(BFM Bourse) - L'éditeur de logiciels professionnels a publié des résultats du troisième trimestre nettement inférieurs aux attentes, en raison de ventes de licences en forte chute. L'entreprise a abaissé ses objectifs de croissance pour 2025 et a donné une cible très large pour le quatrième trimestre.
Le marché n'avait déjà pas beaucoup de mansuétude pour Dassault Systèmes. Avant la publication de ce jeudi 23 octobre, le titre de l'éditeur de logiciels professionnels accusait une chute de 10% sur l'ensemble de l'année, sous-performant largement le CAC 40.
Le groupe créé à l'origine par un groupe d'ingénieurs de Dassault Aviation dans les années 80 a pâti d'inquiétudes sur sa trajectoire de flux de trésorerie. UBS soulignait cet été que la faiblesse de la génération de trésorerie du groupe reflétait des marchés finaux en difficulté, comme l'automobile. La banque suisse indiquait que ces pressions n'étaient pas prêtes de s'atténuer. Au passage, elle notait que les objectifs du groupe pour la seconde partie de l'année s'avéraient ambitieux, avec notamment une très forte contribution des ventes de licences.
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Plus largement, le statut de Dassault Systèmes a été fragilisé ces dernières années par plusieurs publications décevantes. "Le problème c'est que la société n'a pas une croissance assez forte - elle ne surperforme plus vraiment son marché - pour justifier son statut de valeur de croissance avec des multiples de valorisation exigeants", jugeait en juillet un intermédiaire financier.
Le blason de la société se ternit encore bien davantage, ce jeudi 23 octobre. L'action Dassault Systèmes s'effondre de 15% en début de séance, accusant la plus forte baisse du CAC 40, après avoir livré des résultats en deçà des attentes au troisième trimestre et abaissé drastiquement sa prévision de croissance pour 2025.
Medidata déçoit encore
Sur la période allant de juillet à fin septembre, Dassault Systèmes a dégagé une croissance (*) de 5% hors effets de changes à 1,46 milliard d'euros, soit 3% de moins que le consensus (la prévision moyenne des analystes), logé à 1,51 milliard d'euros.
Deux points sont particulièrement marquants. Les ventes de licences - qui ne représentent certes plus que 13% des revenus avec le changement de modèle du groupe vers l'abonnement – se sont effondrée de 13% hors effets de changes. Dassault comptait, au contraire, dégager une croissance des ventes de licences allant de 7 à 14% sur le trimestre.
Par ailleurs, dans les sciences de la vie, les revenus se sont repliés de 3% hors effets de changes. Medidata, la filiale du groupe spécialisée dans les logiciels permettant de suivre les essais cliniques et source récurrente de déception pour le marché, "a continué de faire face à des vents contraires en raison de la baisse des lancements d'études cliniques et l'entreprise n'a pas fourni le taux de croissance de l'activité", note Barclays.
Le directeur général, Pascal Daloz, a expliqué que le marché était encore "instable et difficile".
Oddo BHF note également la croissance plus faible qu'anticipée de Centric PLM, la filiale de Dassault spécialisée dans les logiciels de gestion du cycle de vie du produits dans la mode et la distribution.
Plus globalement, Barclays qualifie le troisième trimestre de "faible".
"Visibilité nulle"
À l'issue de ce trimestre, Dassault Systèmes a abaissé drastiquement sa prévision de croissance pour l'exercice en cours.
Le groupe compte désormais atteindre des revenus de 6,255 milliards d'euros à 6,375 milliards d'euros, contre une fourchette de 6,41 à 6,51 milliards d'euros auparavant. Hors effets de changes, Dassault Systèmes ne table plus que sur une progression de ses revenus de 4 à 6% contre 6 à 8% auparavant.
La prévision des seules ventes de licences a été lourdement sabré. Le groupe anticipe une variation allant de -8 à 0%, contre une croissance de 4 à 7% précédemment.
Dassault Systèmes a maintenu sa prévision de croissance du bénéfice net par action hors effets de changes (7 à 10%). La cible de marge opérationnelle est légèrement ajustée, avec un intervalle de 32 à 32,4% contre 32,2 à 32,4% auparavant.
Signe que la société navigue un peu à vue, Dassault a par ailleurs livré une prévision de croissance pour le seul quatrième trimestre avec une fourchette très large. La société prévoit une variation comprise entre un repli de 3% et une hausse de 4%. Pour les licences, cela va d'une chute de 13% à un bond de 9%.
Invest Securities va jusqu'à évoquer une "visibilité nulle". "Si la direction parvient à limiter l'impact (de la faible dynamique, NDLR) en termes de résultats grâce à la récurrence des revenus et l'optimisation des coûts, la dynamique de croissance, principal catalyseur boursier, n'est pas bonne", tranche le bureau d'études.
"Il s'agit d'une nouvelle publication difficile pour Dassault Systèmes, de plus en plus pénalisé par Medidata et, fait nouveau, par Centric PLM, jusqu'alors moteur de croissance", souligne de son côté Oddo BHF.
"Centric ne représente que 5% du chiffre d'affaires du groupe, mais ses déclarations (passage au modèle de "software as a service', changement de direction) pourraient inquiéter le marché", ajoute le courtier.
"Globalement, cette publication reflète la difficulté rencontrée par Dassault Systèmes avec sa migration vers les abonnements, à la fois lente et difficile à anticiper", conclut Oddo BHF.
(*) Pour des questions de facilité de lecture, toutes les données sont exprimées en normes non-IFRS, privilégiées par la société pour présenter ces performances.
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