(BFM Bourse) - La banque a initié ce jeudi 13 mars sa couverture sur cinq groupes de défense dont Dassault Aviation, que l'intermédiaire financier voit progresser, en raison de la montée en puissance de la production d'avions Rafale. Jefferies pense a contrario que Thales n'a plus beaucoup de potentiel.
Depuis le début de l'année, les investisseurs se sont rués sur les actions européennes de la défense. En raison de la politique militaire et diplomatique de Donald Trump, et notamment son "clash" avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, les Européens ont pris conscience qu'ils devaient beaucoup moins compter sur les États-Unis et beaucoup plus sur eux-mêmes pour assurer la sécurité du Vieux continent.
Les annonces de hausses des dépenses militaires de la part des dirigeants européens, notamment de l'Allemagne, se sont en conséquence multipliées. Et le secteur s'est envolé. L'indice paneuropéen "Stoxx Europe Total Market Aerospace and Defense", prend 27,8% depuis le 1er janvier.
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Ces titres peuvent-ils encore monter? Jefferies a en tout cas fait le tri dans une note publiée ce jeudi 13 mars. La banque a initié sa couverture sur cinq actions de la défense, à savoir Leonardo, Hensoldt, Rheinmetall, Renk et Dassault Aviation. La banque a également mis à jour ses estimations et ses cibles sur Babcock, BAE Systems et Thales.
En ce qui concerne les groupes cotés à Paris, Jefferies a entamé son suivi sur Dassault Aviation avec une recommandation à l'achat, tandis qu'elle a abaissé son conseil sur Thales d'"acheter" à "conserver".
À la Bourse de Paris, Dassault Aviation prend 0,8% vers 11h20 tandis que Thales recule de 0,5%.
Dassault Aviation n'est pas cher
Pour Dassault Aviation, Jefferies estime que la valorisation s'avère attrayante (la valeur totale de l'entreprise ne représente que 3,5 fois le résultat opérationnel attendu en 2027) au vu de la montée en cadence de la production de son avion militaire phare, le Rafale.
Lors de la présentation des résultats annuels de la société, le PDG du groupe, Éric Trappier a indiqué que la société était passée à une cadence de 3 avions Rafale par mois sur la partie "amont" de la chaîne de fabrication, c'est-à-dire sur les pièces primaires du côté des fournisseurs.
À Mérignac, qui se situe en fin de cycle de production, cette montée se fait avec un décalage, et se situe plutôt autour de 2 avions par mois.
Le groupe "anticipe" une cadence de 4 avions par mois et envisage "s'il le faut" une cadence de 5 avions par mois sous réserve d'avoir les commandes nécessaires, a par ailleurs indiqué Éric Trappier. Jefferies estime que ce rythme de 5 unités par mois pourrait être atteint en 2030.
À côté de cette montée en cadence, Dassault pourrait bénéficier de nouvelles commandes, notamment de la part de la France.
"Le président français Emmanuel Macron a relayé l'idée que la France pourrait déployer son parapluie nucléaire pour protéger les alliés européens", rappelle Jefferies.
"Outre l'investissement dans les ogives nucléaires, qui se situe largement en dehors de l'espace d'investissement coté, cela augmenterait selon nous la demande d'avions à réaction Rafale, renforçant ainsi le dossier d'investissement de Dassault Aviation. Cela serait particulièrement vrai si des Rafale à capacité nucléaire étaient achetés pour être déployés dans plusieurs pays européens", développe la banque.
Au-delà de la France, des marchés européens pourraient s'ouvrir au Rafale, si les pays du Vieux continent "envisagent de diversifier leur flotte de chasseurs en s'éloignant des plates-formes américaines". Le titre devait aussi bénéficier de dépenses de R&D moins intensives.
Thales est monté trop vite
Jefferies reconnaît toutefois que la faible liquidité sur le titre (le flottant ne représente que 23% du capital, 66,3% appartenant à la famille Dassault et 10,56% à Airbus) demeure un "challenge".
Du côté de Thales, la banque estime que le groupe de technologies présent dans l'aéronautique, l'espace, la défense et la cybersécurité, a connu une envolée trop rapide de ses multiples boursiers. "Compte tenu de son activité à cycle plus long, nous estimons aujourd'hui que Thales est justement valorisé", note Jefferies.
Certes, Thales devrait bénéficier des bonnes perspectives sur le Rafale, car ses équipements électroniques représentent entre 20% et 25% de la valeur de l'avion de chasse de Dassault Aviation.
"Nous apprécions également l'évolution probable de l'attrait stratégique de ses activités spatiales, étant donné la nécessité d'accéder à une alternative souveraine (européenne, NDLR) à Starlink", ajoute Jefferies.
"Cependant, nous pensons que le rythme d'accélération des bénéfices ne sera probablement pas aussi soutenu que pour nombre de ses pairs du secteur de la défense, étant donné que la moitié de ses activités sont civiles et qu'elle manque d'opportunités de levier opérationnel dans le secteur de la défense, étant déjà la meilleure de sa catégorie à 13% (de marge opérationnelle dans sa division défense, NDLR) en tant qu'intégrateur de systèmes", prévient la banque.
Concernant les autres valeurs européennes, Jefferies est à l'achat sur Renk, Rheinmetall, Leonardo, Babcock, à "conserver" sur BAE Systems, et à "sous-performance" sur Hensoldt.
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