(BFM Bourse) - Le groupe français veut racheter le spécialiste italien des produits électroniques et électroménagers avec le soutien de son actionnaire majoritaire. Fnac Darty a profité de cette annonce pour livrer ses résultats préliminaires du premier semestre.

Fnac Darty compte sur une nouvelle emplette pour se renforcer dans le sud de l'Europe. Présent en Espagne et au Portugal, le spécialiste de la vente de biens culturels et d'électroménager veut conquérir l'Italie, avec le projet de racheter son comparable italien Unieuro.

La cible n'a pas été choisie par hasard. Unieuro est le numéro un italien des produits électroniques et de l’électroménager avec 17% de part de marché. Le groupe affiche un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d'euros en 2023. Il dispose d’un réseau dense de près de 500 magasins intégrés et affiliés répartis sur l’ensemble de l’Italie avec une présence significative dans le nord et le centre du pays (71% des magasins).

Comme Fnac Darty, Unieuro a aussi orienté sa stratégie vers des activités de services, notamment après le rachat de Covercare, spécialiste de la réparation et des services à domicile.

Unieuro étant coté à la Bourse de Milan, ce projet d'acquisition va donc prendre la forme d'une offre publique d'achat (OPA). Le groupe est valorisé 249 millions d'euros, et pour piloter au mieux cette opération, Fnac Darty va pouvoir compter sur le soutien de son actionnaire de contrôle Daniel Kretinsky, et notamment sur Ruby Equity Investment, l'une des sociétés d'investissement du milliardaire tchèque.

Un coût d'acquisition raisonnable

Dans le détail, Fnac Darty et Ruby Equity Investment envisagent de créer une société d’investissement commune. Elle sera contrôlée et consolidée par Fnac Darty, qui en détiendra 51%, quand Ruby Equity Investment en possédera le solde, soit 49%.

Cette société lancera donc une OPA mixte libellée à 12 euros par action ce qui représente une prime de 46%, par rapport au cours de clôture de mercredi soir, soit 8,22 euros. Pour chaque action Unieuro, 9 euros seraient payés en numéraire - dont les deux tiers apportés par Ruby Equity et un tiers par Fnac Darty. Le reste, en titres Fnac Darty sur la base d'une parité de 0,10 action nouvellement créées, sur la base du cours de clôture de 30,20 euros au 15 juillet 2024, et qui représenteront environ 6,6% du capital du groupe français post-opération.

Au total, la hausse de l’endettement net de Fnac Darty serait donc limité à 56 millions d'euros, le groupe détenant déjà 4,4% d'Unieuro. "Daniel Kretinsky est donc dans le coup puisque Ruby Equity est affilié à Vesa Equity (la société d'investissement contrôlée par Daniel Kretinsky, NDLR). Ce montage permet au groupe d’avoir les moyens de faire d’autres opérations", rappelle Florent Thy-tine, responsable de la recherche actions chez TP ICAP Midcap.

Cette offre doit maintenant être acceptée par Unieuro dont Iliad est le principal actionnaire avec 12,2% du capital. Fnac Darty envisage de boucler ce rapprochement avec son comparable italien au cours du quatrième trimestre 2024.

A la Bourse de Milan, le titre Unieuro bondit de 36,65% à 11,26 euros, vers 12h10 se rapprochant ainsi du prix de l'offre envisagée par Fnac Darty.

Une "acquisition pertinente"

Le nouvel ensemble représenterait ainsi 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 30.000 collaborateurs et plus de 1.500 magasins, et constituerait un acteur majeur de la vente de produits électroniques, d’électroménager, de produits éditoriaux et de services en Europe de l’Ouest et du Sud.

Pour Fnac Darty, cette opération est une "opportunité unique [...] de poursuivre son ambition à long terme de consolidation de ses marchés et de renforcement de son modèle économique à l’échelle européenne".

Le spécialiste des biens culturels s'attend ainsi à réaliser 20 millions d'euros de synergies en année pleine dès 2025 principalement grâce à des économies d’échelle sur les achats.

Fnac Darty envisage un impact relutif supérieur à 10% sur son bénéfice net par action pour 2025, synergies comprises, et un impact positif sur son résultat opérationnel courant et son cash-flow opérationnel.

"Sur le papier, cette acquisition peut sembler pertinente et permettre au groupe de se renforcer en Italie avec une valorisation qui reste raisonnable (autour de 7 fois l'EBIT 2023/2024)" apprécie TP ICAP Midcap qui maintient sa recommandation à l’achat tout comme son objectif de cours à 33 euros.

Des résultats préliminaires

Le groupe profite de cette annonce pour donner des indications préliminaires sur ses résultats du premier semestre. Fnac Darty a déclaré avoir réalisé un chiffre d’affaires total de 3,39 milliards d’euros, en croissance de +1,4% en données publiées et de +0,1% en données comparables.

La prestation semestrielle de Fnac Darty est en "ligne avec les attentes" de TP ICAP Midcap qui prévoyait pour sa part des ventes semestrielles de 3,378 milliards d'euros.

Le spécialiste de la vente de biens culturels et d'électroménager a une nouvelle fois fait preuve de résistance dans un contexte économique difficile, marqué par un repli de la consommation. Et a même accéléré la cadence d'un trimestre sur l'autre. Ses revenus ont progressé de 2,1% en données publiées, au deuxième trimestre, après une croissance de 0,8% en données publiées entre janvier et mars.

Le résultat opérationnel courant reste négatif à hauteur de 36 millions d'euros, marquant une stabilité par rapport au premier semestre 2023. TP ICAP Midcap redoutait pour sa part une perte opérationnelle courante un peu plus importante, de 39 millions d'euros. Pour avoir plus de détails, les investisseurs devront patienter jusqu'au 24 juillet après Bourse, afin de découvrir l'intégralité des résultats semestriels de Fnac Darty.

A la Bourse de Paris, le marché ne sait plus comment accueillir le projet italien de Fnac Darty. Le titre recule désormais de 4,4%, vers 12h10 après avoir gagné jusqu'à 5,9% dans les premiers échanges.