C'est l'euphorie sur les marchés boursiers
Que constate-t-on depuis quelques jours ? La bourse de Paris flambe, et elle n'est pas la seule. La
bonne humeur est généralisée. Pourtant, Monsieur Trichet nous dit que la crise ne fait que
commencer, la Zone euro affiche un taux d'inflation record à 3,3% et UBS, qui a déjà
comptabilisé pour 16 milliards d'euros de provisions, en rajoute 19 milliards au compteur !
Plusieurs grandes banques décident de se recapitaliser tant les pertes ont mis à mal leurs fonds
propres. Et, ... last but not least, Ben Bernanke confirme que l'économie US se contractera
probablement pendant deux trimestres.
Malgré tout cela, la bourse s'envole, secteur financier en tête...
Ne me demandez pas à quoi carbure la bourse. Certainement pas aux fondamentaux ! Ce sont les
spéculateurs, qui jouent au jour le jour, qui font la tendance.
Crise financière est-elle derrière nous ?
La seule explication que je trouve à cette euphorie est la suivante : les investisseurs semblent
avoir décidé que la crise financière (du crédit) est derrière nous. Et pour l'instant, ils
font fi de la crise économique qui arrive sur nous.
La crise financière est-elle vraiment derrière nous ? Difficile à dire... Goldmans Sachs
annonçait il y a quelques jours que les pertes totales de crédit liées à la crise du subprime
pourraient atteindre "1 200 milliards de dollars, dont près de 40% à la charge des firmes de Wall
Street". Soit 480 milliards si je calcule bien. Or pour l'instant, les banques n'ont provisionné
que pour quelque 150 milliards de provisions. Tout n'est donc pas derrière nous à mon avis. Mais
alors... ?
Disons que la "psychologie des marchés" s'est retournée
Cet optimisme va-t-il durer ? Je n'en sais strictement rien. La seule chose que je puisse vous
dire, c'est que l'humeur des marchés est quelque chose de difficilement saisissable et qu'elle
peut changer du tout au tout en un temps record. Voilà pour la crise financière...
Reste la question de la crise économique. Les marchés semblent en faire abstraction...
Le ralentissement économique est devant nous
Côté économie, je pense pour ma part que le plus dur est devant nous. Or cela ne vous aura pas
échappé, il y a une déconnexion entre la crise financière et la réalité économique sur le
terrain. Interrogez les entreprises et elles vous diront que tout va bien.
Soyons lucides. Nous sommes face à une crise de surendettement. Depuis des années l'économie
tourne à plein régime grâce à une consommation qui carbure essentiellement à l'endettement.
Aujourd'hui, l'endettement des ménages est tel qu'il faut maintenant rembourser.
Le maillon clé : la consommation...
Ce surendettement des ménages aura un impact sur le niveau de l'activité économique et donc sur
les profits des entreprises. Hausse des prix, salaires qui stagnent, effondrement de l'immobilier,
restrictions de crédits, obligation de rembourser les emprunts en cours... l'heure risque fort
d'être à la rigueur plutôt qu'à la dépense à tout-va !
Fini la consommation effrénée assise sur l'endettement. Il s'agit aujourd'hui de rembourser...
Etats-Unis, Angleterre, Espagne sont les économies les plus touchées.
Or pour l'instant, les cours boursiers n'intègrent pas le recul prévisible de la consommation et
donc de l'activité économique ou des profits des entreprises.
Question suivante : la bourse est-elle au creux de la vague ?
Sur ce point, chacun a son opinion. Si vous lisez les journaux actuellement, vous vous rendrez vite
compte que l'optimisme est de rigueur. Le pire est passé. En gros : vous pouvez acheter.
Pour ma part, je veux rester prudent. Je ne pense pas que nos indices aient touché le fond. Je suis
d'avis que nous assistons actuellement à un rebond technique, dans un marché boursier qui reste
baissier. Tout simplement parce que les profit warnings sont devant nous, et que la bourse devra
donc tôt ou tard s'ajuster. Peut-être ai-je tort ? L'avenir nous le dira...
Traduction pratique pour l'investisseur ?
A titre personnel, je pense qu'il est encore trop tôt pour se repositionner en bourse. La
volatilité reste forte, les spéculateurs continuent de dominer la gigantesque partie de poker
boursier qui se déroule sous nos yeux. Car les facteurs techniques et de court-terme sont les seuls
dont ils tiennent compte. Les fondamentaux étant relégués au second rang. Nous restons dans un
marché de traders, restez donc sur vos gardes.
En revanche, si vous êtes un trader qui aime faire des allers-retours rapides, foncez ! Ce marché
est fait pour vous. Avec ses variations fortes en un temps record, il a tout pour plaire...
Et l'or ?
Je vous le disais à l'instant : les capitaux flottants des spéculateurs vont et viennent au gré
des mouvements haussiers. La bourse plonge ? Ils foncent sur l'or et les matières. La bourse
rebondit ? Ils abandonnent l'or et foncent sur les secteurs boursiers qui ont été les plus
attaqués, secteur financier en tête. Je caricature, certes, mais l'idée est là.
C'est le fameux schéma des vases communicants. L'argent va là où il y a rebond. Ce sont ces
capitaux flottants qui donnent la tendance et renforcent la volatilité.
Mais grattons un peu. Car si en surface les va-et-vient des capitaux flottants impriment la tendance
à court terme, il faut savoir qu'il y a énormément de positions longues détenues sur l'or et
que celles-ci sont, pour l'instant, globalement stables.
Nous voyons arriver sur le marché des achats à bon compte. Je pense notamment à la demande des
bijoutiers et du secteur informatique. Ils vont profiter de la baisse des cours pour renflouer leurs
stocks ! Ces achats sur repli devraient amortir le choc.
Cela dit, en passant sous les 900 $, nous avons franchi une étape qui pourrait bien être
décisive.
A suivre...