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DASSAULT AVIATION

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Dassault aviation : Entre la menace des droits de douane sur les Falcon et une chaîne d'assemblage sous haute tension, Dassault Aviation plonge en Bourse

mercredi 23 juillet 2025 à 11h26
Dassault chute en Bourse

(BFM Bourse) - L'avionneur européen et concepteur du Rafale plonge en Bourse ce mercredi 23 juillet après avoir publié des revenus et un résultat opérationnel inférieurs aux attentes. La faute notamment à des livraisons de Rafale moins élevées qu'espéré.

Clairement, le secteur de la défense européenne reste le grand gagnant en Bourse depuis le début de l'année. Ces actions ont été portées par les multiples annonces d'augmentation des budgets militaires en Europe, notamment en Allemagne. Récemment, la France a annoncé une enveloppe supplémentaire de 3,5 milliards d'euros allouée au budget de la défense en 2026 et de 3 milliards d'euros en 2027.

En conséquence, les titres du secteur ont bondi. L'allemand Rheinmetall prend 190% depuis le début de l'année, tandis qu'à Paris Thales s'envole de 73,2% et Dassault Aviation prend 36%.

De telles progressions ne laissent que peu de place à l'erreur lors de la publication de résultats.

Or, ce mercredi 23 juillet, le marché doit à la fois décortiquer les comptes semestriels publiés par Thales et par Dassault Aviation. Thales s'en tire pour l'heure avec un repli de 1,4% et ce malgré des résultats globalement supérieurs aux attentes ainsi qu'un objectif de croissance de revenus relevé pour 2025.

Pour Dassault Aviation, le marché a la main plus lourde. L'action de l'avionneur et concepteur du Rafale plonge de 7,2% à la Bourse de Paris en fin de matinée, après que le groupe a livré des résultats décevants. >> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Les commandes de Falcon patinent

Au niveau des prises de commandes, si la dynamique de Dassault reste élevée dans le militaire avec 26 commandes de Rafale de la part de la marine indienne enregistrées fin avril, ce n'est pas le cas pour sa gamme de jets d'affaires, les Falcon. Au premier semestre 2025, Dassault Aviation n'a engrangé que 8 commandes de Falcon contre 12 sur la même période de 2024.

Le PDG de la société, Éric Trappier, a reconnu que les commandes de jets d'affaires avaient été "un peu faibles". Ce marché reste très dépendant de la conjoncture et peut être rapidement pénalisé par les tensions géopolitiques et commerciales.

"Il y a un impact des droits de douane, il n'y a pas de doute, il y a également un impact lié à la chaîne logistique dont les difficultés nous font mettre un peu plus de temps pour livrer les avions ce qui impacte les ventes", a expliqué Éric Trappier. "Mais l'arrivée du 6X, qui a d'excellents retours des clients et qui commence à se vendre et se livrer, nous ouvre un certain nombre de perspectives", a ajouté le dirigeant.

Les droits de douane américains "sont un risque majeur pour Dassault Aviation en termes de compétitivité face à ses deux concurrents à tel point que le PDG (Éric Trappier, NDLR) a admis étudier la possibilité d’implantation d’une chaine d’assemblage final aux États-Unis. Rappelons que les clients américains comptent pour environ 40% de la base installée et environ un tier des livraisons ces dernières années", souligne Oddo BHF.

"L'application d'un droit de douane de 10% à 30 % fermerait de fait le marché américain à Dassault (environ 40 % des ventes)", prévient de son côté Deutsche Bank.

Des livraisons décevantes

Le chiffre d'affaires ajusté de Dassault Aviation s'est inscrit à 2,85 milliards d'euros au premier semestre, ce qui traduit une hausse de 12% sur un an.

Toutefois, les revenus de Dassault Aviation s'avèrent 8% en dessous du consensus (la prévision moyenne des analystes), remarque Deutsche Bank. La banque note plus particulièrement que les revenus de la défense, à 1,75 milliard d'euros, ont été inférieurs de 13,5% au consensus. L'écart s'explique par les livraisons plus faibles qu'attendu de Rafale. Dassault Aviation a livré 7 exemplaires de l'avion de chasse au premier semestre contre un consensus logé à 12 unités, explique Deutsche Bank.

"Les problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement restent préoccupants, en particulier en amont, même si des progrès sont réalisés pour les résoudre. Certains sous-traitants continuent de subir des retards, et quelques-uns font face à une restructuration", souligne la banque allemande.

