Quelle fiabilité ? Quelle utilité ?...
Eberhardt Unger(*)
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Les agences de notation (Moody's, S&P, Fitch) sont parfois plus que difficile à comprendre. Ces
mêmes institutions qui ont essuyé tant de violentes critiques, pour avoir depuis des années noté
les junk bonds en AAA, abaissent, en ce mois de décembre, la note des obligations de l'Etat grec
à BBB+ en raison du ratio élevé de sa dette publique (120% du PIB) et des nouvelles dépenses
envisagées par le gouvernement à hauteur de 12,7% du PIB.
La note du Mexique a également été abaissée à BBB.
Concernant les Etats-Unis, Moody's exprime seulement des préoccupations et indique que ce pays
devrait faire davantage d'efforts pour consolider ses finances publiques. Rappelons que le déficit
budgétaire du gouvernement fédéral américain s'élève à 1 400 milliards de dollars soit
environ 10% du PIB, et sa dette se situe aux environs de 85% du PIB.
Si on inclut les déficits des états et des municipalités, le pourcentage passe à 102% du PIB. En
tenant compte des sociétés nationalisées et de celles qui ont une garantie du gouvernement,
telles que Fannie Mae ou Freddie Mac, on atteint même 124% du PIB, soit plus du double du critère
fixé par Maastricht.
Les gouvernements des pays touchés par le déclassement, et ceux qui pourraient être confrontés
à un tel risque, ont immédiatement annoncé leur intention de parvenir, avec la mise en place de
mesures économiques conséquentes, à un rapide assainissement de leurs finances publiques.
Mais, malheureusement, ces plans ne peuvent pas être pris au sérieux. Ce ne sont justes que des
mots, comme nous le montrent les expériences des dernières décennies. En considérant l'exemple
du Japon avec son endettement national à 160%, on peut même considérer qu'il y a encore une
marge de "progression" importante pour nos pays occidentaux.
Conclusion : les évaluations des agences de notation ne sont d'aucune aide pour un investisseur
qui doit prendre ses décisions en se projetant dans l'avenir. L'investisseur, dont la qualité
première est l'anticipation, doit se positionner sur l'achat ou la vente d'obligations d'état
bien avant que les agences aient fait évoluer leur notation.
(*) Dr. Eberhardt Unger est un économiste indépendant, fort de plus de 30 ans d'expérience des
marchés et de l'économie.