ALEXA,
Je suis désolé, j'ai perdu mon article sur la maladie du blé. Ce qui est certain c'est qu'il
est malade, de quoi? Je n'en sais trop rien, me rappèle plus !
Je te mets un autre article qui devrait t'intéresser au plus haut point:
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Sécuriser ses approvisionnements : la course aux terres agricoles a commencé
Chris Mayer
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Quand l'Iran achète du blé aux Etats-Unis...
Au cours de l'été, l'Iran a acheté une grande quantité -- plus d'un million de tonnes –- de
blé en provenance des Etats-Unis.
C'est quelque chose qui ne s'était pas vu depuis 27 ans. Dans le cas de l'Iran, une sévère
sécheresse a amputé un tiers des récoltes de blé, obligeant le pays à se tourner vers
l'étranger. Mais tout de même, le fait que l'Iran ait dû s'adresser aux Etats-Unis est
révélateur. C'est un peu comme si Lee avait demandé à Grant de partager quelques rations au
cours de l'été 1863.
Probablement l'Iran n'avait-il pas le choix!
Comme le dit un analyste : "Vous pensez vraiment que les Iraniens se tourneraient vers les
Etats-Unis s'ils avaient la possibilité de s'adresser à qui que ce soit d'autre... Ils
ratissent le monde entier à la recherche de blé. Ils achètent le blé américain parce que c'est
le seul qu'ils puissent acheter."
Les marchés, comme pour de grands drames improvisés, élaborent leurs propres intrigues en temps
réel. Aujourd'hui, une nouvelle histoire se trame au sein du boom de l'agriculture. Elle débute
avec des importateurs qui ont de moins en moins d'alternatives quand ils partent à la recherche de
grandes quantités de céréales de qualité. Mais en toile de fond, on découvre un problème bien
plus profond : une émergente pénurie en sols fertiles.
Une nouvelle tendance émerge : la pénurie en sols fertiles.
En fait, d'ici quelques années, les terres arables pourraient devenir plus importantes pour la
valeur des terrains que le pétrole ou les minéraux souterrains. Certains prétendent qu'elles
sont déjà des atouts stratégiques au même titre que le pétrole.
Vous en doutez ?
Tendance au repli des pays exportateurs.
Considérez les restrictions grandissantes sur les exportations tout autour du globe, qui agissent
comme des barrières afin de conserver les denrées à l'intérieur des frontières. L'Inde
restreint ses exportations de riz. L'Ukraine suspend tout bonnement ses expéditions de blé. Le
nombre de régions exportant des céréales a fondu, comme les troupeaux de bisons en voie de
disparition.
Les pays exportateurs sont de moins en moins nombreux!
Avant la Seconde Guerre mondiale, seule l'Europe importait des céréales. Aussi récemment que
pendant les années 30, l'Amérique du Sud produisait deux fois plus de céréales que l'Amérique
du Nord. L'ancienne Union soviétique, quelque soient ses défauts, exportait. L'Afrique était
autosuffisante. Aujourd'hui, restent seulement trois exportateurs majeurs : l'Amérique du Nord,
l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
D'où les risques grandissants sur l'approvisionnement mondial
C'est donc sans surprise que la confiance en l'approvisionnement de la chaîne alimentaire
mondiale se trouve au plus bas.
Voilà aussi pourquoi la course à l'obtention de terres agricoles a commencé. L'Arabie Saoudite,
par exemple, possède très peu d'atouts qui lui permettraient de produire sa propre nourriture.
"Le royaume", rapporte le Financial Times, "parcourt le globe à la recherche de terres arables,
recherche qui a conduit les officiels saoudiens au Soudan, en Ukraine, au Pakistan et en
Thaïlande." La quête de l'Arabie Saoudite n'est pas de celles qui peuvent être poursuivies en
solitaire. Il y a beaucoup d'autres chasseurs.
La course aux terres agricoles a commencé.
La Libye cherche à louer des fermes en Ukraine. La Corée du Sud s'intéresse à la Mongolie et
vient de signer avec Madagascar un bail de 99 ans portant sur la location de 1,3 million d'hectares
de terres potentiellement arables. C'est la moitié de la superficie de la Belgique !
Même la Chine contemple la possibilité d'investir dans des terres agricoles en Asie du Sud-Est.
Car si la Chine possède d'abondantes surfaces cultivables, elle ne possède pas assez d'eau !
Sécuriser ses approvisionnements en alimentation de base.
"C'est une nouvelle tendance au sein de la crise globale de la chaîne alimentaire", déclare
Joachim von Braun, directeur le l'Institut international de recherche sur les politiques
alimentaires. "La force dominante aujourd'hui est d'assurer l'approvisionnement en nourriture."
Les prix des produits alimentaires reflètent cette tension.
La crise du futur ? Celle des terres arables!
Les médias se concentrent sur des problèmes de population, de changements des habitudes
alimentaires et sur l'impact des biocarburants. La chose dont on ne parle pas pourrait pourtant
s'avérer la plus importante : une pénurie grandissante en terrains cultivables de qualité.
Appelez ça la crise des terres arables.
Un sol de qualité est lâche et tassé, rempli de poches d'air et regorge de vie. C'est un
microsystème complet. En moyenne, la planète ne possède pas plus d'UN mètre de terre cultivable
sur sa surface. Le problème est que nous la perdons plus vite que nous ne pouvons la remplacer. Et
la remplacer n'est pas facile.
Nos fermiers sont assis sur une mine d'or !
Cela n'a pas échappé aux investisseurs avisés. Jeremy Grantham, le patron de la société de
gestion GMO, a écrit à propos du déclin des terres dans sa dernière lettre trimestrielle. "Nos
fermiers sont assis sur une mine d'or ! Oui, la terre est incroyablement profonde, mais elle a ses
limites."
Au cours des dernières décennies du XXe siècle, la superficie allouée à de nouvelles cultures
par défrichage compensait les pertes globales. Dans les années 80, la surface des terres agricoles
a commencé a diminué pour la première fois depuis que cette humble humanité a commencé à
cultiver les riches terres du Tigre et de l'Euphrate. Elle continue à chuter aujourd'hui.
Les terres cultivables diminuent dramatiquement, partout sur la planète.
Nous perdons des surfaces cultivables au profit du développement, de l'érosion et de la
désertification. "Globalement, il est clair que nous érodons les sols beaucoup plus vite qu'ils
ne peuvent se reformer", déclare John Reganold, un géologue de l'université de Washington.
Les estimations sont variables. Aux Etats-Unis, l'académie nationale des Sciences dit que nous
sommes en train de détruire les sols 10 fois plus vite qu'ils ne se régénèrent. Les Nations
unies disent que sur le plan mondial, les pertes sont 10 à 100 fois plus rapides que les
remplacements.
Quoi qu'il en soit, il est prudent de reconnaître que les réserves en terres arables sont
clairsemées.
Acheter des terres agricoles ?
C'est difficile à réaliser en tant qu'investisseur individuel, mais il existe quelques
possibilités. Au cours du temps, davantage d'idées d'investissement vont apparaître. La crise
des terres arables va durer longtemps. D'ici là, les investisseurs pourraient revisiter
l'expression "aussi bon marché qu'une poignée de terre".
Voilà, voilà !!!