(BFM Bourse) - Le concepteur du cœur artificiel Aeson a annoncé une nette accélération de ses implantations sur les six premiers mois de l'année. Ce qui autorise le groupe à confirmer sa cible de chiffre d'affaires pour 2024.

2023 a été semé d'embûches pour Carmat qui a placé 2024 comme un exercice de reconquête. La société avait annoncé des perspectives ambitieuses, avec une forte accélération des implantations cette année.

Le concepteur du cœur artificiel Aeson a fait un point d'étape ce mardi sur son activité des six premiers mois de l'année 2024. Et les annonces des réalisations du groupe français vont dans le bon sens. Entre janvier et juin 2024, la société fondée en 2008 a indiqué avoir implanté 20 de ses coeurs artificiels, ce qui marque clairement une nette accélération par rapport aux 3 unités implantées au premier semestre de 2023.

Dans le détail, Carmat indique avoir suivi un rythme d'implantation de 4 coeurs Aeson par mois au deuxième trimestre de cette année, un rythme qui marque un doublement par rapport aux 2 cœurs par mois du premier trimestre.

Ces 20 implantations sur l'ensemble du semestre correspondent à un chiffre d'affaires de 3,2 millions d'euros. Carmat souligne que les revenus générés sur la période sont d’ores et déjà supérieurs au chiffre d’affaires de 2,8 millions d'euros réalisé sur l'ensemble de l'année 2023.

Carmat souligne qu'il a vendu pour la première fois ses cœurs en Pologne. Au total, 9 hôpitaux ont effectué leur première implantation d’Aeson en 2024, dont 4 en Allemagne, 3 en France et 2 en Pologne. "Cette dynamique très positive témoigne d’une diffusion encourageante de la thérapie en Europe", se félicite Carmat dans son communiqué.

Parmi les 20 cœurs implantés sur les six premiers mois de l'année, 14 l'ont été dans le cadre de l'étude clinique "EFICAS", qui porte sur 52 patients éligibles à la transplantation cardiaque.

Ceci porte à 25 le nombre total d’implantations d’Aeson réalisées à date dans le cadre de cette étude, ce qui permet selon Carmat, "d’anticiper le franchissement imminent du cap de la moitié des recrutements visés, soit les 52 patients".

Pour rappel, cette étude vise à démontrer l’efficacité et la sécurité du cœur artificiel total Carmat chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque biventriculaire irréversible comme pont à la transplantation, et sa supériorité par rapport aux traitements existants pour la même population de patients cible en termes de coût et d’efficacité. Un des objectifs de l'étude EFICAS est la collecte des données médico-économiques et l'obtention du remboursement du dispositif, notamment en France.

La société entend également utiliser les résultats de cette étude pour soutenir sa demande d’obtention de la "PMA" (autorisation de commercialisation) aux Etats-Unis. Autrement dit, cette étude s'avère critique, tant pour obtenir le remboursement d'Aeson en France que l'autorisation de commercialisation aux Etats-Unis, que la société compte recevoir en 2027.

"Nous sommes satisfaits des progrès réalisés dans l'étude EFICAS et pensons que le taux d'implantation commerciale soutenu est rassurant - bien que des progrès restent à faire à ce niveau", relève pour sa part Degroof Petercam.

Petit à petit, Carmat reconquiert donc le cœur des investisseurs. Début mai, il avait déjà livré ddes résultats cliniques intermédiaires prometteurs pour son coeur artificiel.

A la Bourse de Paris, l'action du concepteur du cœur artificiel Aeson progresse en conséquence, s'adjugeant encore 7,5% après une pointe à 14,6% peu après 10h00.

Un objectif de 14 millions de chiffre d'affaires en 2024

La société a profité de ce point d'étape intermédiaire pour confirmer son objectif de chiffre d'affaires de 14 millions d'euros pour 2024. Elle anticipe sur le second semestre de 2024, une poursuite du rythme de croissance trimestriel des ventes enregistré sur la première partie de l’année.

Pour Oddo BHF, l’atteinte de cet objectif annuel lui paraît à ce stade, "ambitieux", tout en intégrant une accélération de la dynamique d’implantations au second trimestre. Le bureau d'études s'attend pour sa part à ce que Carmat annonce un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros à l'issue de l'exercice en cours.

"Le prix moyen ressort aujourd’hui à 160.000 euros par implantation et devrait s’améliorer au second semestre. En prenant l’hypothèse au quatrième trimestre d’un prix moyen de 190.000 euros, la guidance (les objectifs, NDLR) de la société supposerait 37 implantations soit un peu plus de 3 fois plus qu’au quatrième trimestre 2023, ce qui reste tout de même ambitieux", pointe Oddo BHF. "L’évolution de la dynamique des implantations commerciales sera donc une variable à suivre sur les prochains mois", affirme le bureau d'études.

Si sur le volet commercial, Carmat parvient à donner des gages de satisfaction au marché, du côté de son horizon financier, la situation reste toujours aussi préoccupante. "Au-delà du chiffre d’affaires, la trésorerie du groupe demeure la priorité à court terme", signale Oddo BHF.

Un horizon financier à surveiller

Carmat a actuellement besoin d'argent frais pour assurer ses opérations, son horizon financier n'allant pas au-delà de la fin du mois de septembre. Il a pourtant été étendu ce lundi, la société ayant annoncé la mis en place d’une ligne de financement en fonds propres avec Vester Finance. Elle portant sur un nombre d’actions allant jusqu’à 3,5 millions sur une durée de 24 mois ainsi que l’encaissement immédiat d’un montant de 2,2 millions d'euros.

Le groupe n'ayant que trois mois de visibilité financière, dit continuer par ailleurs à travailler très activement à la sécurisation des ressources financières lui permettant de poursuivre son développement au-delà de cette échéance.

"La thématique du financement ainsi que le momentum (rythme) commercial seront les deux principaux sujets à suivre sur le second semestre", avance Oddo BHF qui maintient sa recommandation à neutre sur le titre.