PARIS (Reuters) - EDF ne pourra pas indéfiniment s'endetter pour financer ses investissements de maintenance en France et devra augmenter ses tarifs selon un rythme à définir, a déclaré à Reuters son P-DG Pierre Gadonneix.
"On a augmenté l'investissement en France sans que les recettes augmentent", a-t-il dit en marge d'une réception à l'Elysée. "Donc c'est entièrement financé par de la dette et c'est clair qu'on ne peut pas faire ça longtemps."
Il a cependant estimé que ses récents propos sur la nécessité d'une hausse tarifaire avaient été déformés.
"J'ai dit qu'il y avait un écart par rapport à nos coûts, à partir du moment où on relance l'investissement, et qu'il faudra le rattraper", a expliqué Pierre Gadonneix.
"Mais je n'ai jamais dit qu'il fallait du jour au lendemain augmenter les tarifs de 20%. Je n'ai jamais dit ça", a-t-il ajouté. "J'ai dit qu'il faudra le rattraper dans la durée."
Depuis 2005, EDF est une société anonyme. Mais l'Etat y reste majoritaire et le gouvernement garde le pouvoir de fixer les tarifs, qui sont parmi les moins élevés en Europe.
Un contrat de service public garantit jusqu'en 2010 que l'augmentation des tarifs de l'électricité ne pourra dépasser l'inflation pour les particuliers.
"Pour cesser de nous endetter, il faudra une hausse de 20% des tarifs. Mais elle peut s'étaler sur trois ans, par exemple, ou même un plus", a déclaré Pierre Gadonneix la semaine dernière dans une interview publiée par l'hebdomadaire Paris Match.
"MODULER LE RYTHME" DES HAUSSES TARIFAIRES
Cette déclaration a suscité un début de polémique et des rumeurs, alimentées par des articles de presse, sur le sort de Pierre Gadonneix, dont le mandat arrive à échéance cet automne.
Le président d'EDF s'en tient à la lettre de la loi, selon laquelle les tarifs de l'électricité doivent refléter les coûts.
"En France, on a augmenté l'investissement de quatre milliards d'euros. Mais c'est essentiellement la partie réseau et la partie maintenance. Ça ne génère pas de revenu", a-t-il expliqué à Reuters.
"Donc, ça ne peut être financé à terme que par des ajustements de nos recettes, c'est-à-dire des tarifs", dont "on peut moduler le rythme", a-t-il poursuivi. "A court terme on peut s'endetter. C'est ce qu'on fait. Mais ça ne peut pas durer éternellement."
Il a souligné que les investissements très lourds d'EDF à l'étranger ne posaient pas ce type de problème dans la mesure où ils étaient couverts par les revenus internationaux du groupe.
"Ce qui compte, ce n'est pas le montant en valeur absolue de la dette, c'est de savoir si c'est couvert par des recettes", a-t-il expliqué. "Et à l'international, la dette est entièrement couverte par des recettes. Le problème, c'est l'augmentation de l'investissement en France, qui est essentiellement de l'investissement de maintenance."
Il a réaffirmé qu'EDF souhaitait pour l'instant garder ses anciennes centrales nucléaires en améliorant leurs performances et en allongeant leur durée de vie.
"On n'a pas tellement besoin de croissance de capacité en base, parce que le nucléaire c'est la base. On va investir dans 6.000 MegaWatts en six ans - un quart en nucléaire et trois quarts en cycle combiné, en turbines, en éolien ...", a-t-il expliqué.
Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
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