Par Noëlle Mennella

PARIS (Reuters) - Après son recul de 3,04% de mardi, l'action Carrefour profite jeudi de l'ambitieux plan de réduction des coûts présenté hier par le groupe en même temps que des résultats 2009 inférieurs au consensus des analystes.

Ceux-ci retiennent que les mauvaises nouvelles ont aujourd'hui été délivrées au marché, permettant au titre de profiter des promesses d'un plan de réduction des coûts plus vaste qu'ils ne l'avaient prévu.

Vers 11h25, le titre du n°2 mondial de la distribution progressait de 5,18% à 32 euros quand le CAC 40 montait de 1,67% et l'indice sectoriel européen de 1,85%.

Le numéro deux mondial de la distribution a indiqué que son plan, étalé sur trois ans, devrait lui permettre d'économiser 4,5 milliards d'euros, 3,1 milliards d'euros provenant d'une "profonde refonte" de son modèle de fonctionnement et 1,4 milliard d'une réduction de stocks de l'ordre de sept jours.

Parallèlement, il a dit s'attendre à une baisse de 15% de son résultat opérationnel avant éléments non courants entre 2,7 et 2,8 milliards d'euros en 2009.

Chez Natixis, Claudie Casimir constate que le titre profite de l'annonce du plan de réduction de coûts "qui va très au-delà des attentes du marché" mais elle souligne aussi que les prévisions de résultats 2009 annoncés par le distributeur "sont significativement inférieurs au consensus" qui était d'un peu plus de trois milliards d'euros.

Néanmoins, retenant que le marché a connaissance aujourd'hui de toutes les mauvaises nouvelles, Claudie Casimir passe à "renforcer" sur la valeur avec un objectif de cours revu de 26,7 euros à 38 euros.

MISER SUR L'AVENIR

Christian Devisme (CM-CIC) s'interroge sur la faisabilité du "vaste chantier de transformation" de Carrefour et estime "ni plus ni moins" que le délai de trois ans que se donne le groupe et les moyens alloués "lui donnent un certain crédit".

Pour lui, la baisse des résultats découle des investissements prix réalisés par le groupe et des problèmes structurels de ses hypermarchés. Dans ce contexte, Christian Devisme, se dit "confiant dans le potentiel de recovery du groupe" et maintient son opinion à l'achat tout en révisant en baisse son objectif de cours de 46 à 42 euros.

"Entre la déception sur le court terme et les perspectives, étayées, de forte amélioration de l'opérationnel au-delà de 2009 nous avons pris le parti de miser sur l'avenir", commente de son côté Jean-Marie Lhomé (Aurel) en conservant son opinion à "acheter" et son objectif de cours.

Dans une note intitulée "promesse à long terme, souffrance à court terme", JP Morgan pense que Lars Olofsson, le directeur général de Carrefour et son équipe "finiront par réussir", mais il pense que le plein bénéfice du plan élaboré par le groupe pourrait n'être perceptible qu'au-delà de 2012.

Moins optimiste, Nicolas Champ (Oddo Securities) considère qu'il "est beaucoup trop tôt pour jouer la reprise" car, dit-il, il est difficile à ce stade de mesurer l'impact final de la réduction de coûts sur les comptes du groupe dans la mesure où celui-ci n'a pas chiffré les investissements tarifaires qui devraient être réalisés parallèlement.

En outre, poursuit l'analyste, la visibilité reste limitée sur le redressement des performances commerciales des hypermarchés en France et des activités du groupe en Belgique. Nicolas Champ maintient donc son opinion à "alléger" sur la valeur avec un objectif de cours de 25 euros.

Edité par Gilles Guillaume

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