(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite sabre notamment son objectif 2024 de son indicateur clé de rentabilité, en raison d'un redressement plus faible qu'attendu du taux d'occupation dans ses établissements en France.
Certaines sociétés profitent d'un vendredi soir ou d'une veille ou de jours fériés pour faire passer des mauvaises nouvelles à la communauté financière. C'est le cas d'Emeis, l'ex-Orpea qui a abaissé sa projection 2024 pour son indicateur phare de sa rentabilité opérationnelle.
Le spécialiste de la prise en charge de la dépendance a abaissé ses objectifs en marge de la publication de ses résultats préliminaires pour son premier semestre. Entre janvier et juin, Emeis, s'attend par exemple à réaliser un chiffre d'affaires en hausse de 9,2% sur un an, (+8,9% en organique) à 2,77 milliards d'euros.
Un taux d'occupation en France décevant
Mais plus bas dans les comptes, le redressement n'est pas aussi soutenu qu'attendu. La société qui a fait l'objet d'une lourde et douloureuse restructuration pour ses actionnaires, ne vise désormais plus qu'un Ebitdar (son résultat opérationnel avant loyers) compris entre 700 et 730 millions d'euros, soit une progression comprise entre 0 et 5%.
Le groupe indique dans son communiqué que "cette perspective intègre l'effet d'un plan d'actions engagé en France sur le second semestre visant à rééquilibrer l'adéquation niveau d'activité / ressources pour tenir compte du décalage des prévisions de taux d'occupation".
"L’essentiel de cette révision provient des activités françaises pour qui le redressement opérationnel nécessite un délai supérieur à celui initialement prévu", rappelle pour sa part Invest Securities dans sa note publiée ce lundi matin.
Effectivement, le taux d'occupation des Ehpad en France n'a atteint que 83,1% au premier semestre et n'a progressé que de 0,5 %, a expliqué la direction dans un communiqué, malgré une évolution favorable en fin de semestre.
Le groupe paye encore le prix d'une réputation écornée, après la parution en janvier 2022 du livre-enquête "Les Fossoyeurs" du journaliste Victor Castanet. Les finances et le cours de Bourse d'Orpea avaient été durement mis à mal par les révélations de cet ouvrage concernant des accusations de mauvais traitements sur les résidents et des accusations de malversations financières de la part de l'ancienne direction.
En parallèle, le spécialiste de la prise en charge de la dépendance a dû consentir à une augmentation de ses ressources dans les établissements, notamment dans les recrutements pour attirer des collaborateurs. Ce qui a pesé sur l'Ebitdar sur l'ensemble du premier semestre, qui est estimé entre 330 et 340 millions d’euros, et qui se compare aux 336 millions d’euros dégagés un an plus tôt .
D'autant plus que ce n'est pas la première fois qu'Emeis procède à un ajustement de ses prévisions cette année. Le groupe avait revu une première fois sa mire en avril dernier. Le groupe avait indiqué au marché tabler sur un Ebitdar en progression de 15% à 20% cette année, ce qui traduit une prévision comprise entre 800 millions d'euros et 835 millions d'euros.
Ce nouvel abaissement d'objectif de rentabilité opérationnelle est logiquement sanctionné par le marché. A la Bourse de Paris, le titre Emeis décroche de 9,8% à 12,22 euros, ce lundi matin, et accuse la plus forte baisse du SRD.
Un objectif de cessions immobilières abaissé
Outre son indicateur clé de rentabilité, l'ex-Orpea a aussi abaissé son objectif de cessions d'actifs immobiliers, citant "un contexte immobilier qui demeure peu favorable". Emeis s'attend à réaliser à fin 2024 environ 670 millions d'euros de produits bruts de cessions immobilières depuis mi-2022.
Ce montant s'avère bien inférieur à la trajectoire initiale prévue par le groupe de 750 millions d'euros fin 2024 et s’inscrit dans le cadre de son engagement de 1,25 milliard d'euros de cessions à réaliser d’ici fin 2025 explique Emeis. "Ce décalage est essentiellement lié au report sur l’exercice 2025 d’une opération immobilière en France", poursuit le spécialiste de la prise en charge de la dépendance.
Le groupe indique aussi avoir engagé des mesures "conservatoires complémentaires significatives "sur ses postes d’investissement, afin de réduire les répercussions de ces abaissements d'objectifs sur sa trajectoire de trésorerie.
"Par ailleurs, tel qu’indiqué dans le plan de Refondation, et au-delà de cessions d’activités opérationnelles déjà engagées hors d’Europe, des cessions d’actifs opérationnels (intégrant la cession de l’exploitation) plus significatives pourraient être envisagées, conduisant ainsi à améliorer la situation de trésorerie du groupe entre fin 2024 et début 2025", conclut Emeis.
Recevez toutes les infos sur EMEIS (ex-ORPEA) en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email