(BFM Bourse) - La start-up connue pour avoir lancé ChatGPT il y a un an, et dont Microsoft possède 49%, pèserait plusieurs dizaines de milliards de dollars sur la base de ses levées de fonds. Mais des transactions envisagées pourraient porter ce montant entre 80 milliards et 90 milliards de dollars.
Il y a un an jour pour jour, le 30 novembre 2022, la jeune pousse américaine OpenAI lançait ce qui allait devenir une véritable révolution technologique: le robot conversationnel ChatGPT, porte-étendard du savoir-faire de la société en matière d'intelligence artificielle (IA) générative.
La qualité et la rapidité des réponses de ChatGPT a provoqué un réel engouement des utilisateurs. Et des marchés financiers, qui ont commencé à discerner un important potentiel de monétisation de l'IA générative. Ce qui a notamment dopé le cours de Nvidia, car l'essor de cette forme d'intelligence artificielle a propulsé la demande pour ses cartes graphiques.
"Bien qu'environ deux tiers des personnes aux États-Unis et en Europe aient entendu parler de ChatGPT et d'autres assistants IA, seul un cinquième d'entre elles ont essayé ChatGPT et l'utilisation de l'IA générative par les entreprises reste limitée et principalement expérimentale", nuance toutefois Deutsche Bank sur la base d'un questionnaire.
Microsoft a eu un certain flair en investissant massivement dans OpenAI à coups de milliards de dollars. Le groupe de Seattle posséderait ainsi 49% du capital de la jeune pousse, selon plusieurs médias américains. Ce qui lui a permis d'intégrer les technologies de ChatGPT dans plusieurs de ses produits phares et divisions, comme le moteur de recherche Bing et son unité d'informatique dématérialisé (cloud) Azure.
De 27 milliards de dollars à 90 milliards de dollars?
Mais combien vaut actuellement OpenAI et donc la participation de Microsoft? La réponse exacte n'existe pas pour la simple et bonne raison que contrairement à Microsoft, la start-up n'est pas cotée en Bourse et ne publie pas de comptes et donc de bilan permettant de déduire une valorisation. Le site The Information rapportait toutefois fin août qu'OpenAI était "en bonne voie" pour dégager 1 milliard de dollars de revenus au cours des douze prochains mois, et réalisait déjà à ce moment-là un chiffre d'affaires mensuel de 80 millions de dollars.
Pour revenir à la valorisation d'OpenAI, le Wall Street Journal indique que la société était valorisée "un peu en dessous de 30 milliards de dollars" lorsqu'elle a levé des fonds en janvier auprès de Microsoft et d'autres investisseurs. The Information relate de son côté un chiffre de 27 milliards de dollars à cette même date.
Sauf que près de onze mois se sont depuis écoulés et le potentiel de l'IA générative a, entre-temps, davantage convaincu les investisseurs.
Selon un article publié fin septembre, là encore par le Wall Street Journal, OpenAI aurait discuté avec des investisseurs de la Silicon Valley dans l'optique vendre des centaines de millions de dollars d'actions existantes. D'après le quotidien des affaires, ce tour de table aurait accordé une valorisation d'entreprise à la jeune pousse comprise entre 80 milliards et 90 milliards de dollars.
Mi-octobre, Bloomberg a fait état d'une information similaire, expliquant que la société comptait vendre des actions détenues pour l'heure par des employés à des investisseurs, ce qui impliquerait une valorisation sous-jacente de 86 milliards de dollars. Plus récemment, la semaine dernière, The Information a rapporté que le retour de Sam Altman à la direction d'OpenAI avait remis en selle cette potentielle opération valorisant la société à 86 milliards de dollars.
Microsoft toujours plus haut
Point très intéressant néanmoins: les récents tumultes de gouvernance au sein d'OpenAI, avec l'éviction puis le rappel en quelques jours de Sam Altman, ont potentiellement eu un impact théorique sur cette valorisation.
Bloomberg, dans un éditorial, l'expose très bien. La question n'est pas tant de savoir combien vaut OpenAI que de comprendre ce qui explique la valeur d'une entreprise. On peut penser que ce sont les technologies et donc les potentielles sources de revenus du groupe qui justifient cette valeur. Mais ces technologies ne valent rien sans les ingénieurs et les dirigeants qui les ont créées.
Lors de la crise de gouvernance qu'a connue OpenAI, la très grande majorité des employés du groupe avaient menacé de quitter la société si Sam Altman n'était pas réintégré à son poste de directeur général. S'ils avaient mis leur menace à exécution, Microsoft les aurait probablement embauchés.
En clair, le groupe de Seattle aurait alors "racheté" OpenAI à moindre frais. A ce moment précis, la valorisation de la start-up pouvait clairement s'effondrer. "À un moment donné la valorisation d'OpenAI était apparemment de zéro dollar: plusieurs investisseurs d'OpenAI déclaraient bruyamment qu'ils allaient ramener leurs actions à zéro, et il semblait que Microsoft était sur le point d'acquérir la majeure partie du personnel d'OpenAI sans rien payer à l'entreprise (ou à ses autres investisseurs) en échange", explique Bloomberg.
Cela n'est donc pas arrivé puisque Sam Altman est revenu et que le conseil d'administration d'OpenAI a été renouvelé et aligné davantage avec la stratégie du dirigeant. Cette refonte de la gouvernance, avec un conseil d'administration davantage "pro-business", peut d'ailleurs justifier que la valorisation du groupe puisse dépasser 86 milliards de dollars. C'est une des multiples interprétations possibles de l'issue de cette saga mais pas l'unique.
Il semble en tout cas que Microsoft puisse à terme bénéficier d'une importante plus-value théorique sur ses parts dans OpenAI. Sa participation de 49% valait autour de 14 milliards de dollars en janvier, lorsque le groupe a fortement accru ses investissements dans la start-up, sur la base des indications données par les médias américains. Une valorisation comprise entre 80 milliards et 90 milliards de dollars porterait ce chiffre entre 39 milliards et 44 milliards de dollars.
Ce qui reste toutefois relativement modeste (moins de 2%) à l'échelle de la capitalisation boursière de Microsoft. Le groupe pèse actuellement plus de 2800 milliards de dollars et ne cesse de repousser ses plus hauts historiques en Bourse grâce au dynamisme de ses activités cloud. L'objectif de cours de Bank of America (415 dollars) accorde un potentiel tel que le groupe de Seattle dépasserait les 3000 milliards de dollars de capitalisation… Ce qui pourrait alors, toute chose égale par ailleurs, menacer le statut de première capitalisation mondiale d'Apple (2950 milliards).
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