(BFM Bourse) - L'action du groupe d'énergies renouvelables bondit à la Bourse de Paris à sa reprise de cotation au lendemain de l'annonce du projet de rachat du fonds d'investissement canadien Brookfield.

Reprise de cotation en nette hausse pour Neoen. L'action du spécialiste des énergies renouvelables bondit de 20,5% à 37,84 euros, mais évolue en-dessous du prix de l'offre proposée par Brookfield.

Ce fonds d’investissement canadien a déclaré jeudi vouloir acquérir 100% du capital de Neoen, et compte offrir un prix par action de 39,85 euros, ce qui extériorise une prime de 26,91% par rapport au dernier cours coté de mercredi soir, soit 31,40 euros. Cette offre valorise les fonds propres de Neoen à 6,1 milliards d'euros et l'ensemble de la société (dette et trésorerie incluses) à 9,9 milliards d'euros, avait indiqué jeudi Invest Securities dans une note.

Dans un premier temps, ce fonds d'investissement va acquérir une participation de 53,32% en reprenant la totalité des parts de plusieurs actionnaires de référence de Neoen, puis lancer une offre publique d'achat (OPA) sur le solde du capital, ce qui est prévu au premier trimestre 2025. L'entreprise compte ensuite retirer Neoen de la cote, ce qui nécessitera de détenir au moins 90% du capital.

Le titre avait été suspendu de cotation jeudi à la demande de la société, après l'annonce des marques d’intérêt de Brookfield pour Neoen.

Une expertise supplémentaire pour Brookfield

Dans une note publiée ce vendredi, les analystes de Stifel apprécient le projet de Brookfield de racheter de Neoen. Selon eux, "Brookfield acquiert l'un des meilleurs développeurs de projets d'énergies renouvelables au monde, avec un 'pipeline' (les projets en cours, NDLR) diversifié de près de 20 GW (gigawatts) (à l'exclusion de projets en phase de démarrage)".

"Brookfield devrait en particulier acquérir une expertise dans le domaine du stockage des batteries, qui représente 20% (1,6 GW) des projets en cours d'exploitation ou de construction" abonde le bureau d'études.

Dans sa note, Stifel se place aussi du point de vue de l'actionnaire. Il recommande aux petits porteurs d'apporter à l'offre de Brookfield, dans la mesure où "les intérêts de tous les actionnaires sont désormais alignés". La proposition du fonds d'investissement canadien de racheter Neoen à 39,85 euros "représente une prime de 95% par rapport au prix de souscription de 20,45 euros, de la dernière augmentation de capital en mars 2023", tient à rappeler le bureau d'études.

Surtout que Neoen n'a pas eu un parcours boursier facile, notamment sur les deux dernières années avec la hausse des rendements obligataires, l'envolée des matières premières mais aussi en raison d'une perspective d'un appel au marché, ce qui a contribué à ajouter de l'incertitude sur le dossier. "Ce parcours difficile au cours des 16 derniers mois a résulté, entre autres, des inquiétudes des investisseurs quant à un nouveau risque de dilution, la direction ayant déclaré en mars 2023 que la nouvelle ambition de 20 GW d'ici 2030 nécessiterait une nouvelle augmentation de capital, très probablement en 2025", note Stifel.

Voltalia, prochaine cible?

L'action Neoen évoluait ainsi, à la clôture de mercredi, près de 30% plus bas que son cours atteint à l'été 2022 et surtout près de 50% plus bas que ses plus hauts de début 2021, lorsque la bulle sur les énergies renouvelables avait atteint son apogée.

Pour autant, "Neoen présente un des parcours de croissance les plus convaincants parmi les entreprises cotées du secteur des renouvelables". Avec un niveau de valorisation proche de 18 fois la valeur d'entreprise sur le résultat brut d'exploitation (EV/Ebitda) pour 2024, Stifel estime que les "chances d'une contre-offre de la part d'un "chevalier blanc" ou de Brookfield (au cas où les actionnaires minoritaires n'apporteraient pas d'offre) sont très limitées".

En tout cas l'initiative de Brookfield a le mérite d'apporter de l'animation sur le secteur des énergies renouvelables, ce qui profite également à Voltalia. Le titre de cet autre acteur des énergies renouvelables coté à la Bourse de Paris, a bondi de 18,16% la veille. Les investisseurs ont identifié ce groupe comme une cible potentielle pour un éventuel rachat dans cet univers des énergies renouvelables.

"Dans un contexte où la bourse a du mal à apprécier la valorisation des producteurs d’énergies renouvelables depuis la hausse des taux, cette annonce (du rachat de Neoen, NDLR) devrait aussi porter les autres acteurs du secteur, en particulier son concurrent français Voltalia", avait indiqué jeudi Invest Securities en réaction à l'annonce sur Neoen.