Voila un petit article d'un particulier que j'ai trouvé sur le net. Il est très enrichissant je
trouve donc je vous le fait partager :
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Pour ceux qui ont fait une très belle performance 2005, un seul conseil de ma part: ne faîtes pas
la même erreur que beaucoup font (moi compris): en vouloir toujours plus pour à la fin tout
reperdre. Profitez au moins en partie de vos gains (payez vous un voyage par exemple) plutôt que de
tout "remiser" indéfiniment.
Je vous propose en détaillé ce qui m'a amené dans cette spirale infernale et qui malheureusement
arrive à beaucoup de gens.... Heureusement pour moi, je m'en suis sorti par le travail et mon
salaire d'aujourd'hui me permet de relativiser cet épisode de ma vie... Pour que ca vous soit
utile, j'indiquerai en majuscule les erreurs ou réussites.
1) Les origines :
Après avoir touché un peu au PMU sans succès, des potes québécois m'ont parlé de la bourse en
1998, me montrant l'évolution d'actions technologiques côtées sur le Nasdaq. Je découvrais
ainsi ce monde jusque là totalement éloigné pour moi. Après quelques bons coups réalisés avec
mes 3 000 euros d'économie (confiés à mes amis québécois) je décidais en juin 1999
d'emprunter 15 000 euros sur 5 ans à 6 % (je viens d'ailleurs d'en régler la dernière
mensualité le 5 juillet dernier) pour transiger moi-même tout en laissant de l'argent au
Québec...
Ce qui m'avait poussé à emprunter est que pendant plusieurs mois, sur Excel j'avais fait des
modèles de Trading qui rapportaient environ 200 % par an en moyenne sur 5 ans (les règles étaient
du type : acheter une action qui perd 8 % à l'ouverture et la revendre à + 3 % ou à la fermeture
si les 3 % n'ont pas été atteint). La courbe de rendement était parfaite, presqu'une droite. Et
comme j'appliquais la même règle à découvert, je ne subissais pas les fluctuation du marché...
Fallait vraiment être aveugle pour imaginer faire 200 % !
PREMIERE ERREUR : IL SERA TOUJOURS POSSIBLE DE CREER DE SUPER MODELES DE TRADING A POSTERIORI (ON
FAIT DIRE AUX CHIFFRES CE QU'ON VEUT). IL FAUDRAIT TOUJOURS LES TESTER VIRTUELLEMENT ENSUITE POUR
LES CONFIRMER...
Et voila, le 12 août 1999 je passais le tout premier ordre boursier qui s'avèrera un intraday
avec un gain de 80 euros (achat pour 7500 euros d'Air France revendus à la cloture). Je me demande
toujours pourquoi avoir choisi Air France et avoir mis mon modèle de côté....
En tout cas, la pire chose qui pouvait m'arriver avait eu lieu : j'avais gagné. A partir de ce
moment là, pendant des mois mon subconscient va être convaincu que je suis un winner en
bourse....
Compte : 15 000 euros...
ERREUR : SE DONNER UNE STRATEGIE ET NE PAS LA SUIVRE DU TOUT CAR AUCUNE OCCASION NE SE PRESENTE ET
PLUTOT QUE D'ATTENDRE 1 SEMAINE ON PREFERE TENTER UN COUP COMPLETEMENT IMPULSIF (QUE CELUI A QUI CA
N'EST JAMAIS ARRIVE LEVE LA MAIN !).
2) La confiance grimpe :
Les semaines vont passer et globalement je vais gagner de l'argent... Il faut dire que j'ai
commencé quand le CAC était à 4300 et en septembre il va battre un record à 4750... Néanmoins,
ayant commencé à jouer petit, je me mets à miser un peu plus lorsque le CAC commence à
consolider... (le 18 octobre, il descendra à 4552, la crainte d'un jeudi noir planant). Voulant
réduire mes frais de courtage, je change de broker en ligne et vais louper une partie de la
remontée !!
SECONDE ERREUR : JOUER DES SOMMES IRREGULIERES. SI ON GAGNE LES FOIS OU ON MISE PEU ET QUE L'ON
PERD QUAND ON MISE PLUS, GLOBALEMENT ON EST PERDANT. ET MALHEUREUSEMENT, C'EST LORSQU'ON A
ACCUMULE DES GAINS QU'ON SE MET A JOUER PLUS SE CROYANT INVULNERABLE ET INVERSEMENT.