Éric Trappier a expliqué aux journalistes et aux analystes que le Rafale subissait toujours des tensions dans sa montée en cadence. En amont de la chaîne d'assemblage de l'avion, Dassault Aviation est en train de régler un certain nombre de difficultés sur des approvisionnements de pièces.

"On est en train de régler ces problématiques-là" mais "des sous-traitants ont des difficultés à livrer, d'autres des difficultés à survivre", a déclaré le PDG. Le dirigeant a évoqué des situations où ces sous-traitants finissent en redressement judiciaire, auprès du tribunal de commerce. "On a encore des cas comme cela aujourd'hui, même s'il y en a de moins en moins", a indiqué le dirigeant "Cela prouve qu'il y a encore des problématiques de BFR (besoin en fonds de roulement, c'est-à-dire des problématiques de trésorerie, NDLR)", a poursuivi Éric Trappier.

En aval de la chaîne, c'est-à-dire dans l'assemblage final, "il faut qu'il y ait tout pour tenir les cycles , pour être capable de livrer", a continué le PDG. "Et là il manque toujours quelque chose", a-t-il expliqué.

"Deuxièmement, le fait que certains (fournisseurs, NDLR) soient défaillants a complètement perturbé les cycles, moyennant quoi d'un côté vous faites des stocks, car vous avez commandé normalement, et de l'autre coté, comme il y a un retard, vous n'arrivez pas à évacuer vos stocks", a prévenu Éric Trappier. Le dirigeant a estimé que les perturbations dureront encore "un an ou deux".

À l'heure actuelle, la chaîne logistique du Rafale s'est calée sur un rythme de quatre avions produits par mois en amont de la chaîne, mais à seulement deux avions par mois en aval, c'est-à-dire sur les livraisons. "C'est pas très grave car les livraisons des deux années à venir sont à peu près de cet ordre là mais après il faudra monter en puissance dans les années avant 2030", a assuré Éric Trappier. Le dirigeant a expliqué le groupe étudiait un rythme de cinq livraisons de Rafale par mois dans les années 2030 pour prendre des contrats supplémentaires.

Les livraisons de Falcon ont également été faibles avec seulement 12 avions livrées. Pour 2025, Dassault compte livrer 40 Falcon et 25 Rafale.

Un second semestre à risques

Au-delà du chiffre d'affaires, Dassault Aviation a dégagé un résultat opérationnel ajusté de 180 millions d'euros, contre 170 millions au premier semestre 2024, traduisant une marge de 6,3% contre 6,7% un an plus tôt. Cette ligne de compte s'est avérée 12% inférieur au consensus, note Deutsche Bank.

Le résultat opérationnel ajusté a notamment été pénalisé par un "mix" défavorable au niveau des ventes de Falcon. Eric Trappier a indiqué qu'environ la moitié des 12 avions livrés au premier semestre étaient des Falcon 6X, l'appareil le plus récent du groupe, mis en service en 2023. Or les avions de début de série "margent moins que les plus anciens de nos avions", en raison des courbes d'apprentissage sur les coûts, a rappelé le PDG.

Point positif toutefois, la génération de cash du groupe a dépassé les attentes, grâce notamment à des acomptes versés par les clients. Le flux de trésorerie libre s'est établi à 1,54 milliard d'euros selon Oddo BHF, contre un consensus logé à 807 millions d'euros.

Malgré ces résultats juges "faibles" par Oddo BHF, Dassault Aviation a confirmé ses objectifs pour 2025 à savoir un chiffre d'affaires de plus de 6,5 milliards d'euros ainsi que 40 livraisons de Falcon et 25 livraisons de Rafale. Ces objectifs ne prennent pas "en compte de droits de douane aux États-Unis et des contremesures européennes éventuelles", a rappelé la société.

La marche s'avère haute du côté des livraisons puisqu'elle suppose que le groupe livre 28 Falcon au second semestre et 18 Rafale.

"Si la progression des stocks à fin juin intègre certainement un bon nombre de Falcon à différents états de finition, il faut remonter à 2017 pour trouver un volume de livraison aussi important sur un semestre", observe Oddo BHF. Le courtier a réitéré son conseil à "'neutre" sur le titre et abaissé son objectif de cours à 325 euros contre 345 euros précédemment.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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