d'achats sur le secteur des énergie renouvelables (Encavis et Opdenergy), il reste à savoir si la valorisation est suffisante", juge néanmoins Invest Securities.
Voltalia en profite
Le conseil d'administration de Neoen a en tout cas accueilli favorablement à l'unanimité l'offre de Brookfield.
Le fonds canadien présente le rachat de Neoen comme une "opportunité d’accélérer le développement du portefeuille d'actifs diversifiés de grande qualité de Neoen, dans un contexte d'accélération de la demande d'énergie propre".
"La croissance de l'IA et du cloud pousse à l’augmentation de la demande de sources d'énergie renouvelables, comme en témoigne le récent accord de Brookfield avec Microsoft pour la fourniture de plus de 10.500 mégawatts d'énergie renouvelable, le plus grand accord de ce type au monde", ajoute le groupe canadien.
A la Bourse de Paris, l'action Neoen est actuellement suspendue à la demande de la société et jusqu'à "nouvel avis", explique Euronext. Mais pour donner un ordre d'idée, Voltalia, autre groupe d'énergie renouvelables présent sur la cote parisienne, bondit de 13,6%.
"Dans un contexte où la bourse a du mal à apprécier la valorisation des producteurs d’énergies renouvelables depuis la hausse des taux, cette annonce (du rachat de Neoen, NDLR) devrait aussi porter les autres acteurs du secteur, en particulier son concurrent français Voltalia", a justement écrit Invest Securities dans son point publié avant l'ouverture du marché.
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