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Edenred : Le président brésilien signe un décret défavorable aux titres-restaurant qui plombera les résultats d'Edenred et Pluxee, leurs actions chutent de plus de 9%

Aujourd'hui à 10:45
Edenred plonge encore en Bourse

(BFM Bourse) - Le président brésilien, Lula, a signé un décret instaurant plusieurs mesures défavorables aux acteurs historiques des titres-restaurant et titres-alimentation, comme Edenred et Pluxee. Les deux sociétés entendent ester en justice contre un texte qui pénaliserait sensiblement leurs bénéfices.

Le couperet est tombé. La Bourse redoutait qu'une évolution défavorable de la réglementation au Brésil, premier marché pour les avantages aux salariés (titres-restaurant, titres-cadeaux), malmène Edenred et Pluxee.

La semaine dernière, lla presse brésilienne s'était fait l'écho de futures mesures négatives pour le secteur, comme l'instauration d'un plafond sur les commissions prélevées sur les restaurateurs et les commerçants.

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Cette menace s'est désormais concrétisée. Mardi soir, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, a signé un décret modifiant le "PAT", le programme d'alimentation des travailleurs, qui régit les règles des titres-alimentaires et titres-restaurants au Brésil. Selon Reuters, environ 22 millions de Brésiliens bénéficient de ce programme qui représente un coût annuel de 31,5 milliards de dollars.

Le texte comporte une batterie de mesures négatives pour Edenred et Pluxee.

"Nous nous attendons à ce que l'action soit significativement pénalisée ce matin", a écrit Jefferies dans une note écrite avant l'ouverture du marché et centrée sur Edenred.

À la Bourse de Paris, Edenred et Pluxee prennent une nouvelle fois la poussière. Le premier perd 9,9%, accusant la plus forte baisse du CAC 40, tandis que le second abandonne 11,7%. Depuis le début de l'année, Edenred perd 40% et Pluxee 26,4%.

Un plafond et des délais raccourcis

Quelques mesures principales ressortent du décret. Premièrement, et comme évoqué précédemment par la presse brésilienne, un plafond des commissions payées par les marchands et restaurateurs auprès des émetteurs de titres-restaurant (comme Edenred et Pluxee donc) sera fixé à 3,6% d'ici à 90 jours.

Auparavant ce taux était librement établi. Selon Barclays, qui cite une enquête Ipsos-Ipec, le taux de commission moyen sur les marchands et restaurateurs serait plus proche de 5,2%.

Deuxièmement, le délai de "remboursement" maximal des titres-restaurant doit être ramené à 15 jours contre 30 jours précédemment. Ce délai correspond à la période entre le moment où l'argent est utilisé par le salarié dans un restaurant ou chez un commerçant et celui où l'argent est effectivement transféré de l'émetteur vers le restaurateur ou le commerçant.

Cette mesure pénalisera les "autres revenus" (également appelés revenus du "float") d'Edenred et Pluxee. Les "autres revenus" constituent les revenus que les deux sociétés génèrent en plaçant l'argent qui leur est confié par les entreprises avant que les salariés de ces mêmes entreprises les dépensent chez les restaurateurs (et que les fonds soient effectivement transférés chez ces mêmes restaurateurs).

Selon Barclays, les fonds des titres-restaurant sont placés, en moyenne, durant six à sept semaines. La baisse de deux semaines du délai de "remboursement" retrancherait ainsi deux semaines de placements, soit autour de 33% (théoriquement) de ces revenus.

"Un obstacle financier important"

Troisièmement, le texte introduit l'interopérabilité sur le marché des titres-restaurant. Pour simplifier, l'idée serait de permettre à un potentiel nouvel entrant sur le marché des titres restaurant et alimentaires de bénéficier des réseaux des acteurs déjà établis. En clair, ses titres seraient acceptés chez les commerçants qui acceptent déjà les systèmes de ses concurrents.

"Cela signifierait que les petits opérateurs auraient accès au réseau commercial plus important des opérateurs historiques, ce qui, à notre avis, rendrait le marché plus concurrentiel", explique Barclays.

"Cependant, cela pourrait également signifier qu'ils (les petits acteurs, NDLR) devraient payer des frais d'accès au réseau. Cela offrirait une nouvelle source de revenus à Edenred et Pluxee, qui pourrait potentiellement aider à absorber le coût de la mise en œuvre de l'interopérabilité ainsi que les nouvelles mesures relatives au plafonnement des frais et à la période de remboursement", complète la banque britannique.

