par Pascale Denis et Astrid Wendlandt

PARIS (Reuters) - Hermès reste à l'affût d'acquisitions ciblées susceptibles de compléter ses savoir-faire et confirme ses objectifs financiers pour 2008.

"Nous regardons toujours des acquisitions capables de conforter nos activités, dans tous les domaines de nos savoir-faire", a déclaré à Reuters Patrick Thomas, gérant du groupe de luxe, lors d'une interview.

"Nos acquisitions ne sont pas des opérations de diversification", a-t-il ajouté, réaffirmant que la maison du Faubourg Saint-Honoré n'avait nullement pour ambition d'acquérir d'autres sociétés de luxe.

Le groupe disposait, à la fin juin, d'une trésorerie nette de 329 millions d'euros, a-t-il précisé.

La dernière acquisition d'Hermès remonte à juillet 2007, avec le rachat de Soficuir, spécialiste de la tannerie.

"La maison Hermès dispose à elle seule d'un énorme potentiel de croissance", a poursuivi Patrick Thomas.

Il a précisé que le groupe, soucieux de préserver ses méthodes artisanales de fabrication, ne pouvait satisfaire la demande sur certains de ses produits phares, comme les sacs "Birkin" qui, dans certains coloris ou types de cuir, peuvent demander des mois de liste d'attente.

OBJECTIF DE CROISSANCE "PRUDENT"

Patrick Thomas a également confirmé l'objectif du groupe d'une croissance organique d'environ 10% à taux de change constants pour l'ensemble de 2008 et d'une marge opérationnelle courante stable aux environs de 25,5%.

Il a cependant reconnu que cet objectif était relativement "prudent", compte tenu de la croissance interne de 13,4% (à taux constants) réalisée au premier semestre.

Au deuxième semestre, la base de comparaison sera plus difficile", a-t-il dit, faisant référence aux ouvertures de magasins (New York et Osaka) et au lancement du nouveau parfum "Kelly Calèche" qui avaient dopé le chiffre d'affaires au deuxième semestre 2007.

Hermès, qui avait fait preuve d'une solide résistance face à la dégradation de la conjoncture, en enregistrant une vigoureuse croissance interne au premier semestre, a fait état, vendredi d'une progression de 14% de son résultat opérationnel courant.

Le gérant d'Hermès a également déclaré que l'acquisition de 10% supplémentaires dans le capital de la société de Jean-Paul Gaultier, le couturier étant lui même responsable de la création de la mode féminine du groupe, s'était faite pour un montant compris entre 3,0 et 4,0 millions d'euros.

Il a précisé que la société du couturier était bénéficiaire et qu'Hermès, qui en détient maintenant 45%, disposait d'une option d'achat lui permettant d'en acquérir la totalité.

Il a également indiqué que le programme de rachat d'actions serait poursuivi au second semestre, dans des proportions probablement similaires à celles des six premiers mois de l'année (50 millions d'euros).

VALORISATION

La valeur, qui compte parmi les très rares titres enregistrant une performance positive depuis le début de l'année (+13% sur la base des cours de clôture de jeudi) à la faveur de spéculations récurrentes sur une évolution de son capital, se traite avec une très forte prime par rapport au secteur du luxe européen.

Contrôlé à hauteur de 72% par les actionnaires familiaux, la part du capital de la société aujourd'hui verrouillée par divers pactes d'actionnaires n'est que d'environ 40%.

Des actionnaires familiaux détenant environ 30% du capital sont donc libres de vendre leurs parts.

"Le seul ciment de l'unité des actionnaires, c'est la bonne performance du groupe", a tenu à souligner Patrick Thomas.

Le positionnement d'Hermès sur les produits de très haut de gamme, en particulier ses célèbres sacs, son "pricing power" (sa capacité à augmenter les prix) lié à la puissance de sa marque ainsi que sa relative résistance aux effets de mode en font, aux dires de nombreux analystes, une valeur défensive.

Son niveau de valorisation qui atteint, selon certaines estimations, plus de 33 fois les bénéfices estimés en 2008, contre une moyenne de 16 fois pour le secteur, est cependant unanimement jugé trop élevé.

Le titre se traite sans grand changement à la Bourse de Paris vendredi à 97,72 euros.

Edité par Jacques Poznanski Le gérant d'Hermès, Patrick Thomas, a déclaré à Reuters que le groupe de luxe restait à l'affût d'acquisitions ciblées susceptibles de compléter ses savoir-faire et a confirmé ses objectifs pour 2008. /Photo d'archives/REUTERS/Toru Hanai

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