Compte : 14 000 euros...(1000 de pertes)
3) Le coup de ma vie :
Le 19 novembre, à la cloture, je vois une action que retient toute mon attention. Atos Origin qui a
évolué toute la journée aux alentours de 150 finit au fixing à 137,2 ! Dès le lundi je décide
de me positionner dessus vers 132... Les jours passent. Au fure et à mesure que l'action remonte,
j'en rachète pour renforcer mes positions... Je vais en détenir environ 35 000 euros (levier
2,5). Le 30 novembre, elle atteint les 157. Je revends tout, en 10 jours j'ai gagné plus de 6 000
euros... Ca y est, cette fois je me crois invincible, j'ai une intuition en or pour deviner les
bons coup...
LA REUSSITE (DISCUTABLE) : TROUVER UNE ABERRATION QUE LES GENS VERRONT PEU (SUR UN GRAPHIQUE
HISTORIQUE, PERSONNE NE PEUT VOIR QUE C'EST JUSTE LE FIXING QUI A FAIT BAISSER L'ACTION). SE
RENFORCER AVEC LE MARCHE (SUIVRE LE MARCHE ET NON PAS ALLER A SON ENCONTRE)
Compte : 20 000 euros (6000 de gains)
4) La confirmation :
Novembre et Décembre vont être fabuleux... Je vais finir l'année 1999 avec 12 000 euros de gains
pour 15 000 investis. Les impots vont tout de même m'en prendre 3 000 que je ne reverrai pas avec
mes pertes... Je fais des intradays à longueur de journée sur des actions se trouvant dans des
tunnels (Alstom, Rhodia, Accor, délaissées pour la nouvelle économie). Achetant dans la journée
et revendant avec 1,5 % de gains. Tous ces allers-retours et ceux de l'année suivante vont faire
que je vais payer près de 45 000 euros de frais de courtage. Le fisc m'enverra même un formulaire
d'impot sur la fortune vu mes mouvements (30 millions d'euros de cession)...
ERREURS : 1) NE PAS AVOIR MIS DE COTE L'ARGENT POUR PAYER LES IMPOTS L'ANNEE SUIVANTE
2) LES INTRADAYS À 1 % C'EST BIEN SAUF QU'IL Y A LE RISQUE QUE L'ACTION CREVE SON PLANCHER
AUQUEL CAS LA PERTE PEUT EXCEDER TOUS LES GAINS CUMULÉS ET A L'INVERSE ELLE PEUT ECLATER LE
PLAFOND ET DANS CE CAS ON NE GAGNE PRESQUE RIEN...
3) FAIRE 80 % C'EST BIEN, MAIS MIS EN RELATION AVEC UN CAC QUI FAIT 40% SUR LA PERIODE, EN SACHANT
QU'EN PLUS JE JOUAIS EN LEVIER 3, C'EST PAS SI EXTRAORDINAIRE...
Compte : 28 000 euros (12 000 de gains)
5) L'arrogance :
L'argent me monte à la tête. En famille je parle de ces gains faramineux alors que mes soeurs et
beaux-frère peinent avec leur SMIC... Et les alertes du marché qui me font perdre durant l'hivers
2000 une grosse partie de mes gains ne me font pas perdre confiance... Bien que je revienne proche
de mon point de départ, un nouveau bon coup va me renforcer dans ma conviction de trader : le 2
février Suez annonce se lancer dans les nouvelles technologies... A l'époque, une telle annonce
faisait grimper les actions. J'ai le temps d'en acheter 60 000 euros à 30.5 que je revendrai le
lendemain à 34.6. Mettant mes autres échecs sur le dos de mon emploi qui m'empêchait parfois
d'être devant l'écran (lorsque je devais partir en rendez-vous à l'extérieur, je donne ma
démission pour vivre de la bourse...)
ERREURS : QUITTER SON BOULOT (REVENUS GARANTIS) POUR LA BOURSE (REVENUS ALEATOIRES, SURTOUT APRES
SEULEMENT 7 MOIS DE TRADING). EN PLUS, NE FAIRE QUE DE LA BOURSE VOUS FAIT PERDRE LE SENS DES
REALITES ET DE L'ARGENT...
REUSSITE: ACHETER UNE ACTION QUI FAIT UNE ANNONCE POSITIVE SANS QUE LE MARCHE REAGISSE... MAIS
SURVEILLER TOUT DE MEME DE PRES L'EVOLUTION DANS LA JOURNEE. RECEMMENT J'AI FAIT LE MEME COUP
GAGNANT AVEC INFOGRAMMES LORSQU'ELLE AVAIT ANNONCE UNE REUSSITE DE DRIV3... DANS LA JOURNE ELLE A
PRIS 10 %. MAIS SI LE MARCHE DE REAGIT PAS EN FIN DE JOURNEE, ALORS IL S'AGIT D'UN
NON-EVENEMENT...