Selon UBS, le texte prévoit également de bannir les pratiques "abusives", comme certains rabais.

In fine, cette nouvelle régulation constituera "un obstacle financier important" pour Edenred et Pluxee, explique Barclays. Et ce même si le marché avait déjà intégré en partie ces mesures.

"De plus, les marchés auront besoin de plus de clarté sur les répercussions financières réelles et les nouvelles dynamiques concurrentielles avant de pouvoir passer à autre chose", explique encore la banque britannique.

Pluxee et Edenred ont réagi à ces annonces. Les deux sociétés expliquent avoir pris acte de la communication du gouvernement brésilien et s'étonnent que son contenu diverge sensiblement des discussions menées entre les autorités brésiliennes et l'ABBT (l'association professionnelle des émetteurs de titres restaurant au Brésil).

"Les mesures annoncées par le gouvernement portent atteinte aux relations commerciales privées et restreignent la capacité des émetteurs à innover et à rester compétitifs. Ainsi, Pluxee envisage d’engager une action en justice, agissant indépendamment et en coordination avec l’ABBT, contre l’implémentation de ces mesures", a écrit Pluxee dans son communiqué.

Un impact lourd

"Edenred exprime son inquiétude quant au fait que de telles dispositions pourraient compromettre l’intégrité du PAT, avec notamment un risque accru de mauvaise utilisation, de non-conformité et une position de crédit déséquilibrée (en particulier avec les clients publics)", a pour sa part déclaré Edenred.

"Edenred ainsi que l’ABBT préparent donc, avec leurs conseils juridiques, l'ensemble des voies de recours contentieuses contre ce décret, étant précisé que ces recours pourraient être suspensifs", a poursuivi le pensionnaire du CAC 40.

Edenred précise que son activité de titres-restaurant et titres-alimentation représentait 9,5% de son chiffre d'affaires opérationnel en 2024.

Surtout le groupe a chiffré l'impact de cette nouvelle régulation, impact qui s'avère conséquent. Edenred explique que si l'ensemble de ces modalités était mis en œuvre, son résultat brut d'exploitation (Ebitda) baisserait de 8% à 12% en 2026, alors que la société table (pour le moment) sur une hausse de 2% à 4% pour cette même année.

Ce qui représente donc un impact allant de 16 à 10 points de pourcentage sur l'Ebitda. Jefferies calcule par ailleurs un impact de 13% à 24% sur le bénéfice par action.

Pluxee n'a de son côté pas quantifié l'impact. Mais Barclays le chiffre entre 20% et 25% sur le bénéfice par action pour 2026 et UBS l'évalue autour de 10% pour l'Ebitda de la même année.

La régulation, caillou dans la chaussure des deux groupes

Reste à savoir si le gouvernement brésilien ira jusqu'au bout avec cette nouvelle législation. Barclays explique que, durant une conférence téléphonique tenue ce mercredi, le PDG d'Edenred, Bertrand Dumazy, a estimé que ces nouvelles règles risquaient de sortir du marché les petits acteurs du secteur, chose à laquelle l'exécutif brésilien aurait dû penser avant de mettre en œuvre ces nouvelles règles.

Au-delà du Brésil, la régulation reste, plus largement, la principale source d'inquiétudes pour les investisseurs au sujet de Pluxee et d'Edenred. Depuis 2023, les opérateurs de marché redoutent des mesures défavorables dans plusieurs pays.

Ces craintes se sont concrétisées en Italie, où un plafonnement des commissions prélevées sur les marchands a été instauré en septembre dernier. Cette mesure retirera environ cinq points de pourcentage de croissance à Edenred l'an prochain, a indiqué la semaine dernière Bertrand Dumazy.

En France, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 prévoit d'instaurer une contribution patronale de 8% sur les avantages aux salariés. Mais les députés ont approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un amendement PS supprimant cette mesure.

Par ailleurs, la direction d'Edenred a précédemment indiqué que des mesures similaires avaient été adoptées dans d'autres pays sans pour autant empêcher le titre-restaurant d'augmenter sa pénétration.

Ces inquiétudes sur la réglementation ont malmené les titres Edenred et Pluxee ces dernières années. Sur trois ans, Edenred abandonne 61% tandis que Pluxee, qui s'est introduit en 2024 sur la cote parisienne, chute de 47% par rapport à son cours d'introduction.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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