par Joe Ortiz
MADRID (Reuters) - La perspective d'une OPA sur la compagnie espagnole d'électricité Iberdrola fait grimper le titre en Bourse mercredi, même si le groupe de BTP ACS a démenti tout accord avec Electricité de France en vue d'une telle acquisition.
Le président d'Iberdrola Ignacio Sanchez Galan a dit qu'il défendrait sa société contre toute offre visant à son démantèlement.
"Si le prix est très attractif, nous verrons. Sinon, nous trouverons quelqu'un d'autre ou nous ferons en sorte de maximiser la valeur de la société", a-t-il déclaré à la presse.
Le marché réagit à un article du Financial Times, qui cite des banquiers d'affaires et des responsables politiques, pour écrire que le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero ont été tenus informés de contacts préliminaires entre EDF et ACS en vue d'une telle offre conjointe.
Le FT ajoute que l'objectif serait de réorganiser Iberdrola et son petit concurrent Union Fenosa, qu'ACS contrôle. EDF prendrait Scottish Power et 5% à 10% du marché espagnol de l'électricité, tandis qu'ACS fusionnerait les activités d'Iberdrola dans les énergies renouvelables, récemment scindées, avec Union Fenosa.
"ACS n'a conclu aucun accord avec EDF pour lancer une OPA sur Iberdrola", a cependant assuré le groupe de BTP espagnol sur son site internet.
Le gouvernement espagnol n'est pas au courant d'une quelconque offre d'achat d'Iberdrola et n'a pas parlé de ce dossier avec le gouvernement français, a-t-on indiqué dans le même esprit au cabinet de Zapatero.
"C'est complètement faux. Nous n'avons jamais parlé de ça avec le gouvernement français. Personne n'a été en contact avec le gouvernement pour discuter de ce qui n'est actuellement qu'une rumeur. Nous ne savons rien d'une éventuelle transaction concernant Iberdrola", a-t-on dit.
ACS détient 45% de Fenosa et un peu moins de 13% d'Iberdrola.
EDF s'est refusé à tout commentaire, se bornant à rappeler les propos de son président à Davos, la semaine dernière. Pierre Gadonneix avait déclaré que son groupe ne détenait aucune action Iberdrola mais qu'il étudiait toujours les opportunités de croissance externe en Europe.
Interrogé par Reuters sur le point de savoir si EDF détenait une option sur des actions Iberdrola, Gadonneix avait répondu: "Nous n'avons pris aucune décision en ce qui concerne Iberdrola mais pour tous nos investissements, nous étudions les opportunités."
CONSOLIDATION INÉVITABLE
Des rumeurs d'OPA concernant Iberdrola et Fenosa font régulièrement surface. Mais le président d'Iberdrola martèle son souci de préserver l'indépendance de son groupe. Il a réalisé plusieurs acquisitions au Royaume-Uni et aux Etats-Unis pour, notamment, rendre plus difficile une tentative d'OPA.
Galan, dont les relations avec le président d'ACS Florentino Perez sont assez tendues, a rejeté à plusieurs reprises l'idée d'une fusion entre Iberdrola et Fenosa en faisant valoir qu'elle n'aurait pas le feu vert des autorités espagnoles de la concurrence.
Des analystes relèvent qu'une opération sur Iberdrola est de toute façon délicate avant les élections législatives du 9 mars en Espagne. Ils ajoutent néanmoins que le secteur espagnol des services collectifs est voué à connaître in fine un mouvement de consolidation.
Par ailleurs, une initiative française en direction du premier groupe énergétique espagnol risquerait d'être mal perçue à Madrid étant donné que l'Etat français contrôle 85% d'EDF. Les autorités réglementaires espagnoles ne manqueraient pas de vérifier longuement si EDF, en tant qu'entreprise publique française, est en droit d'exercer pleinement ses droits de vote dans Iberdrola.
L'allemand E.ON avait rencontré tellement d'obstacles qu'il avait finalement renoncé à son OPA sur la compagnie espagnole d'électricité Endesa l'an dernier.
L'action Iberdrola finit en hausse de 3,58% à 9,56 euros en Bourse de Madrid. Fenosa gagne 5,5% à 44,40 et ACS 0,92% à 35,18 euros.
A Paris, EDF cède en revanche 2,18% à 69,50 euros.
Signe d'une volonté d'expansion d'EDF à l'international, la France aurait récemment sondé l'Allemagne sur sa réaction à une éventuelle OPA sur RWE, à en croire le magazine Der Spiegel, qui a cependant été démenti par l'électricien allemand.
Avec Carlos Ruano, Jane Barrett, Marie Maitre, version française Dominique Rodriguez
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