Suite :
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6) Les désillusions :
Et voila, le 2 avril je démarrais, sûr de moi. J'avais rappatrié l'argent confié à mes potes
québécois et avait proposé à des amis de gérer leur argent. J'étais tellement inconscient que
leur garantissais 12 % de rendement annuel et 25 % des bénéfices excédentaires... Je pouvais donc
jouer avec plus de 35 000 euros...
Je m'équipais : 6 Pc reliés en réseau, le tout relié à la Lyonnais Cable (Noos). J'avais sous
les yeux les carnets d'ordre des 40 actions du CAC 40 en live (fenêtres popup) et je me levais
dès 9 h pour ne plus quitter les écrans jusqu'à 17 h 30 (même le repas du midi se faisait
devant le clavier...).
ERREUR : RESTER TROP DEVANT LES MARCHÉS. CA DEVIENT OBSESSIONNEL ET ON PERD LES PEDALES. LE MIEUX
EST DE SE FORCER A ALLER PRENDRE UNE MARCHE LORSQUE CA NE VA PAS PLUTOT QUE DE SE MORFONDRE...
Le 17 avril, après plusieurs investissements au-delà du raisonnable (exposition de 140 000 euros,
soit effet levier 4, dont je ne possédais réellement que 8 000 euros là dessus, soit un levier
théorique de 16 sur mes fonds propres), le Dow finit en baisse ce vendredi 17 avril de 5 %. Le
lundi, mon exposition m'oblige à revendre des actions à pertes... L'inimaginable (le Dow qui
perd 5 % sans raison claire) venait d'avoir lieu. J'aurais du être alerté par le Nasdaq qui le 4
avril avait perdu plus de 13 % en séance avant de cloturer en baisse de 2 %... Un tel signal aurait
au moins du me pousser à réduire mon exposition...
De 35 000, mon compte avait plongé à 25 000....
ERREUR : NE JAMAIS CROIRE QU'UN INCIDENT EST IMPOSSIBLE. LORSQU'ON EST AVEC LEVIER (CE QUE JE NE
FAIS PLUS DU TOUT), ON OUBLIE QUE LA BAISSE EST DÉCUPLÉE ET PEUT FORCER VOTRE COURTIER À CLOTURER
CERTAINES DE VOS POSITIONS...
7) Le coup de grace :
Et enfin, l'épisode equants en mai :
Le 17, j'achète Equant à 69 euros, elle doit publier ses résultats et a déjà perdu près de 50
% par rapport à ses plus hauts. Je suis tellement confiant que j'en achète avec un levier 3... Le
marché se trompe bien sûr. Il a peur pour rien... Vu comment Equant a été vendue, même la pire
des nouvelles ne pourra que faire remonter le titre... Môsieur Pascal LECLERCQ sait mieux que le
marché sur la valeur d'Equant...
Les 18, 19 et 20 mai je vais vivre le pire cauchemard de ma vie : elle va perdre 21 % le 18, 16 % le
19 et encore 9 % le 20... Pendant 3 jours, je vais perdre près de 600 euros par heure, à la
regarder dégringoler... En 1 heure je perds 2 semaines du salaire d'un smicard....Je crois que
j'ai du dormir 2 heures en 2 nuits...
ERREURS :
1) NE JAMAIS PARIER SUR LES PUBLICATIONS D'UN RESULTAT. D'AUTANT QU'UNE MAUVAISE NOUVELLE PEUT
FAIRE PERDRE 30 % A UNE ACTION ALORS QUE J'AI PEU DE SOUVENIR D'AVOIR VU UNE ACTION GRIMPER DE 30
% A LA SUITE DES SES RESULTATS.
2) CERTES EQUANT AVAIT PERDU 50 % PAR RAPPORT A SES PLUS HAUT, MAIS ELLE EN AVAIT QUAND MEME GAGNE
100 % PAR RAPPORT A 1998... TOUT EST RELATIF...
