(BFM Bourse) - L'équipementier automobile a généré plus de cash qu'attendu par le consensus au titre de 2023 et compte faire au moins aussi bien cette année. Le groupe a également annoncé une restructuration en Europe qui pourrait supprimer jusqu'à 10.000 postes de sorte à multiplier par environ trois sa rentabilité sur le Vieux Continent.
Ex-filiale de PSA et donc de Stellantis, Forvia fait preuve d'un pragmatisme que ne renierait certainement pas son ancienne maison-mère. L'équipementier automobile né du rachat de l'allemand Hella par le français Faurecia en 2022, a livré lundi ses résultats annuels 2023 et surtout annoncé des mesures pour rationaliser son empreinte industrielle en Europe.
Les équipementiers automobiles ont souffert en Bourse ces dernières années, notamment en raison de l'envolée des coûts de l'énergie, de la main d'œuvre et des matières premières. Car, contrairement aux constructeurs, ils possèdent moins de levier pour élever leurs prix, leurs tarifs étant contractuellement définis, ce qui les oblige à négocier avec leurs clients. Il en ressort une moindre capacité à répercuter l'inflation de leurs coûts.
Si ces vents défavorables ont soufflé un peu moins fort ces derniers mois, le secteur connaît un problème de volumes. Cité par Bank of America, S&P Global Mobility table sur repli de la production automobile de véhicules légers de 0,5% en 2024 à 89,6 millions d'unités, avec un repli de 2,3% en Europe.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Environ 10.000 postes touchés
Cette panne de volumes est invoquée par Forvia ce lundi pour justifier un coup de sabre dans ses effectifs. "Alors que le marché automobile européen n’offre pas de dynamique de volume dans les années à venir et reste nettement inférieur à son niveau de 2019, il représente toujours le marché le plus important pour le Groupe, la région EMEA (Europe-Moyen-Orient) représentant 46% des ventes en 2023, mais seulement 22% du résultat opérationnel", développe Forvia.
L'équipementier automobile souligne que la production européenne a chuté de 16% entre 2019 et 2023 et explique que les "dernières prévisions" font état d'une croissance quasi-nulle dans la région entre 2023 et 2030, contre 9% pour le reste du monde sur la même période.
"Face à cette évolution, Forvia doit prendre les mesures appropriées pour renforcer la compétitivité et l’agilité de ses opérations européennes (y compris la prise en compte de surcapacités structurelles) et atteindre une rentabilité nettement supérieure", poursuit la société.
Ainsi, de 2024 à 2028, Forvia va remettre à plat ses opérations en Europe, ce qui se traduira par la suppression d'un maximum de 10.000 postes sur cinq années. Forvia compte ainsi générer des économies attendues à 500 millions d'euros en année pleine et redresser sa rentabilité en Europe, avec une marge opérationnelle passant de 2,5% en 2023 contre 7% attendu en 2028. Le Vieux continent représenterait à cet horizon 40% des ventes de la société et 35% de son résultat opérationnel, contre respectivement 46% et 22% en 2023.
Cette initiative est jugée positivement par les analystes. "Nous considérons la volonté de la direction de s'attaquer aux questions de compétitivité dans l'Union européenne comme un élément positif", souligne Oddo BHF. Même si le bureau d'études note également que cela confirme la dynamique difficile dans cette région, la première pour tous les équipementiers de sa couverture. Cette annonce ne devrait ainsi pas aider le marché à se montrer plus confiant dans le secteur, juge Oddo BHF.
"C'est positif, il faut adapter l'empreinte industrielle au nouvel environnement. Autoliv (un équipementier suédois, NDLR) l'a fait l'an passé, Forvia le fait cette année, c'est nécessaire", apprécie de son côté un intermédiaire financier.
Un cash de bonne facture mais les perspectives un poil justes
Pour revenir aux résultats financiers de Forvia, le groupe a dégagé l'an passé des ventes de 27,25 milliards d'euros, en croissance de 14% en données comparables sur un an, tandis que son résultat opérationnel a cru de 35,7% à 1,44 milliard d'euros pour une marge correspondante de 5,3% contre 4,3% en 2022.
Oddo BHF souligne que la rentabilité opérationnelle s'avère un peu inférieure aux attentes mais que le flux de trésorerie les a au contraire largement dépassées.
Forvia a dégagé sur l'ensemble de l'année un flux de trésorerie net de 649 millions d'euros, et de 477 millions d'euros sur le seul second semestre, quand les analystes attendaient un chiffre de 317 millions d'euros, selon Oddo BHF qui évoque "une bonne surprise". Ce qui a son importance dans la mesure où le désendettement de Forvia constitue l'un des principaux points d'attention du marché.
Le ratio de dette nette du groupe rapporté au résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté à fin décembre s'est d'ailleurs établi à 2,1 contre 2,6 à la fin de 2022.
Pour l'exercice 2024, Forvia table sur un chiffre d'affaires compris entre 27,5 milliards d'euros et 28,5 milliards d'euros, une marge opérationnelle comprise entre 5,6% et 6,4%, un flux de de trésorerie net au moins égal à celui de 2023, et un ratio de dette nette rapporté à l' Ebitda ajusté inférieur ou égal à 1,9 à fin décembre 2024.
Selon Oddo BHF, les analystes tablaient pour 2024 sur des revenus de 27,8 milliards d'euros, une marge de 6,1% et un flux de trésorerie de 611 millions d'euros. Le bureau d'études juge toutefois que la perspective de cash-flow "pourrait décevoir" car Hella (qui est toujours cotée à Francfort) avait fait montre d'optimisme sur ce sujet lors de sa propre publication, vendredi.
"La cible de levier d'endettement à 1,9x à fin 2024 me paraît assez prudente", juge de son côté, l'intermédiaire financier précédemment cité.
A la Bourse de Paris, le marché a accueilli avec enthousiasme la publication de Forvia avant de se raviser en cours de séance. L'action perd 1,3% vers 11h45 après avoir gagné plus de 4% en début de séance.
Recevez toutes les infos sur FORVIA (ex FAURECIA) en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email