par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - L'aggravation de la crise financière au mois d'octobre a contraint Hermès International à réviser en baisse de deux à trois points sa prévision de croissance pour 2008 et à anticiper un résultat opérationnel stable, en valeur, sur l'ensemble de l'année.

"Nous avons constaté un fléchissement de notre taux de croissance en octobre dans nos magasins (...) Nous constatons une réduction générale, dans tous les pays du monde, c'est que qui nous amène à réviser légèrement notre prévision", a déclaré à Reuters jeudi Patrick Thomas, gérant du groupe de luxe, dans une interview téléphonique.

"Nous prévoyions, jusqu'à ces jours-ci, une croissance de l'ordre de 12% (à taux constants) en 2008 et nous la ramenons à 9% ou 10% car nous sommes prudents sur le quatrième trimestre", a-t-il ajouté.

A périmètre et taux de change comparables, hors acquisition de Soficuir, acquis en juillet 2007, la croissance d'Hermès devrait ressortir entre 7% et 8%, contre 10% prévus jusqu'ici.

Hermès, jusqu'ici considéré comme le groupe de luxe le plus résistant aux cycles économiques, a vu la progression de ses ventes en magasins ralentir à 6% en octobre, après une hausse de 16% au troisième trimestre et anticipe une fin d'année difficile.

"Nous sommes plutôt prudents et nous nous attendons à une fin d'année difficile. Nous allons passer la période la plus difficile d'ici à Noël", a déclaré Patrick Thomas, disant également ne pas attendre un "très bon début d'année 2009, compte tenu du très bon début 2008".

EFFETS DE CHANGE

Hermès a également dit tabler sur un résultat opérationnel 2008 proche, en valeur, de celui 2007.

A la question de savoir si le groupe confirmait son objectif stabilité de sa marge opérationnelle à 25,5% en 2008, Patrick Thomas a répondu : "oui, à peu près".

Hermès devrait bénéficier, au deuxième semestre, d'effets de changes plus favorables, liés à la remontée du dollar et du yen face à l'euro.

Patrick Thomas a précisé que les effets de devises allaient impacter positivement le chiffre d'affaires à hauteur d'environ 50 millions d'euros et le résultat opérationnel de près de 45 millions.

Il a également jugé qu'il était encore trop tôt pour dire si, en octobre, les ventes de la clientèle haut de gamme de la maroquinerie, division phare du groupe dont les ventes ont augmenté au 3e trimestre, commençaient à être affectées par la crise.

Au troisième trimestre, l'impact de la crise s'est surtout fait sentir dans les réseaux de distribution élargis (parfums, montres, arts de la table et ventes aux voyageurs).

Les ventes dans les magasins hors taxe (duty free), qui comptent pour 10% du chiffre d'affaires du groupe, ont ainsi reculé de 3%, a précisé Patrick Thomas.

"Les chiffres montrent qu'Hermès n'est pas plus résistant que les autres acteurs du luxe au ralentissement économique", estime Antoine Belge, analyste de HSBC, ajoutant que ces résultats ne justifiaient pas la prime dont bénéficie la valeur.

Le titre, qui recule de 2,77% à 98,58 euros vers 12h45, enregistre une hausse de plus de 14% depuis le début de l'année, signant l'unique valeur en hausse du SBF120.

A ces niveaux de cours, elle se traite à 32 fois les résultats 2009 estimés, des multiples plus de deux fois supérieurs à ceux du luxe en général.

Le titre, pourtant unanimement jugé surévalué par les analystes, profite d'une spéculation qui ne faiblit pas sur une possible recomposition de son capital.

Patrick Thomas a une nouvelle fois réaffirmé, jeudi, qu'Hermès conservait une "grande stabilité de son actionnariat familial", qui détient environ 73% de son capital.

Pascale Denis

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