(BFM Bourse) - Entretien accordé à La Vie Financière par Patricia de Suzzoni, directrice des marchés et du service public à la CRE.
Quel est le rôle dévolu à la Commission de régulation de l'énergie (CRE) ?
Les opérateurs historiques restent en situation de monopole sur les activités de transport et les infrastructures. Le rôle du régulateur est donc de fixer les règles générales de fonctionnement afin qu'ils n'en abusent pas. En raison de la position dominante des opérateurs historiques sur la partie production et commercialisation, la CRE surveille également la formation des prix, notamment sur les marchés de gros. D'une manière générale, la CRE veille au bon fonctionnement des marchés.
La déréglementation des télécoms a permis l'essor de nouveaux acteurs. Va-t-il se passer la même chose dans l'énergie ?
Au départ, ce sont deux situations très différentes. Dans les télécoms, les opérateurs sont tout de suite intervenus sur toute la chaîne de valeur, installant des box chez le client. Grâce à l'innovation permanente, ils se sont fait rapidement une place sur le marché du mobile et de l'accès à Internet. Dans l'énergie, le champ de l'innovation peut paraître plus restreint. Les offres des opérateurs aideront certainement le client à prendre conscience qu'il peut faire des économies sur sa facture en gérant mieux sa consommation. Alors que dans les télécoms la dérégulation a conduit le client à consommer plus, dans l'énergie, elle l'amènera sans doute à consommer mieux.
Les opérateurs historiques de l'énergie risquent-ils de perdre une partie de leurs clients, à l'instar de France Télécom ?
Pour les opérateurs historiques de l'énergie, la concurrence est déjà un fait acquis sur le marché des professionnels. Aujourd'hui, les fournisseurs alternatifs ont pris 12 % de part de marché en volume à EDF et 15 % à Gaz de France. Sur le marché des particuliers, on retrouvera globalement les mêmes fournisseurs alternatifs que sur le segment des petits professionnels. Au début, on peut s'attendre à ce que les concurrents fassent les mêmes prix que les opérateurs historiques, moins un petit quelque chose. Puis, comme dans les télécoms, le consommateur va gagner en maturité et s'apercevoir qu'il peut obtenir plus d'informations pour piloter sa consommation. Une facture avec un relevé tous les six mois ne lui suffira plus. Peu à peu, le client sera réceptif à de nouvelles offres, surtout si elles sont porteuses d'innovation
Propos recueillis par M.-J. P.
Recevez toutes les infos sur EDF en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email