(Trading) Genève, notamment, se lève avec la gueule de bois ce matin. Au lendemain de la
prétendue révélation de 3000 noms de clients français de banques suisses, la place financière
genevoise est de nouveau en ébullition et s' en serait bien passée. Alors coup de bluff de Bercy
ou réalité ? Probablement un peu des deux. Une chose est sûre, la France a désormais les moyens
d' obtenir ces noms. Mais comme toujours, mettre en oeuvre certaines procédures peut prendre du
temps. L' Etat français a donc tout intérêt à accélérer les choses en faisant peur aux
intéressés. Mais qui est donc à l' origine de ce grand déballage ? A Genève, tout le monde
regarde du côté des banques...françaises.
La " nouvelle " tombe donc avant-hier. Woerth décide alors de lancer un gros pavé dans la mare.
Il crie haut et fort qu' il a récupéré pas moins de 3000 noms de " méchants " contribuables
français ayant craqué pour les charmes du lac Léman. Trois banques suisses sont alors dans le
collimateur, et les avoirs déposés par les évadés fiscaux en question représente quand même la
bagatelle de pas moins de 3 milliards d' euros. En ces temps de vaches maigres, c' est toujours
bon à récupérer pour l' Etat français. Reste donc à savoir comment Paris a pu obtenir la
liste des intéressés. Outre les banques françaises, certains parlent d' une...taupe "
grassement " rénumérée par Bercy pour récupérer les 3000 noms des détenteurs de comptes
suisses. Toujours possible, même si le " coup " de la taupe reste à l' heure actuelle à l'
état de pur fantasme.
En fait, il n' est pas impossible que SARKOBULL en personne soit derrière tout ça. Selon
certaines sources, le complexé de l' Elysée aurait fait les gros yeux aux banques françaises en
exigeant d' elles qu' elles lachent le morceau concernant les contribuables français détenteurs
de comptes au sein des établissements suisses.
Par la suite, Lagarde s' est rendue à Berne. C' était le 27 août dernier. Une convention de
double imposition entre la France et la Suisse avait alors été signée. Sur le papier, l' accord
stipule que les renseignements susceptibles d' être échangés entre les banques suisses et le
fisc français ne pourrait être effectif qu' à compter du premier janvier prochain, mais il fort
probable que Paris est finalement fait le forcing en accélérant les choses, et en biaisant donc la
Suisse au passage. Cette dernière n' a de toute façon aucune marge de manoeuvre en la matière.
D' ci au premier janvier prochain, on voit en effet mal comment la Suisse pourrait ouvrir une
procédure pénale pour violation du secret bancaire. Paris le sait très bien, et en a donc
profité.
Les filiales suisses des établissements français relèvent du droit suisse, mais les maisons
mères, à savoir donc les banques françaises n' auraient donc fait que respecter la legislation
française dans l' hypothèse où ce seraient bien elles qui seraient à l' origine du grand
déballage.
Après les américains, les clients français des banques suisses se retrouvent donc au pied du mur,
et ont donc intérêt à ne pas prendre à la légère les menaces de Paris. En tout cas, Genève se
serait bien passé de ce nouvel épisode. Pour la Suisse, c' est la " berezina "... Le chocolat
suisse a un goût de plus en plus amer.