Economie réelle vs. économie virtuelle.
Cécile Chevré.
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** Prenez votre indépendance financière.
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"Un milliard de dollars de perte trimestrielle pour Bank of America", titre La Tribune.
Maudite économie réelle. Si seulement elle pouvait se taire, se faire toute petite, disparaître
même, pour que les marchés puissent continuer sans encombre leur marche à la hausse.
Il faut saluer la persévérance de l'économie réelle. Elle essaie de s'infiltrer, coûte que
coûte, dans l'économie virtuelle. Des efforts qui sont parfois couronnés de succès. Les pertes
annoncées par Bank of America vendredi dernier sont une vraie gifle infligée par l'économie
réelle à l'économie virtuelle.
Les pertes de Bank of America sont en grande partie dues aux défauts de paiement des particuliers.
Pauvres Américains, on ne les avait pas habitués à un tel traitement : jusqu'à présent, leur
portefeuille était rempli de cartes de crédit, et qu'importe s'ils ne pouvaient pas rembourser
les achats fait avec une première, ils n'avaient qu'à emprunter avec une autre.
Aujourd'hui, le crédit ne s'accorde plus aussi facilement et la hausse du chômage met à bas
l'american dream. "Save the Dream, une caravane au secours du rêve américain", nous apprennent
d'ailleurs Les Echos. "Aux Etats-Unis, une association se bat pour aider les ménages
surendettés". De ville en ville, cette association conseille les Américains pour réévaluer et
rééchelonner leurs prêts et leur éviter de tout perdre. En quelques jours, 50 000 Américains se
sont précipités à Los Angeles pour tenter de sauver leur logement, et 60 000 à San Francisco.
Sur le dernier trimestre, c'est près d'un million de logements qui ont été saisis, et sur
l'année 2009, c'est trois millions de logements qui le seront.
Les défauts de paiement s'accumulent donc... Bank of America n'est évidemment pas la seule à
avoir essuyé de lourdes pertes sur son activité de crédit. Même JPMorgan, qui pourtant affiche
un bénéfice net multiplié par sept à 3,6 milliards de dollars, a avoué avoir perdu la bagatelle
de 700 millions de dollars sur les cartes de crédit.
L'économie réelle, c'est des millions d'Américains qui se battent pour sauver leur maison, et
l'économie virtuelle c'est celle qui se permet de distribuer 140 milliards de bonus à ses
traders. Caricatural, peut-être, mais pas tant que cela.
Wall Street engrange les milliards, bien. Mais cet argent ne passera jamais vraiment dans
l'économie réelle. Oui, les prix des appartements de Manhattan vont continuer à flamber, oui
quelques centaines de voitures de luxe vont être commandées. Quelques dizaines de yachts aussi...
Mais après ? Rien. L'argent de Wall Street restera virtuel, une ligne de zéros dématérialisés.
La véritable croissance, la véritable production de richesse ne naîtra jamais des bénéfices
record de quelques banques. Pour l'instant, tout ce qui est produit, c'est du risque, et les
ferments d'une nouvelle crise... CQFD !!