(BFM Bourse) - De mémoire de boursier, si l'on excepte 1929, jamais la crise de confiance sur le système bancaire n'a été aussi forte. Elle a entraîné l'ensemble du marché parisien dans des profondeurs inconnues depuis octobre 2004. Ce lundi « noir » s'est en effet soldé par un plongeon historique du Cac 40 de 9.04% à 3711.98 points.
Les valeurs financières ont été littéralement massacrées. Dexia a chuté de 20.3% à 6.80 euros, suivie par Société Générale (-11.8% à 60.5 euros), Crédit Agricole (-10% à 13.84 euros), BNP Paribas "limitant" la casse avec un repli de 5.4% à 67.5 euros. Hors Cac 40, Natixis a dévissé de 16% à 2.25 euros.
Le sauvetage en urgence opéré la semaine dernière sur la banque franco-belge Dexia a donné une idée de la rapidité avec laquelle un établissement réputé solide peut succomber du jour au lendemain. Mais la situation se détériore visiblement si vite que les plans de sauvetage peuvent rapidement devenir caduques. Insuffisant, celui de 35 milliards destiné à la banque allemande Hypo Real Estate (HRE) s'est vu rajouter 15 milliards d'euros supplémentaire ce dimanche grâce au soutien de l'Etat allemand. De la même façon, le belgo-néerlandais Fortis a été finalement démantelé ce lundi suite à l'échec d'un premier plan de sauvetage des Etats du Benelux qui prévoyait pourtant d'injecter 11.2 milliards d'euros dans le bancassureur. Gagnant de l'opération, BNP Paribas, heureux de l'aubaine, qui a racheté l'intégralité des activités de Fortis en Belgique et au Luxembourg pour moins de 15 milliards d'euros. Perdant indirect, Dexia, pour lequel les comparaisons avec le prix payé par BNP Paribas pour Fortis de 0.7 fois la book value (valeur du bilan) n'incitent pas à l'optimisme. Dexia, qui a parallèlement souffert lundi de l'aggravation des difficultés de l'allemand Hypo Real Estate : sa filiale Depfa, à l'origine de ses problèmes, fait le même métier de financement des collectivités publiques que Dexia.
« L'histoire bancaire s'accélère en Europe et il nous semble que nous sommes maintenant à un paroxysme de la crise », écrivent les analystes de CM-CIC Securities, qui gardent cependant confiance dans les perspectives de certains établissements. D'après eux, BNP Paribas et Natixis « paraissent les banques qui devraient en France profiter le plus des mesures prises récemment : la première en faisant des acquisitions ciblées et à bas prix qui lui permettront d'améliorer à terme sa rentabilité par le jeu des économies d'échelle ; la seconde car c'est elle qui détient en France le plus grand montant d'actifs à risque (CDO, CMBS, RMBS) : la possibilité d'en transférer tout ou partie dans son banking book écarte définitivement à court terme selon nous la nécessité de nouveaux fonds propres ou avances de ses actionnaires ».
Oddo Securities semble partager le point de vue de CM-CIC Securities en ce qui concerne le bien fondé du rachat de Fortis par BNP Paribas. « Une bonne opération », estime le boker, soulignant que le groupe va du même coup réduire sa dépendance à la Banque de Financement et d'Investissement ». Oddo évoque également une autre conséquence de cette opération : « la possibilité d'un mariage BNP Paribas/Société Générale a du plomb dans l'aile, du moins dans l'immédiat ».
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