MADRID (Reuters) - La compagnie espagnole d'électricité Iberdrola a renforcé vendredi sa défense contre d'éventuelles OPA hostiles en demandant à l'autorité nationale de régulation du secteur, la CNE, de limiter l'influence du groupe de construction ACS, qui a déjà eu des discussions avec le français EDF.
Iberdrola attend de la CNE qu'elle plafonne à 3% les droits de vote susceptibles d'être exercés par ACS et qu'elle l'empêche de porter sa participation à plus de 10%.
ACS contrôle plus de 13% d'Iberdrola, principalement grâce à une participation directe de 7,7%.
EDF a confirmé avoir eu des discussions exploratoires avec ACS au sujet de leur intérêt pour Iberdrola, premier groupe espagnol de services aux collectivités, avec une valorisation boursière de 50,5 milliards d'euros.
Dans un communiqué, l'électricien français ajoute que la CNMV, l'autorité boursière espagnole, lui a demandé de clarifier sa position vis-à-vis d'ACS et d'Iberdrola.
"Ces contacts ont simplement été exploratoires", souligne EDF, qui précise que les discussions avec ACS sur Iberdrola ne se sont pas encore tenues au niveau des conseils d'administration.
DÉMEMBREMENT PROBLÉMATIQUE
EDF a cependant tenu une "réunion d'information" des administrateurs mercredi, a-t-on appris de source proche de l'entreprise.
Le groupe a indiqué récemment avoir eu des contacts réguliers avec la plupart des énergéticiens européens.
EDF et ACS pourraient démanteler et se partager Iberdrola, fusionnant une partie de ce dernier avec Union Fenosa, une autre compagnie espagnole dont ACS détient 45%, a rapporté la semaine dernière le Financial Times de Londres.
Un tel schéma se heurterait néanmoins à plusieurs obstacles.
Les caisses d'épargne espagnoles qui détiennent environ 14% d'Iberdrola ont déjà fait part de leur opposition à un démembrement de l'électricien et une offre incluant EDF, détenu à 85% par l'Etat français, susciterait une grande controverse en Espagne.
Toute OPA sur Iberdrola devrait aussi être étendue à sa filiale d'énergies renouvelables Iberdrola Renovables, qui vaut environ 20 milliards d'euros en Bourse.
Iberdrola a placé l'année dernière en Bourse 20% du capital de cette filiale, numéro un mondial du secteur.
Deutsche Bank a estimé que cette structure coûterait cinq milliards d'euros de plus à un acquéreur potentiel.
Jose Luis Zapatero, le président du gouvernement espagnol, a déclaré de son côté mercredi qu'il préférerait que l'intérêt d'entreprises étrangères pour le marché espagnol de l'électricité aboutisse à des offres amicales.
Le Parti populaire, principal parti d'opposition espagnol, a pris ses distances avec le scénario d'un démembrement d'Iberdrola, à un mois tout juste des élections législatives dans le pays.
EDF a exprimé a plusieurs reprises son intérêt pour le marché espagnol, tout en précisant n'avoir pris aucune décision sur le dossier.
ACS avait confirmé des discussions et indiqué qu'elles n'avaient débouché sur aucun accord.
Le titre Iberdrola cédait 0,69% à 10,05 euros vers 15h30 GMT à la Bourse de Madrid. EDF perdait 1,72% à 66,75 euros à Paris.
Joe Ortiz, Sonya Dowsett et Jane Barrett, version française Stanislas Dembinski, William Emmanuel, Gilles Guillaume, Jean-Michel Bélot et Julien Toyer
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