(BFM Bourse) - En recul sur chacun des six derniers mois, le cours de Medesis reprend de l'altitude mercredi tandis que la biotech montpelliéraine a obtenu l'accord de l'ANSM pour tester son traitement expérimental NanoLithium en collaboration avec six CHU français. La société met en avant le coût modique d'un tel traitement, ne nécessitant que des doses infimes de lithium grâce à sa technologie d'encapsulation du principe actif dans des nano-gouttelettes.
Principale cause des démences du sujet âgé (au-delà de 80 ans plus d'une personne sur cinq est touchée), la maladie d'Alzheimer représente un fardeau socio-économique colossal. Les coûts médicaux et paramédicaux du secteur sanitaire (5,3 milliards d’euros par an rien que pour la France, selon une étude déjà ancienne de 2015 de la Fondation Médéric Alzheimer) ne représentant que la partie émergée de l'iceberg. Le coût de l'aide informelle des proches (soins d’hygiène corporelle, aide à l’habillage, à la marche, à la gestion, etc.) atteindrait 14 milliards d'euros, selon cette même étude, les frais médicaux sociaux (accueil de jour, hébergement en Ehpad...) représentant plusieurs milliards supplémentaires. Et la facture grimpe rapidement, de façon mécanique étant donné la pyramide des âges. En France, 1,2 million de personnes seraient déjà touchées.
Alors qu'intervenait ce mardi une journée de sensibilisation, la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, la biotech Medesis Pharma a annoncé avoir reçu l'autorisation de l’Agence française du médicament (ANSM) pour la conduite d’un essai clinique de phase 2 (étape intermédiaire des essais cliniques) de son programme NanoLithium, un projet ciblant spécifiquement à atténuer les psychoses associées à la maladie. Celle-ci entraîne en effet différents symptômes comportementaux et psychologiques (pertes de mémoire, difficulté à planifier ou résoudre des problèmes, à exécuter des taches familières, confusion dans le temps et les lieux, difficulté à comprendre les conversations, objets égarés, retrait social, et souvent changement d’humeur et de la personnalité) qui pèsent lourdement sur la vie quotidienne des malades et de leurs proches.
Des doses thérapeutiquement efficaces proches des doses toxiques
L'approche de Medesis Pharma se fonde sur les propriétés stabilisatrices de l'humeur du lithium (dit "thymorégulateur" ou "normothymique"), qui est utilisé couramment depuis cinquante ans en tant que traitement de fond des troubles bipolaires, afin de prévenir les rechutes psychotiques. Mais le principal problème est que les doses thérapeutiquement efficaces sont proches des doses toxiques, de sorte que le recours au lithium est pratiquement impossible pour des malades âgés et affaiblis, comme le sont souvent les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer.
La biotech estime que sa plate-forme technologique, Aonys, peut apporter une importante valeur ajoutée dans l'équation, en permettant d’obtenir une activité thérapeutique avec des doses très basses, donc peu toxiques, de lithium. Et lorsqu'on parle de doses très basses, ce n'est pas deux ou trois fois moins, mais une division par 70 de la dose habituelle.
La technologie mis au point par Medesis consiste à mélanger des composants lipidiques spécifiques qui s’auto-structurent spontanément en une microémulsion eau-dans-huile. Le principe actif est solubilisé dans la phase aqueuse de la microémulsion, dans des micelles inverses de 3 à 5 nanomètres de diamètre. Ou pour le dire plus simplement: le principe actif du médicament est encapsulé dans des nano-gouttelettes des entités si petites qu'elles pénètrent directement au cœur des cellules (dans le cytoplasme). Ce qui permet de réduire les doses administrées car lorsqu'on absorbe un médicament classique, seule une toute petite fraction de la molécule parvient dans la cellule cible, alors qu'ici toute la dose est réellement efficace au niveau cellulaire. Concrètement, le programme NanoLithium, dans des modèles in vivo, a permis de démontrer une efficacité potentielle à 1/70e de la dose habituelle de lithium. Ces expériences, réalisées dans le laboratoire de neuropharmacologie à l’Université McGill à Montréal, ont fait l’objet de plusieurs publications scientifiques.
Premiers traitements testés début 2022
L'étude que va démarrer Medesis, avec de premières administrations du traitement prévues début 2022, devrait inclure 68 patients dans 6 CHU en France, Montpellier, Toulouse, Marseille, Lille, Lyon et Paris. Le design de l'étude a été préparé avec le professeur Jacques Touchon (président des conférences internationales sur les essais cliniques dans la maladie d’Alzheimer ou "Clinical Trials on Alzheimer's Disease conference"), et le professeur Audrey Gabelle du CHU de Montpellier (responsable du Centre Mémoire Ressources Recherche, et du Centre de Référence Démences rares et précoces, de l’équipe médicale de Neurologie Comportementale).
Le bilan clinique sur les troubles comportementaux et psychologiques sera réalisé après trois mois de traitement en double aveugle, ce qui pourrait aboutir à la communication de premiers résultats au cours de l'été prochain. Puis le traitement sera poursuivi pendant neuf mois pour étudier une éventuelle modification de l’évolution globale de la maladie.
"Issu d’un actif largement disponible et aux techniques d’administration accessibles, le prix de vente du médicament potentiel est anticipé comme faible et représenterait un traitement adapté à une utilisation dans tous les pays du monde, quels que soient les systèmes de protection sociale", fait valoir Medesis Pharma.
L'annonce du feu vert de l'ANSM à cet essai, peu susceptible de rencontrer des difficultés de recrutement, permettait au titre Medesis de reprendre 16,91% à 6,36 euros mercredi vers 10h30, après un parcours difficile pour la biotech puisqu'elle vient d'enregistrer six replis mensuels d'affilée, touchant il y a quelques jours un plus bas depuis son introduction.
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