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Nasdaq Composite

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Nasdaq composite : Six raisons qui expliquent la déroute du Nasdaq et de Wall Street cette année

mardi 11 mars 2025 à 12h23
Wall Street est dans le dur

(BFM Bourse) - La Bourse de New York a connu une séance très difficile lundi et le Nasdaq Composite a connu sa pire journée depuis septembre 2022 avec une baisse de 4%. Au-delà de cette seule séance, Wall Street est dans le dur depuis le début de l'année car les Sept magnifiques et plus globalement la tech américaine ne séduisent plus autant. Et la politique erratique de Donald Trump n'aide pas.

Dans ses points de marchés matinaux, Jim Reid, célèbre stratégiste chez Deutsche Bank, aime bien raconter des anecdotes personnelles. Par exemple, ce mardi 11 mars, l'expert boursier évoque son dilemme cornélien: regarder, ce soir, le match Liverpool-PSG ou assister à la réunion des parents d'élèves de l'école de sa fille? Après discussions avec son épouse il décide d'enregistrer pour regarder plus tard...la soirée des parents d'élèves.

"Sur une note plus sérieuse, on ne voudrait certainement pas regarder un replay de la séance de lundi à Wall Street", enchaîne Jim Reid.

Et pour cause: la Bourse de New York a énormément souffert. Le S&P 500, le baromètre le plus représentatif de la place parisienne, a abandonné 2,7% tandis que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques, a chuté de 4%, accusant sa plus forte baisse depuis septembre 2022, selon CNBC.

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Au-delà de cette seule séance, Wall Street est dans le dur depuis le début de l'année. Le S&P 500 abandonne 4,5% sur l'ensemble de 2025 et le Nasdaq Composite, lui, perd 9,5%. À simple titre de comparaison, le CAC 40 prend 9,7% sur la même période.

La tendance ne semble pas partie pour s'améliorer. Les contrats à terme, des instruments dérivés qui donnent souvent une bonne tendance sur les indices sous-jacents, ne progressent que très légèrement ce mardi, avec une hausse de 0,5% pour le Nasdaq 100 et de 0,37% sur le S&P 500. Cité par Bloomberg, Morgan Stanley estime que le S&P 500 devrait tomber à 5.500 points d'ici à la fin juin, contre 5.641 points à l'heure actuelle.

Comment expliquer un tel décrochage de Wall Street, dont la progression semblait inarrêtable il y a encore quelques mois? Voici un certain nombre de raisons.

1/ L'administration Trump prépare les Américains à des temps durs

Pour Stephen Innes, de Spi AM, l'élément déclencheur de la chute de lundi est à chercher du côté de la Maison Blanche.

"Le coupable ? Les craintes croissantes que le remaniement économique opéré par Donald Trump ne fasse dérailler le moteur de la croissance américaine et ne déclenche une récession, d'où le mouvement généralisé de repli du risque", explique-t-il.

"Les marchés ont réagi aux signes indiquant que l'administration Trump pourrait être disposée à tolérer une 'perturbation' temporaire de l'économie", souligne UBS.

Interrogé ce week-end sur la possibilité d'une récession ou d'une inflation plus forte qui seraient provoquées par les surtaxes douanières, Donald Trump n'a pas répondu clairement. Le président américain a toutefois reconnu qu'une période de transition" aurait lieu, et a admis que les surtaxes douanières qu'il met en œuvre pourraient avoir un impact inflationniste. Son secrétaire au commerce, Scott Bessent, a lui évoqué des "ajustements" et une économie américaine qui pourrait avoir un peu le tournis.

"Avec à la fois les licenciements des employés fédéraux, des droits de douane et du resserrement des conditions financières, les traders se posent la question suivante : jusqu'à quel point Washington tolèrera-t-il la douleur avant de céder ?", note Stephen Innes.