8) Ma reconstruction :
Heureusement pour moi, la bourse m'ayant forcé à me mettre à l'informatique m'a permis de
trouver un boulot dans ce secteur dès le mois d'août (au moins, après ces pertes et bien qu'il
me restait 5 000 euros, j'avais compris que mon rêve était fini... ). Les impots de septembre me
prirent tout ce qu'il me restait... A sec financièrement je retournais vivre chez ma mère à 1 h
15 de Paris en train (ou se trouvait mon boulot, alors qu'avant je vivais sur Paris). J'ai fini de
rembourser mes amis (avec les 12 % car je tenais à ce que ça me serve de leçon d'avoir été si
arrogant) en novembre 2001 (avec le prêt bancaire, je remboursais donc 1000 euros par mois sur les
1 500 de mon salaire) et le prêt bancaire en juillet 2004.
Je donnais 5 de mes 6 ordinateurs à mes frères et soeur (tant mieux car ils n'avaient pas les
moyens d'en acheter)...
Aujourd'hui j'ai immigré à Montréal, ai fondé mon entreprise d'informatique qui se porte
bien, me remet petit à petit à la bourse mais avec une règle d'or : COUPER MES PERTES DES
QU'ELLES ATTEIGNENT 12 % DE MON CAPITAL. SI CET EVENEMENT A LIEU, ATTENDRE 1 AN AVANT DE REJOUER DE
NOUVEAU AFIN QUE CHAQUE ANNEE, QUOIQU'IL ARRIVE, MON EPARGNE GRIMPE (LES FRUITS DE MON TRAVAIL
SURCOMPENSANT MES EVENTUELLES PERTES BOURSIERES).
Même si j'ai fait 10 % de gains en 2004, je me garde de toute euphorie... Ces 10 % valent de l'or
pour moi et je sais qu'il serait absurde d'espérer réaliser ça chaque année... Mais ce qui
compte par dessus tout, c'est mon boulot actuel (et sur ce point, je remercie la bourse de m'avoir
fait arriver dans ce secteur)
Parmi les erreurs non citées, une de celles contre laquelle je lutte est l'impatience. Pour un
trader, ne pas être sur le marché est difficile... On a toujours peur qu'il grimpe sans nous, que
l'on va louper une occasion.. Moi-même j'ai du mal.. Alors, je reste toujours engagé, simplement
je modifie ma présence : quand je suis dans un grand doute (le moment ou en fait je devrait
carrément me retirer), j'achète pour 2 % de mon portefeuille d'un warrant sur le CAC... Ca me
donne une action avec un risque minuscule... Idem avec une action... Une action qui perd 3 %, on se
rue dessus de peur qu'elle remonte... Alors que souvent, on ferait mieux d'attendre un peu quitte
à louper certaines occasions...
Je suis sûr qu'il y a des tonnes d'autres conseils a donner. Mais le plus important de tous est
de savoir ce que vous risquez. Et fixez vous des objectifs... Si vous faites 20 % sur l'année
quand le marché en a fait 5 %, soyez en heureux... Faites vous plaisir... Partez en voyage...
Combien de traders ont été riches, très riches en 2000 avant de tout reperdre... Prenez au moins
vos gains, ne les remisez pas...
Bon courage à tous, et pour ceux qui ont subi des pertes comme moi, ne vous découragez pas...
C'EST AVEC LES PIRES DEFAITES QUE L'ON CONSTRUIT LES PLUS BELLES VICTOIRES....MAIS N'ESPEREZ PAS
NON PLUS VIVRE RAPIDEMENT DE LA BOURSE UNE NOUVELLE FOIS...
Pas mal ! Beaucoup de chose très juste dans ce qu'il dit !
Effectivement articles très sympa où on se retrouve
Pour avoir vécu la même période et être entré en bourse dans ces années là aussi, je peux
dire que j'ai éprouvé des sentiments identiques, des réactions similaires, je croyais avoir
trouvé la vérité, jusqu'à imaginer me retirer du monde du travail à la cinquantaine.
Rêver est naturel, il faut avoir des objectifs les plus fous mais il faut éviter les extrêmes et
ne pas oublier de garder les pieds sur terre.
Pourquoi mon pseudo est Cigale ?
Je ne voulais pas ressembler à la fourmi, qui ne pense qu'à mettre de coté, pour le jour
d'après, l'année d'après......................
Et je n'ai changé d'avis mais comme je l'ai dit plus haut, un juste milieu entre la cigale et la
fourmi est certainement plus raisonnable................
Regarde ce dessin :
ecoutes silverman et trading sat tu seras pas emmerdé
Très sympa le dessin Cigale, et assez vrai ! :-)
Relu et décidément on s'y croirait avec la hausse des marchés puis une forte chute qui balaye
tout sur son passage.