(BFM Bourse) - Dans un contexte de hausse des coûts de production et de perturbations logistiques, l’équipementier automobile vient de publier des résultats semestriels dégradés. Delfingen confirme toutefois qu’il devrait surperformer la croissance du marché automobile cette année. L'activité de la société va profiter du développement des motorisations hybrides et électriques, fortement consommatrices en câblages.
A l'instar de ses homologues Valeo ou Faurecia, l'équipementier automobile situé à Anteuil dans le Doubs doit composer avec un contexte adverse marqué par les incertitudes géopolitiques et la hausse des matières premières. Ce contexte difficile a mis à rude épreuve l'ensemble du marché avec une baisse de 1,8 % de la production automobile mondiale au premier semestre, rappelle Delfingen dans son point semestriel. Les tensions sur les composants électroniques, la crise russo-ukrainienne ou les restrictions sanitaires en Chine (deux mois de confinement en avril et mai), ont compliqué l'activité de l'ensemble du secteur des équipementiers automobiles.
Dans ces conditions, la société cotée depuis 1996 à la Bourse de Paris anticipe une performance au deuxième semestre de 2022 inférieure à celle du premier semestre. Sur l'ensemble de l'année en cours, la marge opérationnelle est prévue en repli par rapport à 2021 (6,6%), aux alentours des 5 %, "sous réserve d’un contexte de marché plus défavorable", poursuit le groupe. Le chiffre d'affaires est toutefois attendu au-delà des 380 millions d'euros, soit une hausse par rapport aux 363 millions d'euros affichés au compteur à l'issue de l'exercice 2021.
Un leadership dans la protection des réseaux électriques embarqués
Déjà publié fin juillet, le groupe a enregistré au titre du 1er semestre 2022 un chiffre d'affaires de 203,9 millions d'euros, en hausse de 3,2 % par rapport au 1er semestre 2021 à taux de change et périmètre constants. En données publiées, la progression ressort à 5,3 % sur un an. La marche des affaires du spécialiste dans les solutions de protection des câblages électriques pour l'automobile se maintient dans un contexte de marché fortement perturbé.
La société presque septuagénaire se démarque par son statut de leader dans les solutions de protection des réseaux électriques et fluides embarqués. Le câblage électrique est en effet le véritable système nerveux du véhicule. Les solutions développées par Delfingen protègent les réseaux électriques d'un véhicule qui peuvent représenter une longueur totale de 5 mètres.
En 2020, Delfingen s'est renforcé dans ce domaine après avoir fait main basse sur les activités Europe-Afrique de l'allemand Schlemmer, un de ses principaux concurrents qui avait été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Munich en décembre 2019. Il s'agit tout simplement de la plus grosse opération de croissance externe de l'histoire de Delfingen. Elle permet au groupe de pousser ses pions sur le marché européen et de renforcer sa proximité avec les constructeurs allemands, notamment pour les véhicules lourds.
Le groupe doubien compte ainsi tirer son épingle du jeu dans un marché des véhicules hybrides et électriques dont les ventes sont appelées à nettement progresser, soutenues par les nombreux dispositifs publics d’aide à l’électromobilité mis en place dans un grand nombre de pays. Surtout, ces véhicules électriques et hybrides renferment 33% de câblages de plus qu'une voiture thermique. Une différence de taille qui devrait alimenter la demande pour les produits de protection développés par Delfingen. Ce positionnement de leader sur ce segment autorise ainsi l'équipementier français à anticiper une "surperformance du marché de 2 à 3 points" en 2022, dont la croissance est attendue 5 % par rapport à 2021 selon les estimations de S&P Global Mobility.
Des marges pincées par l'inflation des coûts
Un peu plus bas dans les comptes, l'environnement de marché a en revanche pesé sur les autres indicateurs du groupe. Le résultat opérationnel courant s’élève à 11 millions d'euros au premier semestre 2022, soit une marge de 5,4 % du chiffre d’affaires, là où elle culminait à 9,8% au premier semestre 2021. Cette érosion de la marge opérationnelle s'explique principalement par une baisse de la marge brute à hauteur de 5,3 points, du fait de la hausse continue du prix des matières premières, et une augmentation du poids des autres achats et charges externes de 0,9 point (énergies et transports). Ce retrait a été partiellement compensé par une bonne absorption des coûts fixes dont les charges de personnel qui s'inscrivent en baisse de 1,9 point.
Le résultat net part du groupe plonge à 3,3 millions d'euros au 30 juin 2022 à comparer aux 12,7 millions d'euros réalisés au 1er semestre 2021. Sur le semestre, Delfingen a passé une charge exceptionnelle de 2,7 millions d'euros, correspondant à la cession de la filiale russe RU-Volga.
Delfingen publie des résultats S1 2022 légèrement en dessous des attentes d'EuroLand Corporate mais qui sont "tout à fait cohérents avec l’aggravation de l’environnement macro-économique et la persistance des tensions géopolitiques ces dernières semaines", souligne Pierre Laurent, l'analyste en charge du suivi du dossier. En dépit d'un environnement inflationniste qui ne faiblit pas, le spécialiste d'EuroLand Corporate reste entièrement confiant "dans la capacité du groupe à renforcer sa position dominante sur un marché qui regorge d’opportunités." Un optimisme qui amène l’analyste à conserver son avis à l'achat sur Delfingen assorti d'un objectif de cours légèrement ajusté à 62 euros, après cette publication semestrielle.
Dans un marché parisien en forte baisse de près de 2% sur fond de crise énergétique en Europe, le titre de l'équipementier suit la tendance et se replie de plus de 5,6% à 46,80 euros, vers 14h30.
Le secteur des équipementiers est également sous pression, ces derniers possèdent de nombreux sites de production en Allemagne et sont particulièrement exposés au risque de rationnement de gaz qui pourrait éventuellement être imposé aux industriels en Allemagne. La dégradation de la situation sanitaire en Chine enfonce le clou, notamment à Shenzen concernée par les dernières mesures de confinement décrétées par Pékin. Valeo et Faurecia ont en effet leur centre de recherche et développement dans cette ville chinoise concernée par ces nouvelles mesures. Les titres des deux équipementiers accusent ainsi les plus fortes baisses du marché parisien, avec des replis supérieurs à 8% pour démarrer cette semaine.
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