2/ Le chaos sur les droits de douanes règne (et inquiète)

Wall Street avait accueilli avec enthousiasme la victoire de Donald Trump en novembre dernier, minimisant quelque peu les répercussions des droits de douane voulus par le président républicain et applaudissant les baisses d'impôt qu'il prévoyait.

Quelques mois plus tard, tout a changé et le S&P 500 est désormais revenu à son niveau antérieur à la victoire de Donald Trump (5.614,56 points lundi contre 5.782,76 points le 5 novembre).

Des baisses d'impôts de grande ampleur de la part de l'administration Trump sont compromises par les difficultés au Congrès, où le Sénat et la Chambre des représentants ne sont pas tout à fait sur la même page. La seconde chambre semble se préoccuper de l'impact sur le déficit qu'induirait une telle mesure. "La probabilité d'un assouplissement budgétaire significatif aux États-Unis diminue face à la dynamique du Congrès", observe Barclays.

Quant aux surtaxes douanières, les atermoiements de Donald Trump, qui a par deux fois repoussé l'échéance de celles frappant les importations provenant du Mexique et du Canada, déstabilisent le marché et les acteurs économiques.

"Pour l’instant, la politique tarifaire brouillonne de l’administration Trump contribue surtout à renforce l’incertitude des investisseurs et l’attentisme des entreprises et des ménages", note Christopher Dembik de Pictet AM.

"La mise en œuvre de l'agenda de Trump crée beaucoup de risques et d'inquiétudes. Il ne s'agit pas seulement de l'impact sur la confiance. Il s'agit aussi du fait que l'approche combative crée beaucoup plus d'espace pour des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux", explique Barclays.

3/ L'économie américaine se dégrade

Si l'économie américaine tient encore relativement bien la route, plusieurs indicateurs récents ont montré des signes d'essoufflement, ce qui a pesé sur les actions américaines ces dernières semaines.

John Plassard note que l'inflation a augmenté en janvier, pour revenir à 3%, que les ventes de détail, une mesure des dépenses des consommateurs, se sont contractées de 0,9% sur le même mois, ou encore que l'indice de confiance du consommateur mesuré par l'Université du Michigan est tombé à son plus bas niveau en février depuis environ un an et demi.

Une projection a fait pas mal de bruit sur le marché: celle de la Réserve fédérale d'Atlanta. Le modèle "GDPNow" de cette Fed locale, qui ne constitue pas à proprement parler une prévision car se basant uniquement sur des données connues, calculait un repli du produit intérieur brut américain de 2,8% au premier trimestre 2025.

Oddo BHF explique que ce résultat est dû à une hausse importante des importations, en anticipation des droits de douane de Donald Trump. "Que fait tout agent rationnel qui se voit menacer de payer ses importations 25% plus cher d’ici quelques semaines ? Il achète dès que possible des produits étrangers. Ce phénomène a pris une telle ampleur que le déficit des échanges de marchandises a inscrit un nouveau record à plus de 150 milliards de dollars en janvier", note le courtier.

"Les Américains ont par exemple accru leurs achats de pétrole venant du Canada et rapatrié les lingots d’or déposés dans des banques suisses (les importations de Suisse ont presque quintuplé)", poursuit le bureau d'études.

Oddo BHF ne pense pas que, comme le présagent les calculs de la Fed d'Atlanta, le PIB se repliera au premier trimestre. "On peut présumer que ce ne sera pas le cas car ce qui est importé sera soit stocké, soit consommé, compensant l’effet négatif sur le PIB, mais ces perturbations illustrent bien la fragilité de l’économie américaine", explique Oddo BHF.

"Les prévisions pour le PIB américain du premier trimestre 2025 s'annoncent plutôt pessimistes. Les données économiques surprennent par leur faiblesse", résume Axel Botte d'Ostrum AM.

4/ Les Sept Magnifiques sont dans le dur

Il est impossible d'évoquer la baisse de Wall Street sans parler du trou d'air des valeurs technologiques. En particulier des fameux "Sept magnifiques" de Wall Street, à savoir Tesla, Apple, Amazon, Nvidia, Microsoft, Meta, Alphabet.

