par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Avec la mise en Bourse de sa filiale CFAO, prévue début décembre, PPR pourrait lever jusqu'à un milliard d'euros pour se désendetter et amorcer le virage stratégique depuis longtemps attendu par le marché.
Perle africaine cotée en Bourse pendant pas moins de 100 ans et acquise par PPR en 1990, l'ancienne Compagnie Française de l'Afrique occidentale retourne sur le marché après avoir fait la preuve d'une rentabilité à la fois solide et récurrente.
Très attendu par les analystes financiers sur un recentrage sur ses activités les plus rentables, PPR avait quelque peu surpris en annonçant, début octobre, son intention de mettre en Bourse sa filiale de distribution automobile et pharmaceutique en Afrique et dans les DOM-TOM, filiale de loin la plus rentable de ses activités de distribution.
PPR avait alors dit vouloir réaliser l'opération avant la fin de l'année, tout en la soumettent à des conditions de marché favorables.
Propriétaire notamment des marques Gucci, Yves Saint-Laurent, Balenciaga, Puma, La Redoute ou la Fnac, il avait dit vouloir se recentrer sur l'équipement de la personne, dans le luxe comme dans le grand public, un pôle aujourd'hui limité à Puma, spécialiste d'articles de sport dont PPR détient 69% du capital.
Le groupe avait aussi précisé que le produit de cette cession serait affecté à son désendettement. La dette nette de PPR atteignait 5,51 milliards d'euros à la fin 2008.
PÉPITE AFRICAINE
Considéré comme la pépite des activités de distribution du groupe PPR, CFAO était aussi, aux yeux de certains analystes, l'actif le plus facile à vendre, compte tenu de ses performances et de ses perspectives de croissance.
Cette filiale a dégagé une marge opérationnelle comprise entre 8,2% et 9,8% au cours des dix dernières années, tandis que les autres actifs de distribution du groupe restent à la traîne et ont été durement touchées par la crise. La marge de la chaîne d'ameublement Conforama est ressortie à 3,7% en 2008, celle du pôle de vente à distance Redcats à 3,1% et celle de la Fnac à 4,1%.
"CFAO, c'était le candidat naturel pour une introduction en Bourse", soulignait un analyste à l'annonce du projet de cession.
Après le feu vert de son conseil d'administration de PPR, lundi, l'opération a reçu le visa de l'Autorité des marchés financiers ce mardi matin.
L'entrée en Bourse de portera sur 31 millions d'actions CFAO existantes, soit environ 50,4% du capital et se fera à un prix compris entre 24,80 et 29,00 euros par action, valorisant la société entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros, alors que les analystes tablaient en moyenne sur 1,7 à 2,3 milliards d'euros.
L'opération devrait permettre à PPR de lever jusqu'à 899 millions, sur la base du haut de la fourchette de prix. En cas d'exercice de la totalité de l'option de surallocation portant sur un maximum de 15% de la taille de l'offre, PPR pourrait lever près de 1,03 milliard d'euros.
Dette incluse, la valorisation de la société serait comprise entre 2,15 et 2,45 milliards d'euros.
PAS UN ACTIONNAIRE DURABLE
PPR n'entend pas rester durablement l'actionnaire majoritaire de CFAO, avec une participation comprise entre 42% et 49% du capital mais exclut une sortie rapide de sa filiale.
"S'il n'est pas dans la stratégie de PPR de rester au capital de la société (...), il exclut tout désengagement rapide sur le marché", peut-on lire dans le visa de l'offre publié mardi matin par l'Autorité des marchés financiers.
CFAO a précisé pour sa part que cette opération devait lui permettre de "conforter sa stratégie de développement", de renforcer sa visibilité auprès de ses clients et de lui donner accès à de nouveaux moyens de financement.
Son président du directoire, Richard Bielle, a également indiqué qu'elle pourrait aussi, à moyen terme, financer d'importantes acquisitions.
L'opération comprend un placement global pour les investisseurs institutionnels (90% des actions offertes) et une offre à prix ouvert destinée aux particuliers (10% restants).
L'offre, qui débute ce mardi doit s'achever le 1er décembre.
Le prix définitif devrait être fixé le 2 décembre et les transactions sur Euronext débuter le 3 décembre.
Vers 17h00, le titre PPR reculait de 2,0% à 82,19 euros tandis que le CAC 40 perdait 0,95% et que l'indice diversifié européen cédait 0,57%.
Avec la contribution de Benjamin Mallet, édité par Cyril Altmeyer
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