(BFM Bourse) - Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a dégagé une croissance de 20,5% en données comparables sur les trois premiers mois de l'année. Ce qui permet au groupe de retrouver de l'allant en Bourse.
Edenred n'a clairement pas le ticket gagnant en Bourse depuis le début de l'année. Le spécialiste des titres restaurant, cadeaux, cartes carburant, paiement interentreprises et plus largement de l'argent fléché, accuse une baisse de 14,7% depuis le 1er janvier, soit le quatrième plus fort repli du CAC 40 sur la période.
Edenred a surtout souffert, ces derniers mois, de l'ouverture d'une enquête en Italie au sujet de potentielles fraudes et trucages d'un appel d'offres de 2019. Le groupe s'est dit confiant dans l'issue de cette enquête. Mais cet épisode a plombé le titre en Bourse car il a exacerbé les risques qui planent sur un secteur dépendant de la régulation. Fin 2023, la menace d'un plafonnement par l'exécutif français des commission des émetteurs de titres restaurant avait également lesté Edenred, même si le gouvernement n'a pas sévi.
Par ailleurs, Jefferies a émis des doutes la semaine dernière sur la croissance et la rentabilité du groupe à moyen terme, jugeant, en résumé, que le meilleur était passé pour la société dirigée par Bertrand Dumazy.
Pour redorer son blason boursier, Edenred n'a pas vraiment d'autre choix que de publier régulièrement des résultats de bonne facture pour rassurer le marché.
Si une hirondelle ne fait pas le printemps, le groupe semble avoir réussi un premier point d'étape avec ses revenus du premier trimestre. L'action Edenred avance de 4,1% vers 10h30 à la suite de la publication, signant la plus forte progression du CAC 40.
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L'inflation aide encore le groupe
Sur la période allant de janvier à fin mars, les revenus de la société se sont inscrits à 685 millions d'euros, marquant une progression de 21,4% en données publiées et de 20,5% en données comparables. Ce qui traduit même une accélération séquentielle, puisque la croissance en données comparables avait atteint 14,6% au quatrième trimestre.
Selon un consensus cité par UBS, les analystes n'attendaient que 16,9% de croissance en données publiées.
"Avec des revenus en croissance de plus de 20%, Edenred réalise à nouveau un très bon trimestre, dans la continuité des performances enregistrées au cours des deux dernières années", a déclaré le PDG, Bertrand Dumay, cité dans un communiqué.
Dans les "avantages aux salariés", division qui regroupe les titres restaurant-cadeaux et représente plus de 65% des revenus, la croissance d'Edenred s'est établie à 17,1% en données comparables sur les trois premiers mois de l'année. Ce qui là encore marque une différence significative avec le consensus (14,5%).
La société explique avoir notamment été portée par "une pénétration accrue du segment PME", une clientèle qui constitue un important gisement de croissance pour Edenred.
Cette division a aussi bénéficié de l'inflation. Contrairement à bon nombre de sociétés, l'activité d'Edenred est soutenue par l'inflation, car la hausse des prix pousse les gouvernements à relever les plafonds des montants à partir desquels les différents titres de services prépayés sont défiscalisés. Pour donner un exemple, la France a relevé au 1er janvier le plafond de la contribution employeur exonérée de cotisations à 7,18 euros contre 6,91 euros auparavant.
De plus, avec l'inflation, les employeurs sont incités à augmenter les rémunérations autres que les salaires et donc à avoir recours davantage aux produits d'Edenred.
Objectifs confirmés
Edenred a aussi été porté par la remontée des taux d'intérêt courts dans sa division "autres revenus" qui génère de l'argent via le placement des fonds émis par les employeurs mais pas encore "consommés" par les employés. Cette division a vu ses revenus progresser de 71% en données comparables pour s'établir à 60 millions d'euros.
Sans trop de surprise, Edenred a confirmé ses objectifs pour 2024, à savoir une croissance de son résultat brut d'exploitation (Ebitda) de plus de 12% et un taux de conversion de son Ebitda en flux de trésorerie de plus de 70%.
Rappelons qu'Edenred affine généralement ses objectifs après la publication de ses résultats semestriels, soit fin juillet.
"Nous considérons cette publication comme positive, avec une accélération de la croissance en séquentiel, et confirmant la solide performance opérationnelle d'Edenred dans le contexte des récents bruits qui pèsent sur les actions", juge Stifel.
"Il s'agit d'un début d'année rassurant en ce qui concerne les tendances de croissance sous-jacentes, en particulier dans un contexte de réglementation et préoccupations juridiques (y compris en Italie)", abonde Oddo BHF.
Edenred a par ailleurs donné quelques informations au sujet de l'enquête dont il fait l'objet en Italie. La société a expliqué, dans une présentation, que le dossier était en cours d'examen par la cour criminelle avec un jugement en première instance qui pourrait être rendu dans environ deux ans. La fin du litige avec les trois degrés de juridiction (instance, appel, cassation) pourrait survenir dans un délai de quatre à cinq années, a estimé la société.
Edenred a également expliqué avoir mis en place depuis février, date de l'ouverture de l'enquête en Italie, de nouvelles procédures sur les appels d'offres, avec un nouveau cadre de travail actuellement préparé avec l'assistance d'un cabinet d'audit et qui sera déployé au second semestre. La société mène également un examen de ses procédés en utilisant une matrice de risques.
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