(BFM Bourse) - Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a publié une progression de ses revenus inférieure aux attentes en données comparables au quatrième trimestre. La prévision de croissance du résultat brut d'exploitation attendu pour 2025 suscite par ailleurs la circonspection.
Valeur de croissance phare de la place parisienne, au point d'accéder au CAC 40 en 2023, Edenred a vu son statut boursier radicalement changer en 2024.
Son action été chahutée par un mélange de ralentissement de la croissance conjugué à des craintes d'une évolution négative de la réglementation en Italie (où une loi défavorable va effectivement entrer en vigueur le 1er juillet) ainsi qu'en France et au Brésil. Le titre du groupe spécialisé dans les solutions de paiements dans le monde du travail plonge ainsi de 42,4% sur un an.
Le marché se montre désormais impitoyable avec la société et la moindre anicroche se retrouve durement sanctionnée, comme cela avait été le cas lors de la publication des résultats du premier semestre, en juillet dernier.
Malheureusement pour ses actionnaires, c'est encore le cas ce mardi 18 février. Après la publication des résultats annuels de la société, l'action Edenred chute de 5,8% vers 15h30 et accuse la deuxième plus forte baisse du CAC 40, derrière Capgemini (-8,4%).
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Des effets ponctuels
Au quatrième trimestre 2024, les revenus d'Edenred se sont inscrits à 779 millions d'euros, en hausse de 8,8% en données publiées et de 4,7% hors effets de changes et de périmètre. La croissance s'avère inférieure aux attentes puisque les analystes tablaient sur une progression organique des revenus 6,7% selon un consensus cité par Oddo BHF.
Le seul chiffre d'affaires opérationnel, qui est tiré de l'émission des titres de services prépayés, a grimpé de 8,5% en données publiées et de 4,6% en variation organique. Retraitée de l'hyperinflation argentine, la hausse des revenus en données organique s'établit à 7,9%, a précisé Edenred.
Dans tous les cas, la croissance a encore ralenti. Au troisième trimestre, les revenus totaux avaient progressé de 11,5% en données comparables et le chiffre d'affaires opérationnel avait crû de 10,8%, toujours en données comparables.
"Le ralentissement de la croissance sur le dernier trimestre 2024 plombe certainement le titre ce mardi car si vous extrapolez cette croissance sur 2025 vous aboutissez mécaniquement à une baisse des estimations du consensus", explique un analyste.
Edenred a évoqué plusieurs effets ponctuels au quatrième trimestre. Dans sa plus importante division, les "avantages aux salariés" (titres restaurant, titres cadeaux), la société a pâti de la non-reconduction du programme du chèque consommation en Belgique.
L'activité de cartes cadeaux a, elle, été pénalisée par une base de comparaison élevée. En excluant ces deux effets, la croissance dans cette division aurait progressé de 13,7% au quatrième trimestre (contre 10,6% sans retraitements), contre 9,7% au troisième, a expliqué le PDG de l'entreprise, Bertrand Dumazy.
Une cible 2025 qui devient "punchy"
Concernant ses autres lignes de compte, Edenred a dégagé un Ebitda (résultat brut d'exploitation) en croissance de 15,7% sur l'ensemble de 2024, à 1,27 milliard d'euros. Son bénéfice net a, lui, bondi de 90% à 507 millions d'euros. Ces deux chiffres ont dépassé de 1% le consensus.
Au-delà du ralentissement de la croissance, plusieurs intermédiaires financiers pointent des doutes quant à la cible d'Edenred d'Ebitda pour 2025 pour expliquer la chute du titre.
L'entreprise a confirmé son objectif d'une croissance de cet indicateur financier d'au moins 10% en données comparables pour cette année. Une prévision qui intègre un impact négatif de 60 millions d'euros liés à la mise un place d'un plafonnement des commissions des titres-restaurant en Italie à compter du 1er juillet 2025.
Bertrand Dumazy a par ailleurs indiqué aux analystes que l'entreprise anticipait une progression du chiffre d'affaires opérationnel "high single digit", ce que l'on peut grossièrement traduire par une croissance de 7% à 9%.
"L'objectif d'une progression de l'Ebitda d'au moins 10% en 2025 devient 'punchy' (exigeant NDLR) car avec une croissance du revenu opérationnel 'high single digit', il faudra que la marge s'améliore significativement", explique l'analyste précédemment cité.
Pour l'heure le consensus ne croit effectivement pas dans cette cible, se calant sur une progression de 5,7%, selon Oddo BHF.
"Le marché cherche le moindre point d'accroche pour faire baisser la valeur car honnêtement ils font à peu près tout ce qu'il faut faire, notamment sur la croissance", regrette un intermédiaire financier. "La baisse paraît exagérée", confie un autre.
Pour améliorer sa marge d'Ebitda l'an prochain, Edenred a décidé de lancer un programme appelé "Fit for growth" pour "optimiser" sa base de coûts.
La société a aussi défini un plan d'action sur ses activités qui ne sont pas au niveau de l'ensemble de la société en termes de performances. Pour certaines d'entre elles, qui représentent 12% du chiffre d'affaires opérationnel, des programmes d'amélioration ont été lancés.
C'est le cas de l'activité de cartes cadeaux, de son activité de service de recouvrement de TVA en Europe ou encore de CSI, sa filiale spécialisée dans les logiciels de paiement interentreprises. Pour une petite fraction , qui constitue environ 3% des revenus, une "revue de portefeuille" a été mise en place. Ce qui veut dire que la société pourra potentiellement céder ces activités.
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