PARIS (Reuters) - Batailles boursières, tempêtes monétaires, crises diplomatiques: la torpeur de
l'été est souvent trompeuse tant les événements majeurs tendent à s'y produire avec une
intensité inversement proportionnelle au rythme langoureux de l'activité.
Si la polémique sur les bonus des employés des banques françaises retarde quelque peu les
vacances de leurs communicants, elle fait un peu l'effet d'une tempête dans un verre d'eau en
comparaison des crises estivales des deux dernières décennies.
L'éclatement de la crise financière en août 2007 est directement lié aux ennuis de Jean-Pierre
Mustier, soupçonné d'avoir profité d'informations privilégiées lors de la vente de son
portefeuille financier qui comprenait des actions Société générale.
L'ancien patron de Jérôme Kerviel, qui a démissionné jeudi de la Société générale, a
expliqué au Nouvel Observateur avoir pris sa décision en raison du dérèglement des marchés
obligataires qui s'est manifesté en août 2007 et qui préfigurait l'implosion des marchés
interbancaires un an après.
Au niveau monétaire, les étés de la décennie 90 ont été chargés en bouleversements de toutes
sortes, avec entre autres, en août 1992, les attaques spéculatives visant à rompre la parité
entre le mark et le franc ou le raid réussi du milliardaire Georges Soros contre la livre
sterling.
Durant la deuxième moitié de la décennie les crises monétaires se sont déplacées pour
atteindre l'Asie en juillet 1997, puis la Russie un an plus tard.
L'été peut aussi servir de cadre à des batailles boursières inattendues ou à des faillites
retentissantes.
L'offre publique d'échange hostile lancée par Total sur Elf Aquitaine en juillet 1999 a donné
lieu à l'une des batailles boursières les plus épiques de la place de Paris avec à la clé
l'utilisation d'une offre "Pac-Man", lorsque Elf s'est retourné - sans succès - contre son
prédateur.
L'été 2002 voit aussi la vérité éclater sur la viabilité financière de Vivendi et sa
rétrogradation, en quelques mois, de star de ce que l'on appelait à l'époque "la nouvelle
économie" au statut d'obligation pourrie avec la menace bien réelle d'un dépôt de bilan.
Au niveau politique, la canicule de l'été 2003 avec ses milliers de morts a laissé un souvenir
amer aux membres du gouvernement Raffarin, accusés de n'avoir pas compris assez vite l'ampleur de
la catastrophe.
LA TRÊVE ESTIVALE PORTE MAL SON NOM
La trêve estivale porte souvent mal son nom puisqu'elle est aussi particulièrement propice à des
crises diplomatiques majeures.
Sans remonter à la Première Guerre mondiale où l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand
le 28 juin 1914 débouche sur un conflit généralisé en août, les conflits sont nombreux à se
déclencher durant l'été.
La Géorgie a ainsi marqué vendredi le premier anniversaire de son bref conflit armé avec la
Russie, déclenché par une offensive avortée des autorités de Tbilissi pour reprendre le
contrôle de la région sécessionniste d'Ossétie du Sud.
Juillet 2006 a vu Israël et le Hezbollah s'affronter au Liban, tandis que l'Irak de Saddam
Hussein a envahi le Koweït en août 1991. Le même mois les "durs" du Parti communiste ont
échoué dans leur tentative de coup d'état dans une Union soviétique sur le point de
s'effondrer.
En août 2009, c'est l'Iran qui est une source d'inquiétude majeure en raison de son poids
stratégique dans la région et de l'impact qu'une crise internationale pourrait avoir sur les
cours du pétrole. Une nouvelle crise pétrolière pourrait tuer dans l'oeuf les premiers signes de
reprise de l'économie mondiale.
"Une des grandes questions du moment c'est l'Iran", confirme Marc Ulmann, président du groupe
de réflexion "Le groupe des vigilants".
Il note que le devenir du régime iranien est l'une des principales inconnues géopolitiques
actuelles, même s'il estime qu'une crise majeure a peu de chances de survenir tant l'Occident a
peu d'intérêt à entrer en conflit ouvert avec l'Iran.
Pour Christian de Boissieu, le président délégué du conseil d'analyse économique, les enjeux
majeurs sont bien identifiés.
Les pratiques de rémunération dans le secteur bancaire et la régulation du système financier au
sommet de Pittsburgh en septembre, sont une priorité selon lui.
"Au coeur de l'été on voit bien l'importance du G20 de Pittsburgh car celui de Londres en avril
a posé des bases mais cela n'a pas été suffisamment loin".
La montée du chômage, particulièrement celui des jeunes, ainsi que la chute du dollar sont
d'autres enjeux macro-économiques majeurs "déjà inscrits dans les chiffres", souligne
Christian de Boissieu. "La baisse du dollar qui se confirme cet été pourrait être un des sujets
de fin 2009, et début 2010."
Peter Apps et Julien Ponthus

Certains s'attendaient à une baisse cet été, que nenni !
Belle hausse qui a mis à mal les shorters !