(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite confirme son objectif d'Ebitdar pour 2024, en marge de la publication de ses comptes du premier semestre. L'ex-Orpea a aussi relevé son objectif de cessions immobilières à fin 2025.

Pas à pas, Emeis (ex-Orpea) tente de tourner la page d'un passé sulfureux et de prouver que la lourde restructuration menée ces derniers mois au prix d'une forte dilution pour les actionnaires, peut augurer d'un avenir meilleur.

Le spécialiste de la prise en charge et de la dépendance a fait le point sur ses performances financières en dévoilant ses résultats semestriels jeudi soir. Le marché avait déjà eu un aperçu de la teneur des comptes présentés par Emeis, puisque le spécialiste de la prise en charge de la dépendance avait avait communiqué fin juillet, ses résultats préliminaires du premier semestre. .

Ces résultats complets montrent une "amélioration notable des fondamentaux de l’entreprise", selon Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l'analyse de marchés chez eToro.

Objectifs confirmés pour 2024

Entre janvier et juin, Emeis, a ainsi réalisé une croissance de son chiffre d'affaires de 9,2% sur un an, (+8,9% en organique) à 2,77 milliards d'euros. Le groupe explique avoir bénéficié sur la période d'une amélioration de 2,6 points de pourcentage de son taux d'occupation, à 85,3% sur un an, à la faveur d'une "dynamique de reprise marquée" sur les marchés d'Europe du Nord, du Sud et des pays d'Amérique Latine.

En France en revanche, le taux d'occupation n'a progressé que de 0,4 point de pourcentage sur un an à 85,8%. Emeis souffre encore d'un déficit réputationnel après la parution en janvier 2022 du livre-enquête "Les Fossoyeurs" du journaliste Victor Castanet, quand la société s'appelait encore Orpea. L'ouvrage avait révélé des mauvais traitements sur les résidents et des malversations financières de la part de l'ancienne direction.

La société dit cependant observer une remontée de ce taux d'occupation en France depuis le début du second semestre, avec une inflexion positive depuis juin.

Du côté de la rentabilité, le résultat opérationnel avant loyers et dépréciations (Ebitdar) sur l'ensemble du premier semestre est quasi stable, pour s'établir à 339 millions d'euros contre 336 millions d’euros dégagés un an plus tôt. Le chiffre annoncé par Emeis ressort donc dans le haut de la fourchette communiquée par la direction en juillet dernier, soit entre 330 et 340 millions d’euros.

L'exploitant de maisons de retraite rappelle avoir dû consentir à une augmentation de ses ressources dans les établissements, notamment dans les recrutements pour attirer des collaborateurs, ce qui a pesé sur son indicateur clé de rentabilité.

"Des défis demeurent pour le groupe, son taux d’occupation dans les maisons de retraite en France reste en deçà du niveau normatif, ce qui affecte la rentabilité opérationnelle. Emeis doit rivaliser avec d’autres grands acteurs du secteur comme Korian et LNA Santé, qui ont également des stratégies de croissance et de rentabilité solides", avance Antoine Fraysse-Soulier.

Des pertes semestrielles réduites

Du côté du résultat net, celui-ci reste encore dans le rouge à 257 millions d'euros au premier semestre, mais le groupe est parvenu à réduire son déficit par rapport aux 371 millions d'euros un an auparavant.

Le groupe confirme ses objectifs 2024, qui avaient abaissés en juillet dernier. La société prévoit de réaliser un Ebitdar compris entre 700 et 730 millions d'euros, soit une progression comprise entre 0% et 5%.

Du côté des cessions d'actifs immobiliers, Emeis dit avoir accéléré la cadence en vue de ramener son ratio dette nette/EBITDA (résultat brut d'exploitation) sous 9 à partir de juin 2025​. Le groupe a cédé sur le semestre pour 159 millions d'euros d'actifs immobiliers, avec des promesses de vente supplémentaires de 106 millions d'euros qui seront finalisées d'ici 18 mois.

Depuis juin 2022, le spécialiste de la prise en charge de la dépendance ainsi vendu pour un total de 452 millions d'euros d'actifs, et indiquait en juillet dernier espérer réaliser 670 millions d'euros de produits bruts de cessions immobilières à fin 2024.

Emeis a profité de ce point semestriel pour relever son objectif de programme de cessions à fin 2025. Le groupe vise 1,5 milliard d'euros de cessions, là où le groupe tablait encore en juillet sur 1,25 milliard d'euros.

"Emeis continue à rationaliser ses actifs pour respecter ses engagements financiers tout en affichant une liquidité supérieure à 300 millions d'euros", note Antoine Fraysse-Soulier.

"En résumé, bien que les résultats d’Emeis reflètent les premiers bénéfices des mesures prises ces 18 derniers mois et confirment les perspectives de l’entreprise pour l’année 2024, il reste des défis majeurs à relever pour se hisser au niveau de ses principaux concurrents", conclut le spécialiste.

A la Bourse de Paris, l'action est très volatile après l'annonce de ces résultats. En nette hausse de 8,7% dès les premiers échanges, le titre s'est retourné à la baisse et perd désormais 3,7%, ce faisant la plus forte baisse du SBF 120 vers 12h00.