À l'exception de Meta qui n'a d'ailleurs plus beaucoup de marge (+2%), toutes ces valeurs souffrent depuis le début de l'année. Apple cède 9,2% sur l'ensemble de 2025, Microsoft perd 9,8%, Amazon plie de 11%, Alphabet chute de 12,4%, Nvidia abandonne 20,3% et Tesla s'effondre de 45%.

Les craintes sur la conjoncture pèsent évidemment sur ces valeurs. Tout comme la remontée de taux obligataires, elle-même due aux anticipations d'inflation et de hausses du déficit américain.

Surtout, la thématique de l'intelligence artificielle, qui a porté Wall Street, ces deux dernières années, s'essouffle. Les prouesses de Deepseek, une société chinoise qui a développé des modèles d'IA aussi performants que ceux des grands groupes américains et a priori bien moins coûteux, n'y sont pas étrangères.

"Le lancement de Deepseek a remis en question la notion de domination de la technologie américaine, qui a reculé en Bourse", note Bank of America. "Je pense que les informations concernant Deepseek ont été beaucoup plus importantes que ce que l'on croyait après que l'attention initiale se soit calmée", pointe ce mardi Jim Reid.

Les investisseurs ont revu leurs exigences sur les performances des grands groupes de techs et se montrent plus sourcilleux sur les dizaines de milliards de dollars que ces mêmes sociétés prévoient dans l'intelligence artificielle.

Les résultats décevants au dernier trimestre d'Amazon, Alphabet et Microsoft dans le cloud (informatique dématérialisée), segment qui est censé profiter directement de ces investissements dans l'IA, n'ont évidemment pas rassuré.

5/ Les investisseurs préfèrent l'Europe à Wall Street

En raison des explications précédentes, une rotation des actions tech américaines et plus largement des actions américaines, s'opère depuis quelques semaines, vers les actions européennes. Les investisseurs estiment que la tech a épuisé son potentiel et cherche donc d'autres poches de valeurs, notamment sur les actions européennes, bien moins chères que les américaines.

Sur la base des bénéfices attendus en 2025, Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM, note qu'en début d'année, cette décote des actions européennes s'élevait à 40% sur la base des bénéfices attendus en 2025. Ce "rabais" est désormais tombé à 30%, mais il s'établissait à 15% avant la pandémie, ajoute l'expert.

"Les 'hedge funds', des fonds spéculatifs qui sont souvent initiateurs de tendance, n'ont jamais autant vendu d'actions américaines pour acheter des actions européennes, même pendant la correction de 2022", explique Alexandre Baradez, analyste chez IG. Ces achats ont, en plus, été facilités par le niveau très bas de l'euro face au dollar, ajoute-t-il.

6/La Fed a mis en pause ses baisses des taux

N'en déplaise à Donald Trump, qui a exigé des baisses de taux de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed), les banques centrales sont indépendantes dans les économies développées.

Or l'institution américaine a mis en pause son cycle d'abaissement des taux directeurs en janvier. L'institution américaine s'inquiète notamment de l'impact de la politique de Donald Trump en matière de surtaxes douanières et d'immigration.

L'absence pour l'heure d'une politique plus accommodante de la part de la Fed prive les actions d'un facteur de soutien.

Pour rappel, des taux directeurs plus bas de la part des banques centrales ont un double effet positif pour les actions. Tout d'abord ils diminuent le coût du crédit, permettant davantage aux ménages et aux entreprises d'emprunter et d'investir. Ce qui alimente la croissance et par ricochet porte les actions.

Ensuite, des taux plus bas "rémunèrent moins l'argent déposé", rappelle Alexandre Baradez. "L'argent circule plus et les investisseurs sont davantage incités à chercher du rendement et donc à investir dans des actions", explique-t-il

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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