(BFM Bourse) - L'avionneur et concepteur du Rafale a vu ses résultats fortement augmenter en 2024 grâce à une hausse des livraisons de l'avion de chasse Rafale. Le titre bénéficie par ailleurs des annonces sur les dépenses militaires en Allemagne.

Après Thales, dont Dassault Aviation détient environ 26,6% du capital, au tour du fabricant du Rafale de publier ses résultats annuels.

La société avait déjà annoncé ses prises de commandes et ses livraisons en volumes, avec 31 jets d'affaires Falcon expédiés aux clients et 21 avions Rafale. Ces chiffres avaient été inférieurs aux prévisions de l'avionneur mais en ligne avec les anticipations des analystes.

Les comptes communiqués par l'entreprise ce mercredi 5 mars sont eux nettement supérieurs aux attentes. Sur l'ensemble de 2024, Dassault Aviation a annoncé avoir dégagé des prises de commandes de 10,9 milliards d'euros, en hausse de 31,6%.

Le chiffre d'affaires ajusté s'est inscrit à 6,23 milliards d'euros, en progression de 30%, dépassant les attentes d'Oddo BHF logées à 6 milliards d'euros.

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Montée en cadence

Dassault a notamment bénéficié de la hausse de la production des Rafale, malgré la persistance des tensions sur sa chaîne logistique. La société a livré 21 Rafale, donc, contre 13 en 2023, et a légèrement dépassé son objectif de 20 unités. La montée en cadence "s'est faite dans la difficulté mais on tient nos engagements", a déclaré Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, lors d'une conférence de presse.

Le dirigeant a indiqué que la société était passée à une cadence de 3 avions Rafale par mois sur la partie "amont" de la chaîne de fabrication, c'est-à-dire sur les pièces primaires du côté des fournisseurs.

À Mérignac, qui se situe en fin de cycle de production, cette montée se fait avec un décalage, et se situe plutôt autour de 2 avions par mois.

Le groupe "anticipe" une cadence de 4 avions par mois et envisage "s'il le faut" une cadence de 5 avions par mois sous réserve d'avoir les commandes nécessaires, a par ailleurs indiqué Éric Trappier.

Le résultat opérationnel ajusté de Dassault Aviation a grimpé de 49% à 519 millions d'euros, pour atteindre une marge de 8,3% contre 7,3% en 2023. La société a dépassé de 5,5% le consensus cité par Oddo BHF, qui s'inscrivait à 499 millions d'euros.

Le bénéfice net ajusté a atteint 1,056 milliard d'euros contre 886 millions d'euros en 2023. Outre l'amélioration des résultats de Dassault Aviation, cette ligne de compte a bénéficié d'une contribution plus forte de la part de Thales, à 507 millions d'euros contre 453 millions d'euros en 2023.

Le résultat net consolidé s'est lui inscrit à 924 millions d'euros contre 693 millions d'euros l'année précédente.

Des perspectives "rassurantes"

Pour 2025, Dassault Aviation a annoncé tabler sur une amélioration de son chiffre d'affaires, attendu autour de 6,5 milliards d'euros (soit une hausse de 4% environ). La société entend également livrer 40 Falcon et 25 Rafale, soit donc nettement plus qu'en 2024.

La société a toutefois mis une réserve sur ces perspectives, en indiquant qu'elle excluait les nouveaux droits de douane aux États-Unis et "les contre-mesures européennes éventuelles".

Oddo BHF juge que les perspectives sur les livraisons constituent "une jolie surprise" au vu des difficultés que le groupe a précédemment éprouvées sur la montée en cadence de sa production. "Cela montre que la santé de la chaîne logistique s'est clairement améliorée ces récentes semaines", souligne le bureau d'études.

À la Bourse de Paris, l'action Dassault Aviation prend 4,8% vers 11h35 après la publication de ces résultats supérieurs aux attentes.

Mais le titre peut aussi être porté par les annonces en Allemagne. Les partis en charge de négocier la formation du futur gouvernement ont annoncé des dépenses de plusieurs centaines de milliards d'euros pour renforcer la défense du pays ainsi que ses infrastructures. Les dirigeants politique vont en ce sens réformer le mécanisme dit du "frein à l'endettement" allemand, qui limite à 0,35% le déficit budgétaire fédéral.

En dehors de Dassault Aviation, Thales prend 5,8% tandis qu'à Francfort Rheinmetall avance de 4,1% et qu'à Londres BAE Systems gagne 2,2%.

"Je suis ravi de voir que l'Allemagne va peut-être changer de cap" mais "j'attends, 'j'observe", a déclaré Éric Trappier aux journalistes. Le dirigeant a rappelé qu'il y "a quelques années", l'Allemagne avait débloqué une enveloppe de 100 milliards d'euros de dépenses militaires.

Cet argent avait été utilisé, notamment, pour acheter des F35 de Lockheed Martin "pour porter l'arme nucléaire américaine", a-t-il ajouté. "Cet argent qui été dépensé pour acheter des F35 et porter l'arme nucléaire américaine, aujourd'hui qu'elle est son efficacité?", s'est-il interrogé. "S'il y a des opportunités on saura les prendre", a-t-il néanmoins conclu.